Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
même :
    – Je veux voir ma mère !…
    Il se trouva enfin au ministère de la Justice
un chef de division qui donna à Ségalens, un mot pour le médecin en
chef de Sainte-Anne, où, quelques heures après son arrestation, La
Veuve avait été transportée.
    Il se trouva ensuite que ce médecin en chef
eut l’idée que peut-être une entrevue de Jeanne Mareil avec sa
fille pouvait déterminer une crise salutaire. Ce docteur se résolut
à en faire l’expérience. Il prit aussitôt les dispositions
nécessaires et indiqua nettement à Lise ce qu’elle devait dire et
ne pas dire.
    *
* * * *
    Lise, en entrant, se vit dans une cellule
spacieuse, bien aérée, meublée d’un lit d’hôpital et de divers
menus meubles.
    C’était la cellule d’observation.
    En face, se trouvait la cellule des furieux,
et, le cas échéant, La Veuve n’avait que le couloir à passer pour y
être enfermée.
    Du premier coup d’œil, Lise vit sa mère.
    Elle était assise au bord du lit, les mains
jointes, murmurant de vagues paroles. Après la crise de fureur qui
s’était déclarée à l’infirmerie du Dépôt, une réaction s’était
produite et la folle semblait en somme assez calme.
    Avidement, Lise contempla ces traits flétris,
cette physionomie dont elle avait eu peur et qui, maintenant, ne
lui inspirait plus qu’une pitié sans bornes.
    Elle s’approcha, saisit les mains de sa mère,
et, se courbant, déposa sur ses doigts qui avaient failli
l’étrangler un long baiser sans larmes. Car Lise ne pleurait pas.
Elle eût tout donné au monde pour pouvoir pleurer. Mais voilà, les
larmes viennent quand elles veulent… Lise eût voulu parler aussi.
Il y avait tant de choses dans son cœur ! Oh ! si
seulement elle avait pu prononcer quelques mots !… Elle
sentait que cela l’eût sauvée d’elle ne savait quoi d’atroce. Mais
il lui eût été impossible, seulement, de murmurer ce mot qui
retentissait au fond de son être :
    – Ma mère !…
    Ses dents étaient fortement serrées, et elle
comprit que c’était une tentative surhumaine que de simplement
desserrer les mâchoires. Sans parler, donc, sans pleurer, Lise
s’était courbée sur les mains de sa mère, sur ces mains qu’agitait
un tremblement nerveux… et puis, elle se laissa tomber à genoux,
enfouit sa tête dans la robe noire qui si souvent l’avait
épouvantée, et elle demeura là, prostrée, criant en elle-même des
choses d’angoisse, de pitié, d’épouvante, et ne pouvant proférer
qu’une sorte de plainte ininterrompue.
    La Veuve n’avait pas fait un geste.
    Avait-elle vu Lise ?… Avait-elle senti
sur ses mains le baiser de sa fille ?… Non, sans doute, car
elle continuait à regarder dans l’espace des choses qu’elle était
seule à voir, et parlait à des êtres imaginaires.
    Cette voix, Lise l’entendait…
    Ces paroles, elle les recueillait
avidement…
    Cela dura dix minutes environ, au bout
desquelles le médecin entra dans la cellule et toucha Lise à
l’épaule.
    – Allons, mademoiselle, murmura-t-il, il
ne faut pas prolonger cette visite. Vous reviendrez demain.
    Mais Lise le regarda avec des yeux d’une si
intense supplication que le médecin se recula dans un angle.
    Lise faisait un effort désespéré pour parler
ou pour pleurer. C’était si affreux de revoir sa mère et de ne
pouvoir lui crier ce qui sanglotait dans son cœur !…
    Et La Veuve parlait, elle !…
    Elle parlait à Hubert d’Enguerrand qu’elle
voyait devant elle.
    C’étaient des paroles lentes, distinctes,
entrecoupées parfois d’un soupir, d’un râle ou d’un éclat de
rire.
    Elle disait :
    – Voilà, Hubert, voilà !…
Regarde-les tous. Tant de malheurs, tant de larmes, tant de
catastrophes ! Tout cela, c’est à moi que tu le dois…
Regarde ! Dans les siècles des siècles, c’est cela que tu
verras… Car si je t’ai tué, j’ai oublié de te crever les yeux. J’ai
bien fait. Ah ! tu vois, n’est-ce pas ?… Mais tu ne peux
courir à leur secours, puisque tu es mort…
    Lise, lentement, avait redressé la tète vers
sa mère… La Veuve continuait :
    – Ta fille ? Oh ! tu peux la
demander à Biribi… tu peux l’implorer, va !… Et ton fils
Edmond ? au cimetière, là-bas ! Sois sans crainte, j’ai
dit à Marie Charmant de porter des fleurs… Quant à ton fils Gérard…
Ah ! ça, c’est le plus joli, vois-tu !… Gérard, Charlot
l’assassin !… Sais-tu ? sais-tu qui a envoyé les

Weitere Kostenlose Bücher