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Fortune De France

Fortune De France

Titel: Fortune De France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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empêcher
ses sujets réformés de rompre les images de l’église de Saint-Mézard et de
s’emparer des calices (car en ces entreprises, il n’y avait pas que la
foi : la picorée avait aussi sa part). Mal en prit à Rouillac : le
populaire s’émut et l’assiégea dans sa maison. Cependant, plus heureux que le Baron
de Fumel, il n’y laissa pas la vie, étant secouru à temps par des gentilshommes
voisins. Mais il y eut de part et d’autre d’aigres et méchantes paroles,
surtout au sujet d’une grande croix de pierre du cimetière que d’aucuns
huguenots avaient rompue.
    Montluc
fondit sur Saint-Mézard avec sa troupe à l’aube du 20 février, mais aucun de
ses hommes d’armes ne connaissant les maisons, tous les huguenots purent se
sauver, sauf un nommé Verdier, deux autres malheureux et un jeune diacre de
dix-huit ans qui furent pris, liés et amenés au cimetière où Montluc, suivi de
son bourreau, les confronta aux deux Consuls de Saint-Mézard et à un
gentilhomme du lieu.
    — Traîtres,
dit Montluc, est-il vrai que ce gentilhomme et les deux Consuls vous disant que
le Roi trouverait mauvais que vous rompiez la croix, vous avez répondu :
« Quel roy ? Nous sommes les roys. Celuy-là que vous dites est un
petit reyot de merde. Nous lui donnerons les verges et lui apprendrons un
métier pour qu’il gagne sa vie comme les autres. »
    — Ah,
monsieur ! dit Verdier. À pécheur miséricorde !
    — Méchant,
dit Montluc, veux-tu que j’aie miséricorde de toi alors que tu n’as pas
respecté ton Roi ?
    Et
ce disant, il le poussa rudement sur le fragment de la croix brisée, disant à
son bourreau :
    — Frappe,
vilain !
    Et
aussitôt le bourreau, sur la croix même, décolla Verdier. Quant aux deux autres
huguenots, on les brancha à l’orme du cimetière. Restait le diacre. Montluc fit
preuve à son égard d’une bien curieuse sorte de mansuétude. Vu son jeune âge,
il se contenta de le faire fouetter  – mais si longuement qu’il mourut
sous les coups.
    Ainsi
furent exécutés sans procès, sans juges et sans arrêt, quatre sujets du Roi.
    À
Cahors, pendant ce temps, les deux commissaires civils envoyés par la Reine
mère enquêtaient sur le massacre de la maison d’Orioles. Ils firent un procès à
quinze catholiques qu’ils expédièrent au gibet. Montluc, aussitôt, se précipita
à Fumel. Son chemin passant par Sainte-Livrade, on lui amena six huguenots
qu’il brancha sans tant languir. Mais à Fumel, étant rejoint par M. de
Burie, il lui fallut prendre plus de formes et requérir deux Conseillers de la
sénéchaussée d’Agen pour juger les meurtriers du Baron de Fumel. Ce qui fut
fait en grande promptitude, et dix-neuf huguenots furent pendus.
    De
Fumel, Montluc se rendit alors à Cahors pour intimider les deux commissaires
civils de la Reine mère, qui avaient eu l’audace de serrer en prison M. de
Vieule, chanoine de Cahors, dont ils pensaient qu’il avait poussé au massacre
de la maison d’Orioles. Là, Montluc, en présence d’une nombreuse assemblée,
s’affronta, à peine arrivé, à Geoffroy de Caumont, qui venait se plaindre de
lui à M. de Burie.
    — Monsieur
de Burie, dit Caumont, M. de Montluc a faussement prétendu qu’un ministre
prêchant devant moi à Clairac s’en était pris à la personne du Roi.
    — Je
l’ai dit, et ce n’est point faux ! dit Montluc, s’avançant vers Caumont,
la main sur sa dague, et suivi d’une quinzaine de ses gentilshommes. Et c’est
grande honte que vous ayez enduré ces paroles de votre ministre huguenot après
tous les bienfaits que vous avez reçus du Roi.
    Caumont
pâlit de colère et fit face à Montluc :
    — Je
dis et je répète que je n’étais pas présent quand ce ministre fit ce prêche, et
que de toute façon, je n’ai pas de comptes à vous rendre.
    Là-dessus,
Montluc s’avança vers lui d’un pas, sa dague à demi sortie du fourreau. Caumont
mit la main à l’épée, mais il ne put la tirer, car les gentilshommes de Montluc
lui sautèrent au col et l’eussent tué, si M. de Burie n’était intervenu pour le
pousser dehors et lui sauver la vie.
    — Et
moi, cria Montluc, tandis que Caumont franchissait le seuil, moi je dis et je
répète, Abbé de Clairac, que vous soutenez toute la sédition huguenote dans
l’Agenais et le Périgord, et que le Roi serait bien avisé de vous faire épouser
quelque temps la tour de Loches !...
    M.
de Caumont parti, Montluc terrifia si bien

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