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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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là-bas, au fond de la Bretagne, dans ton château de
Prospoder ?… Sais-tu qui a dénoncé ton fils Gérard ?
sais-tu bien que c’est moi ! moi qui envoie Gérard à
l’échafaud !…
    Lise était debout, soulevée par l’inexprimable
épouvante de ce qu’elle entrevoyait.
    Alors… alors enfin, il lui sembla que sa
langue enchaînée se déliait, et un cri atroce jaillit de ses
lèvres.
    – Ma mère !… Ma mère !
    La Veuve se dressa. D’un geste violent elle
écarta Lise ; ses yeux se fixèrent sur un angle de la cellule,
et elle gronda :
    – C’est ça !… Empoignez-le !… À
l’échafaud. Gérard ! à la guillotine, Charlot !
    – Ma mère !… Ma mère !… râla
Lise.
    – Il se sauve !… Non !… Le
voilà pris !… Ça y est !… Ils l’entraînent…
    Un éclat de rire sinistre éclata dans la
cellule, et, en même temps, le médecin, saisissant le bras de Lise,
l’entraîna vivement au dehors et la remit, à demi-morte, à
Ségalens.
    Puis il rentra auprès de la folle en
murmurant :
    – Je crois que je tiens là un cas
intéressant.
    *
* * * *
    Dehors, dans l’automobile qui l’emmenait,
Lise, par un phénomène de
simulation
qui n’est pas rare
chez le malheureux sur le point de sombrer dans la folie, parut
soudainement recouvrer une sorte de calme.
    – Pauvre enfant ! pauvre
petite !… murmurait Ségalens en lui serrant les mains. Prenez
courage. Votre mère guérira, et nous parviendrons aussi à
l’arracher à la justice… Sa passagère démence nous servira…
    Lise hocha la tête, paraissant approuver.
    Et elle songeait :
    – Le château au fond de la Bretagne,
c’est Prospoder !… Gérard est à Prospoder !… La police
est en route pour l’arrêter !…
    Et elle sanglotait au fond
d’elle-même :
    – Gérard arrêté !… Gérard à
l’échafaud !… Gérard livré à la guillotine par ma mère !…
Gérard ! Gérard ! attends-moi, mon bien-aimé !…
    L’auto s’arrêta rue Saint-Honoré.
    – Montons, dit doucement Ségalens.
    – Monsieur, dit Lise avec un calme
parfaitement
simulé
, il faut tout de suite que j’aille…rue
Letort… avec Mlle Marie… C’est très important pour elle et
pour moi… cela ne souffre pas une minute de retard… Soyez assez bon
pour monter la chercher… et puis, vous aurez l’obligeance de nous
accompagner n’est-ce pas ?
    – Sans aucun doute ! fit Ségalens,
qui heureux de la voir si raisonnable, s’élança dans la maison.
    Dès qu’il eut disparu, Lise descendit de
l’auto et s’éloigna rapidement.
    Une demi-heure plus tard, elle était à la gare
Saint-Lazare.
    *
* * * *
    Le médecin de Sainte-Anne était entré dans la
cellule de La Veuve après avoir fait signe aux gardiens de se tenir
prêts à la transporter dans la cellule des furieux, si la crise se
déchaînait.
    La Veuve, maintenant, s’avançait vers ce coin
de la cellule où elle avait vu le baron d’Anguerrand. Mais c’est
une autre vision qui se présentait à elle…
    Cette vision, la voici, telle qu’elle a pu
être reconstituée par le médecin d’après les paroles, les cris, les
mouvements et les gestes de La Veuve. Nous ne faisons ici que
compléter ce que ce savant ne put comprendre, puisqu’il ignorait
l’histoire de Jeanne Mareil.

Chapitre 74 LA VISION
    À peu près à l’instant où Lise fut entraînée
hors de la cellule, le baron Hubert d’Anguerrand disparut de
l’angle où La Veuve le voyait.
    Par une marche oblique, La Veuve se frayait un
passage à travers la foule. Elle haletait :
    – Laissez-moi donc passer, voyons. C’est
bien le moins que je le voie guillotiner, puisque c’est moi qui
l’ai dénoncé. Ah ! ça vous étonne ? J’ai tué la fille et
j’ai tué le père ; maintenant je veux voir mourir le fils…
    Dans un dernier effort, elle parvint au
premier rang des spectateurs. Alors, elle jeta un long regard sur
la guillotine, dont le bourreau, à ce moment, essayait le bon
fonctionnement, car elle éclata de rire et râla :
    – Ça marchera, hein ?… Ça tombe tout
seul… bravo !…Ah !… le voici ! Dieu, qu’il est
pâle !… Il va tomber… Non ! je ne veux pas m’en
aller ! je veux voir !… Tiens c’est toi, Suzette ?…
D’où viens-tu, ma fille ?… Tiens, place-toi là, près de moi…
donne-moi la main…
    Aussitôt, il y eut une lutte entre La Veuve et
sa fille.
    Sa fille était toute petite. Elle était telle
qu’elle

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