Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Fiorinda la belle

Titel: Fiorinda la belle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco , Aline Demars
Vom Netzwerk:
porte : Beaurevers s’éloignait de plus en plus. La tentation était puissante. Néanmoins le sentiment du devoir leur donna la force de résister. Ils avouèrent piteusement :
    « Non, nous ne vous cherchions pas…
    – Nous sommes en service…
    – De service ! s’esclaffèrent les belles. En quoi consiste-t-il votre service ?
    – Nous suivons notre maître.
    – Par saint Pancrace, dit la première en imitant Trinquemaille, pour une fois votre maître peut bien aller sans vous avoir pendus à ses chausses.
    – Vivadiou, nous vous tenons, nous vous gardons, dit celle à Strapafar.
    – Madona ladra, nous vous enlevons, dit celle à Corpodibale.
    – Sacrament, quand nous sommes là, vous n’avez pas d’autre maître que nous », dit celle à Bouracan.
    Et toutes les quatre en chœur :
    « C’est nous que vous devez suivre. »
    Elles les entourèrent. Chacune prit le bras de son galant, essaya de l’entraîner en lui faisant toutes sortes d’agaceries amoureuses.
    Ils étaient cruellement embarrassés, les pauvres bougres. Et malheureux !… Jugez donc, une si belle occasion ! Malgré tout, la discipline fut plus forte que la passion. Ils se dégagèrent doucement. Ils essayèrent d’expliquer que leur devoir était de suivre leur maître et ami… Mais ce ne serait pas long… Les quatre Maon pouvaient aller les attendre à La Devinière  ; ils ne tarderaient pas à les y rejoindre.
    Les belles avaient pincé les lèvres devant ces excuses embrouillées et cette requête presque timide. Leurs yeux s’étaient durcis, leur attitude s’était faite de glace. Elles leur lancèrent un éclat de rire au nez, leur tournèrent le dos en disant :
    – Ils nous préfèrent leur maître.
    – Et nous qui avions la sottise de les aimer.
    – Ils préfèrent l’amitié à l’amour, grand bien leur fasse. »
    Cependant, tout en ayant l’air de s’éloigner, elles louchaient pour voir s’ils ne les suivaient pas.
    Non, ils ne les suivaient pas. Ils étaient désespérés, furieux… mais ils ne bougeaient pas. Ils regardaient leur maître qui était loin maintenant, si loin qu’ils le distinguaient à peine. En poussant des soupirs capables de renverser les remparts, ils avancèrent vers la porte.
    Alors les quatre Maon eurent peur. Quoi, ils s’en allaient ! Elles n’avaient pas plus d’empire sur eux !… Elles allaient échouer dans une entreprise qu’elles avaient menée si adroitement jusqu’à ce jour !… Et qui devait leur rapporter une petite fortune à chacune !… Non, non, cent fois non.
    Elles revinrent sur eux, elles les saisirent par le bras, se pendirent à leur cou, les grisèrent de baisers fous. Et chacune murmura à l’oreille du sien :
    « Viens, mon beau gentilhomme, je t’aime !… Aujourd’hui je veux être tienne. »
    Ce fut le dernier coup.
    Ils se consultèrent du regard.
    « Après tout, dit l’un, nous ne sommes pas en expédition.
    – Nous ne nous battons plus depuis longtemps, dit le deuxième.
    – M. le chevalier a l’air de faire une promenade. Il ne peut rien lui arriver, dit le troisième.
    – Rien, il se promène, voilà tout », dit le quatrième.
    Les quatre Maon virent que cette fois ils capitulaient. Elles les lâchèrent et redevenant froides, elles tournèrent encore une fois les talons, en disant :
    « Aujourd’hui, ou jamais.
    – Aujourd’hui, anges et archanges ! – Aujourd’hui, milodious ! – Oggi, dio birbante ! Auchourt-hui, sacrament ! »
    Ce furent quatre rugissements qui jaillirent en même temps, qui n’en firent qu’un.
    Ils tournèrent le dos vers la porte – au devoir. Ils bondirent sur leurs belles qui triomphaient. Chacun prit la sienne par la taille, la tint étroitement enlacée, comme une proie longtemps convoitée, enfin conquis, et qu’il n’eût pas fait bon de lui disputer.
    Tout le jour et tard dans la soirée, ce fut la grande ripaille, l’énorme beuverie, l’or semé à pleines mains, avec la plus insouciante prodigalité.
    Enfin, l’heure si impatiemment attendue sonna. Chacun s’enferma avec sa belle…
    Seulement, par une incroyable malchance, aucun d’eux ne put jouir de sa bonne fortune : ils s’étaient si peu mesurés à table qu’ils s’endormirent tous les quatre comme des souches.
    Lorsqu’ils se réveillèrent le lendemain, assez tard dans la matinée, il était trop tard : les quatre Maon avaient levé le pied.

XXVI – LA PLANCHE
    Cette

Weitere Kostenlose Bücher