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Fourier

Fourier

Titel: Fourier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jonathan Beecher
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Paris : comme la Société
libre pour l’éducation du peuple, société hors la loi, elle pouvait être source
de subversion. Parmi ses conférenciers réguliers, on trouvait Victor
Considerant, avec un cours intitulé « Science sociale », le médecin de Fourier,
Léon Simon (« Médecine homéopathique »), et l’inévitable inventeur de systèmes
Hyacinthe Azaïs (« Explication Universelle »). Voir le dossier de police sur la
société, AN F7 6699 (dr. 29).
    Quand il reconstitua sa société en 1836, le président F. de
Moncey écrivit à Fourier pour lui demander « d’accepter le titre de président
d’une section spéciale de Science Sociale selon votre système ». Moncey
souhaitait ainsi aider Fourier et ses disciples à attirer l’attention sur « les
théories que vous avez développées avec tant de talent dans vos écrits et
quelquefois aussi à notre tribune. Nous ne sommes pas toujours entièrement
d’accord; mais nous nous rencontrerons sur quelques points, et ce sera autant
de gagné pour l’humanité et la civilisation ». De Moncey à Fourier, le 24
octobre 1836, AN 10AS 25 (3).
    Mais les disciples ont leurs doutes sur ces cours et craignent
que Fourier ne s’y donne en ridicule. Le fait est qu’il n’en est pas loin : il
faut l’empêcher, par exemple, de consacrer une séance entière à rembarrer un
certain M. Desplanches qui a critiqué ses idées en matière d’économie. Une
autre fois, en réponse à une question sur la liberté dans la Phalange, il
stupéfie son auditoire en décrivant de façon très précise la domesticité
passionnée en Harmonie. Même Muiron trouve à se plaindre des « éternelles
jérémiades » de Fourier sur les infortunes des inventeurs français. Et il
conclut que sa prestation est dans l’ensemble « passable 5 ». Le maître, lui, ne cache pas sa
satisfaction. Dans une lettre à Muiron, après s’être copieusement répandu en
injures contre ceux qui cherchent à rattacher ses idées sur la propriété à
celles de Saint-Simon, il écrit : « Malgré [la] prédominance du
Saint-Simonisme, les auditeurs reviennent en grand nombre à moi. Je m’en suis
convaincu dans ma leçon d’hier. Déjà les deux zoïles principaux D... et L...
n’ergotent plus contre moi; et pour les intimider, j’ai hier fait une
dénonciation régulière de l’économie politique, et prouvé, que sur neufs
conditions dont se composait sa tâche, elle n’a satisfait à aucune 6 . »
    D’août 1833 à février 1834, le maître partage avec Charles
Pellarin la direction du Phalanstère, et ce dernier nous a laissé un magnifique
portrait du Fourier de cette époque :
    Ce qui frappait d’abord lorsqu’on voyait Fourier,
l’homme du monde le plus simple dans sa tenue et dans ses manières, c’était son
regard perçant, - ce regard d’aigle, propre aux hommes de génie - que surmontait
un front large, élevé et remarquablement beau. Chez lui les parties antérieures
du crâne, siège des facultés intellectuelles, suivant les phrénologistes,
offraient en général un développement extraordinaire comparativement au reste
de la tête, qui était plutôt petite que grosse. Son nez aquilin, quoique déjeté
à gauche par suite d’une chute faite dans la jeunesse, ne nuisait point à
l’ensemble harmonieux du visage. Ses lèvres minces, habituellement serrées
l’une contre l’autre et s’abaissant fortement vers les angles de la bouche,
dénotaient la persévérance, la ténacité, et donnaient à la physionomie de
Fourier une certaine expression de gravité et d’amertume. Ses yeux bleus, qui
semblaient lancer des éclairs dans les moments de discussion animée, par
exemple lorsqu’il faisait justice de quelque sophisme allégué contre la vérité
sociale et qu’il confondait un ergoteur civilisé, brillaient dans d’autres
instants d’un éclat doux, mélancolique et triste 7 .
    Fourier passe alors le plus clair de son temps à rédiger des articles
pour sa revue. Pellarin nous apprend qu’il est souvent à son bureau dès six ou
sept heures du matin, et que, fidèle à sa passion de la « papillonne », il
travaille par courtes périodes de deux heures, entrecoupées de promenades dans
le Sentier ; on l’y voit souvent, perdu dans ses pensées, se parler tout haut,
ou s’arrêter de temps à autre pour griffonner une idée dans le petit carnet
qu’il porte toujours sur lui 8.
    Les derniers numéros de la revue sont presque entièrement
constitués

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