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Fiorinda la belle

Titel: Fiorinda la belle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco , Aline Demars
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constatation les laissa indifférents. À présent qu’ils étaient dégrisés, leur trahison leur apparaissait dans toute son énormité. Ils partirent, pliant l’échine, défaillant de honte et de terreur à la pensée de l’accueil qu’allait leur faire M. le chevalier.
    Et ils demeurèrent assommés en apprenant que Beaurevers avait disparu, qu’il lui était peut-être arrivé malheur par leur faute.
    Or, puisque nous savons, nous, ce qui était advenu à Beaurevers, nous ne tarderons pas davantage à le faire connaître au lecteur qui, nous l’espérons du moins, s’intéresse à notre héros.
    Après s’être retourné pour voir si ses compagnons le suivaient, Beaurevers avait poursuivi son chemin à la suite de la mère Culot, sans plus s’occuper d’eux. Le faubourg Montmartre s’étendait en ligne droite devant lui, à peu près jusqu’à la hauteur de l’actuelle rue Geoffroy-Marie. Sur sa gauche, il avait un embranchement de l’égout qui, nous l’avons dit, coulait à découvert. Sur cet embranchement, comme sur le grand égout dans lequel il allait se déverser plus loin, il y avait, de distance en distance, des planches jetées qui permettaient de le franchir et donnaient accès sur les terres qui s’étendaient de ce côté. À sa droite, enfin, il avait les quelques masures que nous vous avons signalées. Elles ne s’étendaient guère au-delà de l’actuelle rue Bergère.
    Il avait dépassé la dernière masure. Il se trouvait donc en pleine campagne. La vieille allait de son allure sinueuse. Jamais elle ne se retournait. Il lui avait laissé prendre une avance des plus raisonnables. Mais il ne la perdait pas de vue.
    Environ à la hauteur de la rue Geoffroy-Marie, il y avait une de ces planches dont nous venons de parler. La vieille passa sur cette planche et s’engagea sur le terrain détrempé, marécageux. Elle venait ainsi de tourner brusquement à gauche. Par suite de ce changement de direction, elle tournait le dos à la chaussée qu’elle venait de quitter et elle avait à sa droite non plus l’embranchement de l’égout, mais le grand égout lui-même. Elle ne marchait pas au bord : il coulait à une cinquantaine de pas d’elle.
    Sur le terrain sur lequel elle s’était engagée, on voyait un vaste carré de maçonnerie clôturant plusieurs bâtiments. C’était ce qu’on appelait la Grange-Batelière. La vieille se dirigeait droit vers ce mur, qu’elle longea. Cela l’avait beaucoup rapprochée de l’égout.
    Beaurevers franchit la planche derrière elle.
    « Ho ! se dit-il, est-ce qu’elle me conduit à la Grange-Batelière ?… Ou est-ce qu’une embuscade m’attend au tournant de ce mur ?… Mortdiable, c’est ce que je vais voir. »
    La vieille longeait le mur du côté qui faisait face à l’égout, à la campagne. Lui, se lança au pas de course du côté opposé, celui qui faisait face à la ville. En quelques bonds il y arriva. Le sol détrempé avait amorti le bruit de ses pas.
    Il fut surpris de voir qu’aucune embuscade n’était dressée là. Le lieu était parfaitement désert. La grange inhabitée. Il se dit :
    « La porte s’ouvrira quand je passerai devant et on me tombera dessus. »
    Pour la première fois depuis sa sortie de la ville, il se souvint de ses compagnons. Il se rassura.
    « Ils suivent par là, c’est certain. Ils accourront à mon coup de sifflet. Attendons. »
    La vieille parut enfin. Elle ne tourna pas à gauche, comme elle aurait dû faire si elle avait voulu entrer à la grange. Elle continua son chemin, laissant la grange derrière elle.
    Beaurevers n’avait plus qu’à s’exécuter, c’est-à-dire à passer devant la redoutable porte. Il y alla sans hésiter… Et il passa… La porte ne s’était pas ouverte, personne ne s’était montré.
    Il avait pris des précautions pour passer. C’était assez naturel. Pourtant, en voyant que rien ne s’était produit, il se les reprocha comme une pusillanimité indigne de lui. Et il bougonna, furieux contre lui-même :
    « Le diable m’emporte, je crois que j’ai peur… »
    Non, il n’avait pas peur… Au fond, il savait bien qu’il se calomniait. Seulement son instinct l’avertissait qu’un danger mystérieux planait sur lui.
    Il n’en est pas moins vrai que, pour la première fois, il s’inquiéta vaguement de ne pas voir ses fidèles compagnons. Et il grommela :
    « Que diable font-ils donc ?… » Il haussa les épaules et se

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