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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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habillée sur
son lit… Eh !…mademoiselle !… Elle dort bien !…
Hum ! (Il avança de deux pas.) Mademoiselle !…
Réveillez-vous que diable !… (Encore un pas.) Ah ça !…
Quel sommeil !… (Il se penche.) Oh ! mais… elle s’est
trouvée mal !… (Un cri étouffé, un sourd juron arraché par la
stupeur.) Évanouie ?… Non ?… Ce bras que je lève retombe
pesamment !… Ces yeux à l’envers !… Ces dents
découvertes !… Sacré nom de Dieu !… Elle est… oui !…
elle est morte !…
    La pendule sonnait minuit.
    Brusquement, les traits de Finot se
détendirent.
    Et alors, sans regarder, il empoigna le
cadavre dans ses bras et le tint serré sur sa poitrine.
    Et il se mit en marche.
    Lourdement, pesamment, il traversa la salle à
manger, et, par une machinale précaution, éteignit la lampe :
il se trouva dans les ténèbres, avec ce cadavre dans les bras,
poitrine contre poitrine… Un frisson le secoua de la tête aux
pieds. Il grogna un sourd juron pour se donner du courage, et gagna
la porte extérieure.
    Une fois arrivé sur le palier, il referma
soigneusement la porte, et souffla un instant.
    Il commença à descendre.
    L’instant d’après, l’agent Finot était
dehors !…
    La porte de la maison refermée, Finot,
haletant, s’y appuya pour respirer deux secondes.
    Alors il déposa le corps, non pas sur le sol,
mais debout dans l’angle de l’encoignure.
    Et ce corps inanimé se tint debout, la tête
elle-même ne retomba pas sur l’épaule…
    – Raide comme une planche ! grommela
Finot avec une sorte d’admiration. Ça, par exemple, c’est
particulier !
    Marie Charmant était en catalepsie.

Chapitre 35 LA MARMOTTE
    L’horloge lumineuse de Lariboisiére marquait
tout près d’une heure et demie. Les boulevards extérieurs étaient
déserts. Quelques pierreuses rôdaient, à l’affût du passant. Mais
le passant était rare. La pluie venait de cesser, des étoiles se
montraient, comme souriantes, et de gros nuages noirs, qu’un rayon
de lune éclairait sur leurs bords, chevauchaient dans l’espace,
pareils à des étalons qui, à travers des plaines bleuâtres
parsemées de diamants, galopaient en secouant leurs crinières
d’argent.
    Ce fut à ce moment qu’un homme et une femme
descendant de la Goutte-d’Or, débouchèrent sur le boulevard de la
Chapelle par la ruelle des Islettes. Un instant, ils sondèrent la
nuit, de ce regard profond et sûr des êtres qui ont appris à
regarder. Rassurés, sans doute, ils coupèrent le boulevard en
droite ligne et se mirent à longer le mur d’enceinte du vaste
hôpital.
    Jean Nib et Rose-de-Corail se savaient
traqués. Depuis la scène du Champ-Marie et l’évasion de La Veuve,
ils sentaient que la police avait jeté sur eux son filet. Ils
avaient entrevu des figures louches qui les dévisageaient. Des
avertissements mystérieux, un clignement d’yeux, un geste, un mot
jeté par un homme qui feint de vous bousculer, cela les avait
sauvés jusque-là. Au moment de pénétrer dans une rue, d’entrer dans
un bar, de se réfugier dans un hôtel, l’avertissement les arrêtait
court ; ils faisaient demi-tour, cherchant une maille plus
large du filet. Mais les mailles, de nuit en nuit, d’heure en
heure, se faisaient plus étroites.
    Quelques minutes plus tard, ils arrivaient
devant la
Marmotte
… « 
l’hôtel
 »
des
Deux Savoies
. Adossés à un mur, raidis dans leur immobilité,
ils fouillèrent les environs.
    – T’as rien vu ? fit Jean Nib dans
un souffle.
    – Rien. On peut traverser.
    – T’as rien vu au coin de
Château-Landon ?… Quelque chose qui s’est aplati quand nous
avons passé ?
    – Rien, je te dis…
    Ils traversèrent droit pour gagner le trottoir
d’en face, et pénétrèrent dans l’hôtel. Bientôt, conduits par le
patron, ils se trouvèrent dans une chambre du second. Jean Nib
ferma la porte à double tour et ouvrit la fenêtre qui donnait sur
une cour étroite. Il se pencha, inspecta la cour, et alors,
revenant sur Rose-de-Corail qui dégrafait son corsage :
    – Te déshabille pas. Tu crois que le
patron dormait quand nous sommes arrivés ?
    – Il a les yeux assez rouges pour ça… Mon
Jean, ajouta-t-elle de sa voix de profonde tendresse, t’ennuie donc
pas, voyons !… Est-ce que je suis pas là ?…
    – Eh bien ! moi, je te dis qu’il ne
dormait pas !… Et alors, t’as rien vu au coin de
Château-Landon ?
    – Oh ! tu me fais peur !…

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