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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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et partit en courant, des larmes
de rage au fond des yeux. Campobasso revint vers Fiora et s’assit devant elle
sur la marche de l’âtre.
    – Ainsi
nous sommes cousins ? C’est à n’y pas croire ! fit-il avec un sourire
plus émerveillé que sceptique. Etes-vous napolitaine ?
    – Non,
florentine. Je me nomme Fiora Beltrami. Mon père était l’un des puissants
citoyens de Florence...
    – Était ?
    – Je
l’ai perdu voici quelques mois. Quant à notre cousinage il est, je crois, assez
lointain et remonterait à une aïeule venue de Naples. Les Florentins prenant
rarement femme hors de Toscane, le fait était assez exceptionnel pour qu’on en
ait gardé le souvenir.
    – Remercions
donc cette aïeule ! Personnellement je sais peu de chose sur les femmes de
ma famille, hormis que certaines furent assez turbulentes. Mais que faites-vous
si loin de votre ville ? Ce n’est tout de même pas pour me rejoindre que
vous avez fait ce long voyage ?
    – Non.
Je vous l’ai dit : mon père est mort... et les Médicis m’ont chassée pour
s’emparer de sa fortune. J’ai cherché refuge en France où il avait... de
grandes amitiés...
    – Si
grandes que cela ?
    – Je
crois qu’il ne saurait en exister de plus hautes. C’est dans cet entour que j’ai
entendu prononcer votre nom pour la première fois et la fantaisie m’est venue,
à moi qui n’ai plus de famille, de vous voir de plus près... L’été me semblait
une bonne saison pour voyager. Hélas, le ciel n’était pas du tout de cet avis !
    Elle
se leva pour s’approcher du feu et les yeux de l’homme qui la regardait se
mirent à briller d’un éclat sombre. La robe de fin drap, souple comme un gant,
qui la revêtait épousait les formes d’une gorge exquise, ronde et ferme, la
finesse d’une taille dont on avait envie de prendre la mesure. C’était plus une
fantaisie de couturière parisienne qu’une robe vraiment à la mode mais Agnelle
avait pressé Fiora d’acheter cette robe qui semblait peinte sur son corps, du
moins jusqu’aux hanches, avant de s’évaser pour finir en une courte traîne que
l’on pouvait attacher au poignet.
    – Néanmoins,
vous êtes arrivée jusqu’ici. Puis-je demander si vous regrettez ce pénible
voyage ?
    Elle
le regarda entre ses cils rapprochés et se mit à rire, un rire aussi doux que
le roucoulement d’une colombe :
    – Vous
voulez savoir si je suis déçue ? Eh bien non... Vous êtes... très beau,
messire mon cousin, mais je pense que vous ne l’ignorez pas et que plus d’une
belle dame vous en a persuadé. Telle est du moins votre réputation.
    – J’ignorais
que cette réputation fût allée jusqu’en France ?
    – Il
faut bien qu’il en soit ainsi puisque je suis là. J’ai voulu vérifier... Mais n’en
soyez pas surpris : à Florence les femmes sont accoutumées à dire
librement ce qu’elles pensent, et ce qu’elles désirent. Il se trouve que je
suis libre de faire ce qu’il me plaît...
    Se
moquait-elle de lui ? Campobasso l’envisagea un instant mais il était déjà
au-delà de tout raisonnement clair et ne savait plus qu’une chose : cette
fille qui lui tombait du ciel ou qui lui venait de l’enfer, il fallait qu’elle
soit à lui. Jamais il n’avait vu de femme aussi belle, aussi séduisante. Elle
lui faisait bouillir le sang et il n’aimait pas attendre... Se levant d’un
brusque coup de reins, il posa ses mains sur les hanches de Fiora pour la
rapprocher de lui :
    – Sais-tu,
fit-il en italien, qu’il peut être dangereux de me plaire... un peu trop ?
    – Pourquoi
dangereux ? Je n’ai peur de rien, répondit-elle dans la même langue. Moins
encore depuis que je t’ai vu. A cet instant j’ai espéré que tu me trouverais
belle...
    – Belle ?
...
    Il
voulut se pencher sur sa bouche, grisé par l’étrange odeur de fleur, d’herbe et
de laine mouillée qui émanait de ce corps souple qu’il sentait vivre entre ses
doigts, mais déjà elle lui échappait en tournoyant sur elle-même comme pour une
figure de danse.
    – Ne
me regardez pas comme si vous étiez un loup affamé et moi une pauvre agnelle,
cousin ! fit-elle en souriant. Songez que je viens de faire un long voyage
et que c’est plutôt à moi d’être affamée ! Nourrissez-moi, cousin ! Nous
aurons tout le temps de... causer après, non ?
    Avec l’impression
de s’échapper d’un rêve, Campobasso se secoua comme s’il sortait de l’eau et se
tourna vers

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