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Fourier

Fourier

Titel: Fourier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jonathan Beecher
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Terreur, mais aussi l’arrêt de la brève expérience de contrôle de l’économie
tentée par les Jacobins. Il sonne notamment le glas des efforts du gouvernement
pour faire appliquer le « maximum » sur le prix des denrées et sur les
salaires, maximum qui était en vigueur depuis septembre 1793. Bien qu’on ne
soit jamais parvenu à l’appliquer avec rigueur, le maximum s’était révélé un
moyen relativement efficace de rationnement en temps de guerre. Il avait permis
au gouvernement d’acheter de la nourriture et des fournitures pour ses armées
sur un marché relativement stable. Doublé par la politique de réquisition et de
nationalisation, et par une certaine retenue dans le maniement de la planche à
billets, il lui avait aussi permis de survivre dans une période de grand
désarroi économique, politique et militaire. Avec Thermidor vint la levée de
ces contraintes. En décembre 1794, le maximum est aboli. Entre cette date et la
fin de 1795, la valeur de l’assignat, restée relativement stable sous la
dictature jacobine, chute de 20 % à moins de 1 % de sa valeur nominale. La
spéculation s’emballe : sur les biens nationaux, les grains, les perruques, les
peaux de lapin, sur tout ce qui peut s’acheter ou se vendre, dans une monnaie
qui ne cesse de se déprécier (au point que le gouvernement lui-même finit par ne
plus accepter son propre papier-monnaie en paiement des impôts).

IV
    On est au plus fort de la crise économique, fin janvier 1796,
lorsque Fourier est libéré de l’armée. Aussitôt son congé obtenu, il revient à
Besançon, où il va rester les six mois suivants. Un de ses premiers soucis est
de régler ses affaires financières et de sauver ce qu’il reste de son héritage.
On ne sait pas avec précision combien il restait d’argent à Fourier après ses
pertes lors de l’insurrection de Lyon : une somme apparemment encore
considérable. Il semble avoir investi cet argent à Livourne. Parmi ses papiers,
on trouve en effet une lettre au banquier Luc Preisverch, de Bâle, où il
reconnaît avoir reçu 33 026 francs « formant le solde de [son] compte sur
Livourne 33 ». Quelques années plus
tard, il ne reste plus rien de cette somme. On ignore dans quelles
circonstances il l’a perdue. Pellarin dit que le « surplus » de la fortune de
Fourier a été « englouti dans le naufrage d’un bâtiment de Livourne 34 ». Quoi qu’il en soit, à la fin du
Directoire, la presque totalité de l’héritage de 1793 a disparu. Fourier, sa
mère et ses sœurs espèrent encore forcer leur cousin Antoine Pion à rembourser
l’argent qu’il leur a « volé » à l’époque de l’association avec Mme Fourrier
dans les années 1780. La famille finit par lui faire un procès. Mais le seul
résultat d’années de procédure, auprès de trois tribunaux différents, est la
perte de quarante mille francs en frais d’avocat 35 .
    Dans la période qui suit son congé, Fourier s’attache à
réfléchir à son expérience de soldat et à mettre au clair ses idées en matière
d’organisation des armées et de stratégie. Pendant le printemps et l’été 1796,
il jette sur le papier ses réflexions sur diverses questions d’ordre militaire.
Cela prend parfois la forme de lettres, qu’il envoie à divers membres du
gouvernement. Ainsi, le 21 juin 1796, il écrit au Directoire : il faut, selon
lui, redessiner la frontière entre la France et la Suisse afin de donner à
l’armée française un passage rapide du Rhin aux Alpes 36 . Vers la même époque, c’est une lettre au
ministère de la Guerre, pour préconiser la création d’un corps d’« arquebusiers 37 ». L’intérêt que, ce printemps
1796, Fourier porte aux choses militaires ne se limite pas aux mouvements de
troupes ou à la création de corps particuliers. Selon un ami, Fourier médite
des plans et projets d’une vaste envergure pour tout le système de
ravitaillement et l’organisation générale des armées 38 .
    A la fin de l’été ou au début de l’automne 1796, Fourier
retourne à Lyon, entre-temps devenue « la capitale de la Contre-Révolution en
France 39 », et reprend son emploi
auprès de son ancien patron, François-Antoine Bousquet. La maison Bousquet n’a
pas traversé sans encombres la période troublée de la Révolution. Dénoncé,
emprisonné, puis placé sous surveillance pendant la Terreur, Bousquet père a dû
attendre jusqu’après Thermidor pour obtenir le « certificat de

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