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Fiorinda la belle

Titel: Fiorinda la belle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco , Aline Demars
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s’arrêter devant une maison située en face de l’église Saint-Eustache, à l’angle de la rue Montmartre et de la rue Comte-d’Artois, qui était le prolongement de la rue Montorgueil. Il frappa. La porte s’ouvrit. Il s’inclina.
    « Ma mission est terminée », dit-il.
    Et il s’éloigna tranquillement.
    C’était une femme qui maintenait la porte grande ouverte devant Fiorinda : une servante jeune, jolie, fort avenante, souriant d’un air engageant.
    À en juger par le vestibule, la demeure devait être somptueuse. Rien, là, qui fût de nature à éveiller le soupçon. Aussi Fiorinda n’en conçut aucun. Avant d’entrer, elle se retourna vers ses gardes du corps et leur recommanda :
    « Attendez-moi là… Je ne sais pas si j’en ai pour longtemps, mais ne bougez pas de là. »
    Elle pénétra dans le vestibule.
    La servante ferma soigneusement la porte d’entrée, et, souriant de son sourire engageant, elle se dirigea vers une autre porte qu’elle ouvrit en disant :
    « Monseigneur le vidame vous attend. »
    Aussitôt, derrière elle, la jolie servante repoussa la porte à toute volée, donna un tour de clef, poussa le verrou. Et elle accomplit ces gestes avec une vivacité qui tenait du prodige.
    Un quart d’heure environ après l’entrée de Fiorinda dans la maison, une fenêtre s’entrouvrit, au premier étage, et une jeune femme parut à cette fenêtre. De loin on pouvait croire que c’était Fiorinda elle-même : à peu près la même taille, le même âge. Mais ce qui, surtout, rendait la confusion possible, c’est que cette femme, qui n’était autre que la jolie petite servante, portait exactement le même chatoyant et pimpant costume, si connu de tous les Parisiens, et que Fiorinda était seule à porter.
    Évitant de montrer son visage, déguisant sa voix, elle cria aux quatre braves qui attendaient plantés au milieu de la rue :
    « Retournez à la maison. Vous reviendrez me chercher ici demain matin, à dix heures. »
    Les quatre anciens truands n’étaient pas doués d’une intelligence très vive et ils n’avaient pas le sens de l’observation. Ils ne virent que le costume unique dans Paris. Quant à supposer qu’une autre avait pu endosser un costume identique, cette idée ne les effleura même pas. Ils étaient dressés à l’obéissance passive. Ils firent demi-tour avec ensemble et reprirent le chemin de leur maison.
    La petite servante les suivit des yeux. Elle les vit tourner à gauche et s’engager dans la rue du Séjour {3} . Elle ferma tranquillement la fenêtre.
    Rospignac se tenait derrière elle, dans l’intérieur de la pièce. Il lui donna quelques instructions brèves, en suite de quoi elle descendit au rez-de-chaussée avec le baron.
    La maison avait une autre entrée sur la rue Comte-d’Artois. Rospignac y conduisit la petite servante et lui ouvrit la porte. Elle sortit et se tint immobile sur le seuil de cette porte, évitant adroitement de trop montrer son visage. Rospignac resta dans le couloir. Par le judas de la porte qu’il avait ouverte il la surveillait et se tenait prêt à intervenir si besoin était.
    La jolie servante qui jouait le rôle de Fiorinda demeura deux ou trois minutes devant cette porte. Quelques passants la prirent pour celle dont elle portait le costume et la saluèrent tous sous le nom de Fiorinda. Elle leur répondit gracieusement, étouffant sa voix, dissimulant ses traits.
    Au bout de ce temps, une litière déboucha de la rue de la Truanderie et vint s’arrêter devant elle. Elle monta délibérément dans cette litière, très simple, sans armoiries. Le véhicule s’ébranla aussitôt, remonta la rue Comte-d’Artois, prit à gauche la rue Tiquetonne, ce qui l’amena dans la rue Montmartre, et sortit de la ville par la porte de ce nom.
    Rospignac était revenu dans le vestibule, s’était assis, attendant nous ne savons quoi.
    Vers onze heures du soir, une autre litière vint s’arrêter devant la maison. Fiorinda, roulée dans une ample mante, fut portée dans cette litière qui partit aussitôt, entourée d’une nombreuse escorte à la tête de laquelle marchaient Rospignac et Guillaume Pentecôte.
    Ce fut comme un voyage qui dura plus de deux heures. Seulement, et Fiorinda ne put pas s’en apercevoir, la troupe après être sortie de la ville par la porte Buci – dont le pont-levis s’abattit pour elle sur la présentation d’un ordre en règle – fit un long tour dans les faubourgs pour

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