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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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né ?…
    – Aucun souvenir, je ne sais rien de
cela…
    Pierre Gildas demeura quelques instants
rêveur, puis reprit :
    – Vous n’avez aucune idée de ce que
serait un nommé Barrot ?… Vous n’avez aucun souvenir d’une
forêt que vous auriez vue autrefois ?… Vous ne vous rappelez
pas du tout un fleuve qui serait la Loire ?…
    – Barrot ?… La forêt ?… La
Loire ?… murmura Jean Nib, en passant ses mains sur son front.
Non. Je n’ai aucune idée de tout cela. Et pourtant, c’est drôle…
quelqu’un m’a fait les mêmes questions un soir que j’avais bu, moi
qui ne bois jamais ! Faut dire que c’était du champagne… et du
fameux…
    – Peut-être aviez-vous, devant ce
quelqu’un, dit des choses dont vous ne vous souveniez plus
après ?…
    – C’est possible…
    – Cela prouve au moins que j’ai bien
entendu… que je ne me suis pas trompé… Écoutez : la chambre
que vous occupiez dans l’hôtel de celui qui se fait appeler le
comte de Pierfort est située au-dessus de la mienne. C’est-à-dire
que, pour monter à l’étage où vous étiez, il fallait passer devant
ma porte… Le soir du jour où je vous ai fait entrer dans l’hôtel,
je vous ai quitté vers dix heures. Vous dormiez et il semblait que
vous deviez passer une nuit paisible… Rentré dans ma chambre, je
songeais à des choses et à d’autres que j’avais dans la tête,
lorsque je crus qu’on passait doucement devant ma porte… Toute
lumière éteinte, j’ouvris sans bruit, et je vis que quelqu’un
montait… Je montai derrière ce quelqu’un… Lorsqu’il ouvrit votre
porte, la lampe qui brûlait dans votre chambre l’éclaira ; je
reconnus le comte de Pierfort, mon maître… Quand je le vis entrer
chez vous, je supposai donc que la curiosité seule le poussait. Je
m’approchai. Je collai mon œil à la serrure. Et je vis le comte
s’approcher de vous… je le vis vous toucher à l’épaule… puis, je le
vis reculer et, distinctement, je l’entendis qui prononçait votre
nom avec une sorte de terreur et de haine…
    – Mon nom ?…
    – Oui ! Jean Nib !… Le comte de
Pierfort vous connaît !…
    – Ça, par exemple, c’est raide, fit Jean
Nib. Qu’est-ce que c’est que ce pante-là ?…
    – Vous allez voir. Je vous demandais tout
à l’heure si vous connaissiez un d’Anguerrand, et vous m’avez
répondu oui. Maintenant, je vous demande ce baron d’Anguerrand
a-t-il des enfants ?
    – Oui, dit Jean Nib qui s’assombrit. Il a
une fille qui s’appelle Valentine, ou Lise… je crois.
    – Oh ! murmura Gildas, c’est bien ce
nom !
    – Et un fils, ajouta Jean Nib avec un
accent de haine, un fils qui s’appelle Gérard, autrement dit
Charlot…
    – Charlot !…
    – Oui, c’est le nom que porte dans la
pègre M. le baron Gérard d’Anguerrand…
    – Et ce Charlot… ce Gérard… vous
connaît-il ?
    – J’te crois ! dit Jean Nib
narquois. Il porte mes marques !…
    – Eh bien ! maintenant, je sais qui
est le comte de Pierfort ! Maintenant, je comprends comment le
comte de Pierfort a pu se mettre à parler argot !… Car, au
moment où il s’approchait de votre lit et vous a touché à l’épaule,
je l’ai entendu… et j’en suis demeuré stupéfait, je l’ai entendu
dire : « Eh l’camaro, y aurait pas moyen de causer un
brin, toi z’et mézigo ?… » Et c’est alors qu’il a reculé
en reconnaissant Jean Nib… Le comte de Pierfort, c’est
Charlot ! c’est Gérard d’Anguerrand !…
    – Ah ! ah ! fit Jean Nib d’un
ton singulier. Ça, par exemple, ça devient particulier !…
    Il eut un rire silencieux qui fit frissonner
Pierre Gildas.
    – Écoutez, reprit celui-ci en baissant
encore la voix. C’est le plus terrible qui me reste à dire. J’ai vu
que Charlot, ou Gérard d’Anguerrand… car c’est bien le même,
n’est-ce pas ?… j’ai vu que cet homme vous hait… je vois que
vous le haïssez, et c’est affreux…
    – Pourquoi ça ? dit froidement Jean
Nib.
    – Parce que Gérard d’Anguerrand a voulu
vous tuer, entendez-vous !… Parce que je l’ai vu marcher à
votre lit, le couteau ouvert, entendez-vous !…
    – Ça ne m’étonne pas, dit Jean Nib du
même ton froid. Ce qui m’épate, c’est qu’il ne m’ait pas suriné
pendant qu’il me tenait… Ça, c’est à n’y rien comprendre…
    – Oh ! murmura Pierre Gildas avec
une sourde terreur, vous allez comprendre !…

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