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Fiorinda la belle

Titel: Fiorinda la belle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco , Aline Demars
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ne s’en occupa pas davantage et continua de suivre la mère Culot qui longeait l’égout, lequel, comme on sait, coulait à découvert le long du faubourg Montmartre, sur lequel ne se voyaient alors que quelques masures espacées.
    Non, ils ne suivaient pas, les malheureux. Béants d’admiration, ils attendaient celles qui venaient à eux en riant aux éclats, d’un rire qui, s’ils avaient eu leur raison à eux, leur eût paru un peu bien moqueur, celles qu’ils venaient d’appeler les quatre Maon.
    Qu’est-ce que les quatre Maon ? Voici :
    C’étaient quatre beaux brins de fille. Jolies : elles l’étaient vraiment, à faire damner un saint. À plus forte raison nos quatre compagnons qui n’avaient pas la prétention d’être des saints. Jeunes : entre dix-sept et vingt ans. Point farouches, il s’en faut, et pour cause : elles exerçaient l’honorable profession de filles galantes.
    Mais ce n’étaient point là de ces lamentables filles galantes comme on en voyait dans les immondes ruelles qui avoisinaient Saint-Merry (telles que les rues Brise-Miche et Taille-Pain) et Saint-Leufroy (telle que la rue Trop-va-qui-Dure).
    Pourquoi Maon ?
    Ceci était un mot de Trinquemaille, le bel esprit de la bande : ces belles filles se nommaient – ou prétendaient se nommer – Marion, Madelon, Marton, Margoton. Quatre noms qui n’ont rien de suave ni de distingué. Trinquemaille avait remarqué que ces quatre noms commençaient par la syllabe ma et se terminaient par la syllabe on , tous les quatre. Il s’était écrié : « Les quatre Maon ! »
    Les autres avaient trouvé le mot fort spirituel, l’avaient adopté d’enthousiasme et ne les appelaient plus autrement.
    C’étaient des filles huppées, élégantes, bien attifées, qui pouvaient se permettre le luxe de choisir leurs galants de rencontre.
    Nos quatre compagnons avaient rencontré ces quatre belles, il y avait de cela une dizaine de jours. Par habitude professionnelle, sans doute, elles leur avaient fait de l’œil, les avaient aguichés, allumés… Et ç’avait été le coup de foudre… un quadruple coup de foudre.
    Et depuis ce jour, tirant la langue, riboulant des yeux, prenant des poses avantageuses, exhibant des costumes d’une élégance tapageuse, ils passaient la plus grande partie de leur temps à courir après les quatre Maon.
    Et quand ils les avaient trouvées, le reste de leur temps se passait en parties fines, au cours desquelles ils s’efforçaient de les attendrir par des déclarations enflammées, appuyées par des présents d’un goût douteux, mais de valeur réelle. Car leur bourse était bien garnie, et quand elle était vide, Beaurevers la leur remplissait.
    Or, voici le plus beau de l’affaire : les quatre Maon dévoraient à belles dents les repas fins et délicats qu’on leur offrait, elles acceptaient sans scrupules : fleurs, rubans, dentelles et bijoux mais elles s’étaient avisées de tenir la dragée haute à ces quatre grands enfants et ne leur permettaient que la menue monnaie de l’amour, ce que par un euphémisme charmant on appelle « les bagatelles de la porte ».
    Ceci paraîtra bizarre, étant donné que nous avons eu l’indiscrétion de révéler tout d’abord la profession de ces belles. On commencera à comprendre quand nous aurons ajouté qu’une des quatre Maon n’était autre que cette jolie servante qui avait reçu Fiorinda, rue Montmartre, et qui, revêtue d’un costume pareil à celui de la jeune fille, avait stationné rue Comte-d’Artois… En sorte qu’on l’avait répété de bonne foi à Beaurevers et à Ferrière… En sorte que…
    De cette résistance imprévue, savamment dosée, expliquée par un motif flatteur pour eux, il était résulté que les quatre drôlesses avaient littéralement affolé les quatre naïfs et trop inflammables amis. Et elles les menaient par le bout du nez, il fallait voir.
    Donc les quatre Maon ayant rencontré, par hasard, nos quatre compagnons à la porte Montmartre, s’approchèrent d’eux en riant aux éclats et, en minaudant, s’informèrent :
    « Où allez-vous ainsi, beaux galants ? »
    Et tout aussitôt, riant de plus belle, elles firent la réponse elles-mêmes :
    « Je gage que vous aviez deviné que nous viendrions nous promener par ici !…
    – L’amour les a guidés !
    – Vous nous cherchiez !
    – L’amour vous favorise. Nous voici. »
    Les quatre pauvres diables louchèrent du côté de la

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