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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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s’en
versa une rasade qu’il avala d’un trait.
    – Ouf ! ça va mieux, continua-t-il.
J’avais besoin de ça pour me remonter !
    – Qu’est-ce qu’il y a ? demanda La
Veuve qui, dès le premier instant, avait remarqué la pâleur et
l’air soucieux du bandit.
    Biribi la regarda dans les yeux, et dit
sourdement :
    – Il y a, La Veuve, que Jean Nib m’a
échappé !
    – Ah ! fit simplement La Veuve.
     
    Mais son teint était devenu plus livide et
elle eut un soupir d’angoisse.
    – Comment que ça s’est fait ?
demanda-t-elle au bout d’un instant de silence.
    – Ça s’est fait, gronda Biribi avec un
ignoble juron, ça s’est fait que ça m’apprendra à avoir du
sentiment, de la pitié, des bêtises, quoi ! Pour une fois, ça
m’a bien réussi !
    – De la pitié ? Toi ?…
    – Appelez ça comme vous voudrez ! Ce
qu’il y a sûr, c’est qu’au moment de fourrer Jean Nib dans le trou
que nous avions creusé, au moment de l’allonger prés des autres
macchabées, voilà que je m’aperçois qu’il vivait encore !
Alors, j’ai pas voulu le fourrer dans le trou, et les copains ont
dit qu’il valait mieux le flanquer à la Seine.
    – Et alors ?…
    – Alors, nous l’y avons flanqué à la
Seine, voilà !…
    Biribi serra les poings. Ses yeux
s’injectèrent de sang, et sa face monstrueuse prit une expression
de fureur et de terreur.
    – Donc, reprit le bandit, voilà que nous
le jetons à l’eau. Les copains se mettent à filer comme s’ils
avaient eu la rousse derrière eux. Moi aussi, je file. Mais, au
bout de quelques pas, je m’arrête comme si quelque chose me tirait
en arrière, je me retourne, et qu’est-ce que je vois ? Un
pante, sorti de je ne sais où, qui entrait dans la barque ! Le
temps de dire ouf, et voilà le pante qui pique une tête dans
l’eau !… J’en avais vu trente-six chandelles. Je me rapproche
de la Seine, je regarde, je me mets à descendre en suivant le quai,
et bientôt je revois le pante qui nageait comme un poisson. Je
m’arrête. Je ne savais plus ce qui m’arrivait. J’en étais comme
fou… Puis, je finis par me persuader que le pante a bu un grand
bouillon, et que, dans tous les cas, Jean Nib y a passé, vu qu’il
était aux trois quarts estourbi quand nous l’avons jeté… Enfin, je
me remets en marche, toujours suivant le fleuve, pour voir. Mais je
ne voyais plus rien, et je commençais à me tranquilliser… Et voilà
que tout à coup je les revois, Jean Nib et le pante, mouillés de la
tête aux pieds… Et ils étaient en plein sur le quai… Jean Nib était
vivant !…
    – Tu l’as laissé partir ? gronda La
Veuve. Il fallait…
    – C’est bien ce que je me suis dit, La
Veuve ! J’ai ouvert mon surin, et j’ai marché sur eux… Juste à
ce moment, voilà un taxi qui passe !… Il montait dedans, et en
route !… Tonnerre de sort ! j’aurais donné ma peau pour
deux sous !…
    – Ça va bien ! murmura La Veuve avec
une indicible expression d’amertume. Gérard envolé. Lise perdue. Et
Jean Nib qui va nous tomber sur le dos un de ces quatre matins.
C’est complet…
    – Que voulez-vous ! fit Biribi d’une
voix sombre. Une première fois, Jean Nib m’a suriné, et je suis
revenu de la Pointe-aux-Lilas… C’est moi qui le surine la deuxième
fois, et il revient de l’affaire de Neuilly… Nous sommes manche à
manche… Je sais bien qu’à la belle un de nous deux y restera… Moi,
je crois que ça sera lui… j’ai des atouts.
    – Comment ça ?…
    – Lui ne sait pas où je suis ; moi
je sais où il est. Si l’un de nous deux peut tomber sur l’autre à
l’improviste, c’est moi…
    – Tu sais où il est ?…
    – Vous pensez bien que j’ai filé le taxi.
Jean Nib et le pante qui l’a tiré du bouillon sont entrés dans une
maison de l’avenue de Villiers. Le pante doit être un richard, car
la cambuse est tout ce qu’il y a de plus rupin…
    – Avenue de Villiers, réfléchit La Veuve.
Qui ça ? Qui peut avoir eu intérêt à sauver Jean Nib ? Un
inconnu ? Un richard ? Mais un richard ne se promène pas
à trois heures du matin sur les berges de la Seine, derrière
Neuilly. Un richard ne se jette pas à l’eau pour sauver quelqu’un
qui se noie. S’il est simplement égoïste, il passe, et voilà tout.
S’il a beaucoup de pitié, énormément de pitié, il s’en va
tranquillement au poste prévenir les agents. C’est que je les
connais, les

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