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Fourier

Fourier

Titel: Fourier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jonathan Beecher
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aux
mains de marchands manufacturiers, où la vague de spéculation effrénée du
Directoire n’est pas encore oubliée, où l’agiotage, enfin, rapporte bien
davantage que l’industrie ou l’agriculture. Un historien contemporain aurait
toutefois pris le soin de considérer une grande variété de facteurs sociaux,
économiques et démographiques. Fourier lui n’hésite pas à attribuer la pauvreté
à une cause prépondérante : comme le sans-culotte sous la Révolution, comme
l’homme de la rue à l’époque pré industrielle, il rend le méchant marchand
responsable de la hausse des prix, des crises de pénurie et de presque tous les
autres travers économiques du pays. Sa thèse ? Le commerçant n’est et ne doit
être qu’un agent subordonné; or il domine à présent la vie économique du pays :
la « classe mercantile » a acquis avec les progrès de la navigation et
l’extension des empires coloniaux une puissance et une richesse colossales. Les
philosophes comme les rois s’inclinent désormais devant elle ; fermier et fabricant
sont devenus « esclaves » du commerce 12 :
    Le mécanisme de l’industrie civilisée est faussé [...] par
l’indépendance des intermédiaires nommés marchands, qui deviennent
propriétaires des denrées dont ils devraient n’être que gérants subordonnés.
Ils élèvent la fausseté au plus haut degré ; ils falsifient les comestibles et
matières ; ils entravent alternativement chaque branche d’industrie, par leurs
menées d’accaparement, agiotage, banqueroute, usure et autres manœuvres qui
spolient la culture, la propriété, et concentrent toutes les richesses entres
les mains du haut commerce 13 .
    Les défenseurs du commerce ont tort selon Fourier d’en faire une
industrie, car il ne produit rien. Stérile par nature, le négoce ne sert qu’à
détourner de l’industrie et de l’agriculture un capital qui pourrait y être
investi à meilleur escient. Les marchands se disent au service des fermiers et
des fabricants, alors qu’ils profitent du système de la concurrence pour piller
l’industrie et escroquer le client. Ils ne sont « qu’une troupe de pirates
coalisés, qu’une nuée de vautours qui dévorent l’industrie agricole et
manufacturière, et asservissent en tous sens le corps social 14 ». L’essor du commerce a fait naître une
nouvelle forme de lutte des « classes », qui vient s’ajouter à celle des riches
contre les pauvres, des anciens contre les jeunes, des maris contre les femmes
: celle du marchand ou de l’intermédiaire contre toutes les classes productives
de la société. « Toutes les classes essentielles, le propriétaire, le cultivateur,
le manufacturier, et même le Gouvernement, se trouvent maîtrisées par une
classe accessoire, par le Négociant, qui devrait être leur inférieur, leur
agent commissionné, amovible et responsable, et qui pourtant dirige et entrave
à son gré tous les ressorts de la circulation 15 .
»
    Qu’il parle d’amour ou de commerce, Fourier, dans ses analyses
de la société, adopte souvent la manière de Linné : son étude critique du
mercantilisme se résume en grande partie à la classification descriptive des «
vices » inhérents au « mécanisme commercial ». Puisant dans son expérience de
courtier marron et d’employé des grandes maisons lyonnaises, il établit une
liste de trente-six « crimes du commerce 16 ».
    Sans trop entrer dans les détails, attardons-nous quelque peu
sur trois de ces « crimes » : la banqueroute frauduleuse, la monopolisation et
l’agiotage.
    Fourier combat fermement l’opinion « sentimentale » selon
laquelle les faillites seraient des catastrophes imprévues. Selon lui, ce sont
très souvent des opérations frauduleuses, lucratives et soigneusement
préméditées - une « friponnerie ingénieuse et impudente » qui permet à « tout
négociant [...] de voler au public une somme proportionnée à sa fortune ou à
son crédit 17 ». Comme le fera
Balzac dans son « Histoire générale des faillites 18 », Fourier dénombre différentes espèces de banqueroutes
qu’il illustre par une série de cas exemplaires : « Scapin, petit boutiquier »,
« le banquier Dorante », et « le juif Iscariote ». Viennent d’abord les
faillites appelées honnêtes : le marchand y liquide au minimum cinquante pour
cent de ses dettes. Dans la « banqueroute en famille », le commerçant, avant de
faire sa déclaration, a pris soin de confier le gros de sa

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