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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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pas, ce ne peut être qu’une espionne. Je
vais dire au corps de garde qu’on les jette en prison, elle et ses
compagnons....
    Avant
que Campobasso ait trouvé le temps de répondre, Galeotto avait empoigné le page
par le col de son tabard armorié et le soulevait de terre :
    – Hé !
là, moucheron ! Pas si vite ! Depuis quand est-ce que tu donnes des
ordres ici ? Pour que cette femme te déplaise tant, elle doit être
intéressante...
    – Repose-le !
fit Campobasso. Et toi, Virginio, va chercher ces gens et amène-les-moi. Ou
plutôt amène la femme et laisse les hommes au corps de garde. A propos, où est
Salvestro ?
    D’une
voix soudain enrouée, le page qui se massait la gorge en jetant à Galeotto des
regards furieux répondit :
    – Votre
écuyer est chez le bourgmestre. Celui-ci a tué un cochon et il a oublié d’en
envoyer la moitié au château.
    – Dans
ces cas-là il faut prendre le cochon tout entier. Je ferai des reproches à
Salvestro. Va à présent !
    – Tu
lui laisses prendre un peu trop de place, dit Galeotto quand le garçon eut
disparu. Il y a tout de même des femmes ici, sans compter les ribaudes de la
troupe...
    – Aucune
de ces femelles n’est aussi belle que lui, fit le comte avec un sourire ambigu.
Il a le corps d’un jeune dieu grec... et il aime l’amour.
    – Un
jour viendra où tu ne pourras plus t’en faire obéir. Tu devrais l’envoyer
rejoindre ton fils à Pierrefort car si un jour le duc venait à s’apercevoir...
    – Ai-je
encore assez d’importance à ses yeux pour qu’il s’occupe de ce qui se passe
dans mon lit ? fit Campobasso avec amertume. Je me demande parfois si
lui-même n’en fait pas autant ? Jamais aucune femme ne franchit le seuil
de sa chambre ou de sa tente...
    – Il
n’en a pas besoin. Le père a eu tellement de maîtresses qu’il en a dégoûté le
fils. Et puis, on dit qu’il ne peut oublier sa première épouse, Isabelle de
Bourbon. Même la seconde qui est cependant désirable n’a pu obtenir de lui qu’un
intérêt poli. Il est vrai que l’on dit aussi qu’elle n’était pas vierge quand
il l’a épousée... Par tous les saints du ciel !
    Les
yeux de Galeotto venaient de s’arrondir en même temps que la porte s’ouvrait
pour livrer passage à Fiora. Elle se tenait debout au seuil, enveloppée de sa
grande mante noire où brillaient les gouttelettes de pluie, le capuchon rejeté
en arrière libérant sa tête fine que ses nattes brillantes où s’attachait un
voile vert couronnaient superbement. Hautaine, elle posait ses grands yeux gris
sur ces deux hommes qui la contemplaient, muets d’admiration.
    – Voilà
votre cousine, Monseigneur, lança Virginio. Sa voix mauvaise rompit le charme.
    – Qu’elle
soit la bienvenue ! murmura Campobasso comme du fond d’un rêve. Va-t’en,
Virginio ! ... Toi aussi, Galeotto !
    – Que
je... commença l’autre, sidéré.
    – Je
veux être seul un moment... avec ma belle cousine, coupa le comte qui ne
quittait pas Fiora des yeux. Sois sans crainte, tu pourras la revoir au
souper... mais ce premier instant m’appartient.
    Il
demeura debout en face de la jeune femme jusqu’à ce que les deux autres eussent
quitté la pièce dans un silence que troublait à peine le bruit du feu dans la
cheminée. Fiora n’avait pas encore prononcé une seule parole et lui ne disait
plus rien. Simplement il la regardait... comme si le temps venait de s’arrêter,
comme si toute sa vie était suspendue à ce regard. Et ce fut Fiora qui rompit
le silence.
    – Ne
m’offrirez-vous pas, dit-elle doucement, de m’asseoir auprès du feu ? Je
suis trempée...
    – Et
moi je suis impardonnable...
    Il s’empressait
à présent, conduisait sa visiteuse près de la cheminée, tisonnait les bûches
qui s’écoulèrent en une multitude de braises étincelantes, ajoutait du bois
avec des mains qui tremblaient un peu, avançait l’un des sièges recouverts de
daim, enfin aidait Fiora à se débarrasser de sa mante mouillée. Ne sachant qu’en
faire, il la mit sur son bras et frappa dans ses mains. Virginio, qui ne devait
pas être loin, apparut instantanément :
    – Encore
toi ? Est-ce qu’il n’y a plus de valets dans ce château ? ... Porte
ce vêtement dans ma chambre où tu le mettras à sécher devant le feu. Et puis va
aux cuisines : fais-nous porter du vin et veille à ce que l’on serve promptement
le souper !
    Le
page arracha le manteau plus qu’il ne le prit

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