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Fourier

Fourier

Titel: Fourier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jonathan Beecher
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il se met en
congé de son emploi à Besançon et part pour Belley travailler pour Bruand et
faire la connaissance de Fourier 29 .
    Leur première rencontre se passe le mieux du monde. Fourier
reçoit Muiron avec grâce dans sa petite chambre chez les Parrat-Brillat. Elle
est si encombrée de notes et de manuscrits qu’il y a à peine où s’asseoir.
Fourier débarrasse un peu pour faire de la place à son disciple et ils passent
ensemble de longues heures, l’un compulsant les cahiers déjà achevés de son
maître, l’autre travaillant d’arrache-pied aux problèmes de l’amour et de la
gastronomie, sujets des derniers chapitres de la première partie (ou « Octave
majeure ») du traité. Pour Muiron, c’est une expérience grisante, qui tient de
la seconde initiation. La théorie, telle qu’il la trouve élaborée dans les
cahiers multicolores de Fourier, est beaucoup plus vaste, complète et
systématique, plus explicite en détails, plus rigoureuse dans ses preuves,
qu’il ne l’avait imaginé à la simple lecture des Quatre Mouvements. Il a
parfois du mal à suivre l’imagination de Fourier dans ses envols, mais le maître
est à sa disposition pour le guider à travers le labyrinthe. Au début, la
communication fait problème, mais bientôt les deux hommes en viennent à
échanger des notes manuscrites, Fourier répondant par écrit aux questions de
son disciple. On a conservé quelques-unes de ces notes griffonnées. Elles
restituent l’ambiance de cette première rencontre. « Je répondrai toujours avec
plaisir à vos observations », écrit Fourier dans l’une d’elles. « Ne vous gênez
pas de venir me questionner quand il vous plaira. » Ailleurs, Fourier exhorte
son disciple : « Vous vous attachez trop peu aux questions d’Attraction et
surtout à celles du mécanisme des Séries passionnelles, à leur propriété de
s’entraîner à l’industrie, à l’économie, à tout ce qui est utile. Ce sont là les
beaux problèmes qui méritent le plus d’occuper les adeptes 30 ».
    Le séjour de Muiron à Belley dure tout l’été, ce qui lui donne
amplement le temps de prendre avec Fourier des dispositions pour la publication
du traité. Il a décidé de participer aux frais d’impression. Il sait qu’ils
dépasseront vraisemblablement ses moyens comme ceux de Fourier, mais il pense
pouvoir convaincre quelques amis de Franche-Comté d’apporter leur soutien. De
plus, la femme d’un de ses collègues de la préfecture, Claude-François Mourgeon*,
se trouve être la propriétaire de la principale imprimerie de Besançon.
    * Claude-François Mourgeon était conseiller de préfecture à
Besançon. L’imprimerie était au nom que portait sa femme avant leur mariage :
Madame veuve Daclin.
    Fourier se montre d’abord sceptique : il sait les risques qu’on
court à publier en province ; par ailleurs, on peut douter de son envie
d’honorer de quelque manière « la Béotie de la France ». Mais son propre
revenu, l’annuité de neuf cents francs que lui a laissée par testament sa mère,
est bien maigre : il n’a guère le choix ; il accepte finalement l’offre de
Muiron.
    Muiron quitte Belley en septembre 1818 et, sans perdre de temps,
fait le tour de ses amis aisés. Sur la route de Besançon, il rend visite à
Gréa, puis à un autre ami, du nom de Puvis, dans leurs maisons de campagne
respectives. Il leur parle avec enthousiasme du traité de Fourier. Il racontera
plus tard : « Son langage chaleureux sembla leur faire partager la conviction
dont il était pénétré et il compta dès lors sur le concours de MM. Puvis et
Gréa pour lui faciliter son entreprise d’impression 31 ». A Besançon même, Muiron trouve un accueil favorable
auprès de plusieurs autres amis, parmi lesquels une vieille connaissance de
Fourier, l’ex-jacobin Pierre-Joseph Briot **.
    ** Pierre-Joseph Briot (1771-1827), que Fourier avait tenté
d’intéresser à certains de ses premiers projets de réforme sociale, siégea au
Conseil des Cinq-Cents sous le Directoire. Sous Napoléon, il devient conseiller
d’Etat en Italie. Au lendemain de Waterloo, il professe avoir fait sa paix avec
les Bourbons et, à l’époque où Muiron le contacte, il reçoit un salaire
régulier de Decazes pour « services secrets ». A la même époque, toutefois, il
semble avoir joué un rôle important dans l’importation du carbonarisme en
France et, jusqu’à sa mort, il continuera à s’intéresser à la réforme de

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