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Fourier

Fourier

Titel: Fourier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jonathan Beecher
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Révolution, alors que les difficultés de l’industrie
de la soie ne font que s’aggraver et que le problème du chômage devient
critique, Lyon est le théâtre d’intenses débats sur la nécessité de réformes
radicales dans le domaine économique et social 7 .
Quiconque étudie Fourier trouvera un intérêt tout particulier aux divers
projets et propositions pour un prix fixe du pain avancés entre 1790 et 1793
par le quasi socialiste juge de paix François-Joseph L’Ange. La grande idée de
L’Ange (qui mourra victime de la Terreur en 1794) est que, pour éviter la spéculation
sur les denrées alimentaires de première nécessité, il faut fonder une
compagnie nationale d’actionnaires par l’entremise de laquelle l’ensemble des
consommateurs français paierait chaque année un prix fixe et déterminé à
l’avance pour la totalité des récoltes de la nation. Le blé et les autres
céréales seraient ensuite distribués grâce à un réseau d’associations, ou de «
centuries », dont chacune serait composée d’une centaine de familles et
disposerait de son propre « grenier d’abondance », de sa propre école, de sa
propre assemblée. Fourier ne mentionne nulle part dans ses écrits L’Ange, mais
il n’est pas impossible qu’il ait trouvé dans les plans et projets du juge
lyonnais une inspiration pour ses propres réflexions utopiques 8 . Il est certain, en revanche, que la ville
de Lyon, avec sa pauvreté, son agitation sociale, son ferment de pensée
mystique et utopique fut une révélation pour Fourier. Au sortir de la pieuse
éducation qui lui avait été inculquée dans un bastion du traditionalisme catholique,
Lyon lui ouvrit soudain des mondes nouveaux.

II
    Les premiers mois qu’il passe à Lyon, Fourier travaille comme
commis pour la firme Bousquet & Viala, marchands drapiers, passant
sans doute le plus clair de son temps dans la boutique de la place de l’Herborerie
à tenir le comptoir, mesurer et couper le tissu, aider à l’inventer, s’initier
à la comptabilité, etc. Il ne perçoit aucun salaire; son employeur lui assure
le gîte et le couvert, mais contre versement par Mme Fourrier mère d’une
substantielle pension 9 . Ce sont là
les conditions habituelles d’apprentissage faites par les négociants prospères
aux jeunes gens de milieu social similaire à celui de Fourier. Il n’est pas
exclu que le principal associé, François-Antoine Bousquet, ait été une
connaissance du père de Charles. Ses relations avec le jeune homme sont en tout
cas paternelles. Rapidement, il commence à lui demander de l’accompagner au
cours de ses tournées dans le Midi. En juillet 1791, alors que Charles passe
quelques jours de vacances dans le Bugey chez ses sœurs mariées, Bousquet écrit
en termes chaleureux à Mme Fourrier : « Je vous confirme, Madame, que rien
n’égale la bonté du caractère de M. votre fils; il est doux, honnête et
instruit ; il m’a fait le plus grand plaisir dans nos voyages 10 . »
    Animé qu’il est par une grande curiosité à l’égard de lieux et
de paysages nouveaux, Fourier trouve, semble-t-il, infiniment plus d’attrait à
la vie de voyageur de commerce qu’à celle d’employé sédentaire posté derrière
un comptoir. Bientôt, il part seul sur les routes pour le compte de ses
employeurs. Puis, en 1792, il est sur sa propre demande envoyé à Marseille,
pour y superviser, pense-t-on, le transbordement des cargaisons de soie, de
coton et d’autres marchandises en provenance du Levant et leur expédition à
Lyon. Pour un jeune homme curieux du vaste monde, Marseille est une ville assez
grisante 11 . Sur ses quais se
mêlent tous les peuples du monde méditerranéen ; dans ses entrepôts s’entassent
tapis, cotonnades imprimées, calicots, riz, grain, peaux, olives d’Italie, vins
de Chypre.
    Port de commerce tumultueux et rude, Marseille, à cette époque,
dit Jean Jaurès, est « traversée encore d’autant de corsaires que de marchands,
et plus d’une fois son négoce ressemble à une bataille ». Le séjour qu’il y fit
joua un rôle important dans l’éducation commerciale de Fourier. Il n’oubliera
pas, par exemple, un épisode dont il fut témoin en 1792, où des courtiers
marseillais empochèrent jusqu’à 3 000 francs de bénéfice sur la vente d’une
seule cargaison. « Ces bénéfices de 3000 francs s’appellent un “ déjeuner de
courtier ” », note Fourier, qui ajoute : « Il y a moins de peine à faire

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