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Fourier

Fourier

Titel: Fourier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jonathan Beecher
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Révolution, sa théorie et sa pratique.
Jamais il ne renoncera à son rêve premier : élaborer un système universel qui
comble le vide intellectuel laissé par 1789 et ce qui s’ensuivit, A ce titre
comme à d’autres, sa pensée gardera toujours l’empreinte de la période de
transition qui sépare Thermidor de l’avènement de l’Empire.

CHAPITRE IV
Sergent de boutique de province
    Plusieurs quartiers du vieux Lyon sont restés tels qu’ils ont
été pendant des siècles. Sur la rive droite de la Saône, dans les quartiers
Saint-Jean ou Saint-Paul, au pied de Fourvière, on a pieusement conservé rues
étroites et maisons datant de la Renaissance. Les escaliers massifs en
colimaçon sont encore là, et on doit toujours baisser la tête pour pénétrer
dans les cours sombres par des entrées longues et basses. La spacieuse place
Bellecour avec ses monumentales façades Louis XVI n’est pas moins imposante
aujourd’hui qu’à l’époque où des tilleuls y abritaient de leur ombre les
patriciens du Lyon impérial. Face à Fourvière, la colline « pieuse », se dresse
la colline « travailleuse », la Croix-Rousse, sur les pentes de laquelle le
dédale des « traboules » nous rappelle que ce fut ici autrefois la forteresse
des canuts. Au pied de la Croix-Rousse, la place des Terreaux, grande place carrée,
active, bordée de cafés et de boutiques, est dominée aujourd’hui comme en 1800
par l’hôtel de ville et le palais Saint-Pierre. Le quartier des Terreaux, en
revanche, qui s’étend entre les deux fleuves, de la place des Terreaux au nord
à la place Bellecour au sud, a totalement changé de physionomie. C’était à
l’époque de Fourier un labyrinthe de petites ruelles tordues, d’échoppes,
d’ateliers. Depuis on l’a entièrement reconstruite; on y a percé les grandes
avenues : la rue de la République, la rue du Président-Herriot. Le quartier est
toujours le cœur commercial de la ville, mais, à part quelques noms de rues -
rue Mercière, rue de la Poulaillerie, rue Mulet, rue du Bât-d’Argent, rue de
l’Arbre-Sec -, peu de choses évoquent le décor dans lequel Fourier vécut et
qu’un journaliste de l’époque décrivait en ces termes : « rues sales, obscures,
rues éternelles, marchandes, indignes de négociants 1 ». Les Terreaux, c’était le Lyon du marchand, non du
négociant ; de la boutique et non du magasin. C’est là que Fourier s’installe à
son retour de Paris en 1800 et va vivre pendant pratiquement tout le Consulat
et l’Empire.
    Louis Reybaud, un Marseillais qui connaissait son Lyon, a laissé
une description qui évoque bien l’atmosphère dans laquelle Fourier a vécu et
travaillé ces années-là :
    Ce qui frappe le plus vivement quand on parcourt la ville
de Lyon, c’est le soin avec lequel on y a ménagé et employé l’espace. A peine
ça et là aperçoit-on quelques grands découverts, comme les places des Terreaux
et de Bellecour ; partout ailleurs ce n’est qu’un entassement confus de maisons
si hautes que le jour en est presque intercepté. On chercherait vainement, hors
de la ligne des quais, une perspective régulière, une de ces rues largements
ouvertes, où la lumière et l’air se jouent librement. Le cœur de la cité... est
sillonné de ruelles qui se brisent de manière inégale et forment un labyrinthe
presque toujours obscurci par le voile des brouillards et un épais nuage de
fumée... Entre les deux grandes voies d’eau... il ne reste qu’une superficie
fort restreinte, encaissée d’un côté par les hauteurs de la Croix-Rousse, de
l’autre par les escarpements de Saint-Just et de Fourvière. De là cette
nécessité de resserrer et d’exhausser les habitations, en même temps que l’on
réduisait outre mesure l’espace abandonné à la circulation et à la voie
publique. Ainsi le luxe des cours et des jardins.... est absolument ignoré à
Lyon. La végétation y est pour ainsi dire supprimée, et les vides intérieurs
ménagés dans les constructions sont à peine suffisants pour les éclairer et les
aérer de manière à les rendre habitables. Nulle part les maisons ne ressemblent
davantage à des ruches, et le bourdonnement sans fin qui s’élève de cette
enceinte affairée rend cette ressemblance plus frappante et plus juste encore 2 .
    Cherchant à imaginer avec plus d’exactitude à quoi pouvait
ressembler le Lyon de Fourier, on va consulter guides, almanachs, et même
gravures de l’époque. En vain. On y

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