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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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demeureraient impunis, il ne voulait pas tout
compromettre au dernier moment par un meurtre vite connu et
imputable à lui seul, puisque tout le pays savait que M. le
baron Gérard était de retour en son castel avec Madame.
    Lorsqu’il se crut certain de son affaire, il
résolut d’exécuter Adeline le soir même simplement d’un coup de
couteau. Ce serait facile et vite fait, car la confiance d’Adeline
était sans bornes.
    Ce jour-là, vers l’heure du crépuscule,
Gérard, contre son habitude, alla lui-même fermer et cadenasser les
diverses portes du manoir : il faut toujours tout prévoir,
même que la victime n’aura pas été tuée du premier coup, qu’elle
cherchera à se sauver… Il emporta les clefs et les jeta dans la
mer, afin que personne ne pût plus entrer. Quant à s’en aller
lui-même, il s’en faisait un jeu.
    Puis il plaça son bon surin sur une table à sa
portée.
    Et il attendit qu’Adeline, selon la coutume
prise, vint dresser la table dans le salon.
    Elle parut en effet bientôt ; mais pâle,
troublée, à ce point que Gérard gronda lui-même :
    – Elle a compris qu’elle va
mourir !…
    Et, sans plus tarder, il se dirigea vers la
table où il avait déposé son couteau :
    – Gérard, dit à ce moment Adeline d’une
voix de terreur, Gérard, vous êtes perdu !…
    – Quoi ? gronda-t-il en se
retournant.
    – Les agents !…
    – Eh bien ?…
    – Ils entourent le manoir !… J’ai
tout vu de là-haut… Venez… ô mon Gérard… mon bien-aimé !…
plutôt mourir ensemble !…
    – Mourir ensemble ? murmura Gérard,
en passant une main sur son front livide. Oh ! vous vous êtes
trompée !… Ce sont des oisifs… des touristes…
    – Venez ! venez !… Et vous
verrez !
    Il se laissa entraîner. Rapidement, elle monta
jusqu’aux combles et le conduisit à une fenêtre d’où la vue
s’étendait sur toute la campagne environnante.
    – Voyez ! dit-elle en claquant des
dents.
    Gérard se penchait et longuement étudia les
environs.
    Soudain, il se rejeta en arrière avec un
soupir d’épouvante.
    Et Adeline comprit qu’il avait vu…
    Le château était cerné.
    De quelque côté qu’il portât son regard,
Gérard avait aperçu en faction une silhouette que lui, l’homme de
la pègre, ne pouvait pas ne pas reconnaître immédiatement.
    Machinalement, ils redescendirent au grand
salon.
    À ce moment, trois coups ébranlèrent la porte
du manoir, prolongeant leurs échos dans les couloirs déserts ;
et une voix distincte parvint jusqu’à eux :
    – Au nom de la loi !…
    – Oh ! rugit Gérard, mais ces
gens-là savent donc !…
    – Que tu es Charlot !… Oui… ils
savent !… La Veuve ! c’est La Veuve qui t’a dénoncé à
Finot !… Là-bas, au pied du grand escalier de l’Opéra, j’ai
entendu Finot !…
    – Perdu ! râla Gérard. Plus
d’issue ! Tout est cerné !… Je vais être
arrêté !…
    – Non ! non ! gronda Adeline
avec l’exaltation du désespoir, qu’ils viennent, Gérard !…
Qu’ils viennent ! Qu’un seul te touche !…
    Emportée par la passion, soulevée par le
transport de terreur et d’amour qui décuplait ses forces, Adeline
saisit Gérard dans ses bras et, ardente, transfigurée,
répéta :
    – Qu’un seul te touche… et il tombe
mort !…
    – Ils sont une quinzaine ! fit
Gérard dans un éclat de rire sauvage. Ils me tiennent !…
Oh ! la Cour d’assises !…oh ! l’échafaud !…
    Il balbutiait, la tête perdue.
    À la grande porte, des coups sourds
retentissaient.
    Les agents de la Sûreté, après avoir
inutilement essayé de forcer la serrure, démantelaient
l’entrée.
    Tout à coup, un grand silence se fit.
    – Ils montent ! bégaya Adeline, ivre
d’épouvante, non pour elle, mais pour celui qu’elle aimait.
    Et lui, à ce moment, se sentait brisé. Tout
ressort d’énergie vitale s’arrêtait en lui.
    Devant la certitude absolue de l’arrestation,
devant la vision de la Cour d’assises, il devenait lâche.
    – Je vais mourir ! dit-il d’une voix
morne.
    – Mourir ! cria Adeline d’un accent
de passion terrible. Toi !… Gérard !… Je t’aime !…
Tu ne sais pas de quoi est capable une femme qui aime !…
    Et, à ces paroles, Gérard surmonta la
faiblesse qui s’était emparée de lui. Sa haine contre Adeline,
meurtrière de Lise, se déchaîna plus violente… Dans cette seconde
où il entendait les agents se répandre dans le

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