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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Notre-Dame et de là sur la place
Maubert.
    Les deux zingueurs et les deux charpentiers
s’élancèrent pour traverser à nouveau le pont d’Austerlitz et
gagner le quai Henri-IV. Finot, frémissant de joie, s’élança le
long du Jardin des Plantes, le cou tendu en avant.
    *
* * * *
    Jean Nib et Rose-de-Corail, les yeux fixés sur
la place Mazas, de l’autre côté du pont d’Austerlitz, furent
bientôt rassurés ; il ne voyaient rien. L’inquiétude de Jean
Nib s’apaisa.
    Il murmura :
    – Filons, la gosse. Une fois à la
Butte-aux-Cailles, nous serons sauvés…
    À ce moment, Rose-de-Corail le saisit
violemment par le bras.
    – Regarde ! fit-elle dans un
souffle.
    Trois hommes entraient sur le pont. Puis, plus
loin, trois autres. Entre ces deux groupes, un homme seul.
    Jean Nib fronça les sourcils. Une seconde il
vacilla sous l’afflux de sang qui lui montait à la tête. L’envie se
déchaîna en lui de marcher sur les sept hommes et de leur
crier :
    – Eh bien ! oui, me voilà ! Qui
veut m’empoigner ? Qui veut que je le surine ?…
    Un regard jeté sur Rose-de-Corail le fit
pâlir.
    – En route ! gronda-t-il.
    Tout cela avait eu la durée d’un éclair. Déjà
Jean Nib entraînait Rose-de-Corail le long de la grille du Jardin
des Plantes. Ils allongeaient le pas, sans courir. Ils tenaient
leurs couteaux ouverts. Ils avaient des visages terribles. Ils
étaient bien pareils à ces carnassiers qui, vers le matin,
regagnent leur antre, serrés l’un contre l’autre, le mâle grondant
et menaçant, la femelle silencieuse. Jean Nib disait :
    – Si c’est Finot, il va monter à la
barrière d’Italie. Il m’a deviné, c’est bon. Alors, nous, on passe
par la Tournelle, l’Hôtel-de-Ville, les Halles et on regagne
Montmartre… On va lui faire voir du chemin, va !
    Il se mit à rire.
    – Mon Jean… murmura Rose-de-Corail.
    – De quoi, la gosse ? T’as pas peur,
dis ?
    – Peur d’être séparée de toi. Ils sont
sur nous. Je les sens, là, sur mon dos… Jean ! Jean ! On
va nous séparer !… J’aime mieux mourir… tu entends ?…
    Il frémissait. Une immense douleur l’étreignit
au cœur à la pensée d’être séparé d’elle.
    – Je te dis de ne pas avoir peur !
gronda-t-il, essayant de la rassurer et de se rassurer
lui-même…
    Mais, lui aussi, il sentait
qu’ils
arrivaient,
qu’ils
étaient sur son dos… Le désespoir
l’envahit…
    – Écoute murmura-t-il, et sa voix rude
prenait des inflexions d’infinie tendresse, alors, si nous sommes
pris, tu aimes mieux qu’on meure tous deux ?…
    – Oui, oui, mon Jean ! dit-elle en
se serrant nerveusement contre lui.
    – Eh bien ! si ça arrive, s’il y a
plus moyen, deux coups de couteau, un pour toi, un pour moi, c’est
dit ?…
    C’est dit !…
    À cette seconde, comme ils tournaient sur le
pont de l’Archevêché, qui va s’appuyer sur la pointe de la Cité,
derrière Notre-Dame, jean Nib tourna la tète, et, le long des
grilles de la halle aux Vins, à cinq cents pas, il vit un
grouillement d’ombres qui s’avançaient…
    – Vite !… rugit-il en enlevant
Rose-de-Corail dans ses bras.
    En quelques bonds frénétiques, il eût franchi
le pont de l’Archevêché, et s’élança vers le pont Saint-Louis pour
gagner l’Hôtel-de-Ville…
    À ce moment, à l’extrémité du pont
Saint-Louis, apparurent quatre ombres qui marchaient sans hâte.
    – Barrés ! gronda Jean Nib.
    Il déposa Rose-de-Corail à terre et jeta
autour de lui des yeux hagards… le dernier regard de la bête à la
tragique seconde de l’hallali…
    – Frappe ! dit Rose-de-Corail.
    Jean Nib eut un rire de dément, étendit le
bras vers un petit bâtiment bas, gauche, honteux et sinistre,
échoué à la pointe de la Cité :
    – La Morgue ! … Nous serons tout
portés, ma gosse !…
    Du bras gauche, il souleva Rose-de-Corail qui
l’enlaça et colla ses lèvres aux lèvres de l’homme… Le dernier
baiser dans la mort !… Et lui, comme s’il eût voulu réaliser
son mot terrible, d’un bond alla s’appuyer à la porte de la Morgue…
« Nous serons tout portés ».
    – Adieu, la gosse !…
    – Adieu, mon Jean !…
    Elle se cambra, tendit sa poitrine… il leva
son couteau très haut…
    Et ce couteau ne retomba pas !
    Jean Nib eut soudain, le frisson des
mystérieuses terreurs et des étonnements au paroxysme.
    Ce qu’il vit était une vision de délire,
peut-être, car à ce

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