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Fourier

Fourier

Titel: Fourier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jonathan Beecher
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trouve une foule de détails sur les
monuments de Lyon, ses églises, les dimensions de son hôtel de ville. On y voit
chanter les louanges de l’ombre que procurent les robustes tilleuls de la place
Bellecour, ou des somptueuses résidences de Perrache ou de Saint-Clair,
nouveaux bastions des industriels dont l’aristocratie fleurit dans la ville.
Mais sur le quartier des Terreaux, cœur commercial de la cité, pratiquement pas
un mot. Le touriste est censé le traverser rapidement. S’il s’arrête, ce sera
peut-être pour remarquer, comme cet aristocrate de passage, que, à la différence
du quartier de Belle-cour, le quartier des Terreaux est « mal bâti : les rues
en sont étroites et sales, les maisons élevées et la multitude d’allées qui
sont autant d’égouts, les boucheries, les teintureries, les hôpitaux y font
respirer l’air le plus infect, le plus méphitique et le plus dangereux 3 ».

I
    C’est sur la place des Terreaux, juste en face de la Bourse - le
« palais de mensonges », comme il aimait l’appeler -, que la diligence de Paris
dépose Fourier le 4 juin 1800. Le programme d’études dans lequel il s’est
embarqué à Paris à la suite de sa « découverte » n’aura pas duré plus de huit
ou neuf mois. Pour élaborer dans le détail sa théorie, il lui faudra encore,
estime-t-il, trois ou quatre ans d’effort soutenu 4 . Or, le voilà maintenant dans l’obligation de retourner à
Lyon reprendre un emploi auprès de son ancien patron, François-Antoine
Bousquet. Quelques jours après son arrivée, accompagné par le fils et par l’un
des associés de Bousquet, Frédéric Fournier, Fourier se rend à la mairie signer
son permis de résidence temporaire. Le document le désigne comme le « citoyen
Charles Fourier de Besançon », commis marchand de profession, de petite taille,
avec un grand visage ovale, des yeux gris et le front haut. Il loge
provisoirement « chez le citoyen Chevalier », au 165 rue Lafond, juste à côté
de la résidence de son employeur 5 .
Il ne restera que peu de temps à cette adresse avant de trouver une marchande,
la veuve Pauline Guyonnet, qui a une chambre à louer, au 74 rue Saint-Côme,
petite rue active qui serpente de la place de l’Herborerie jusqu’à la place des
Terreaux. Au printemps 1808, il déménage dans un autre meublé, non loin de là,
rue Clermont, une rue de marchands de vin, située juste derrière la Bourse : il
y restera jusqu’en fin 1815, dans un appartement donnant sur les échoppes des
marchands de parapluies de la place du Plâtre.
    Les événements de 1799-1800 ont apporté deux changements
décisifs dans la vie de Fourier. D’abord, il a désormais une mission. Pendant
les huit années à venir, il va se consacrer à l’élaboration et au
perfectionnement du « calcul newtonien », cœur de son système. Chaque jour,
après le travail, il passera au moins quelques heures à élaborer ses idées,
dans une série de carnets dont le nombre va sans cesse grandissant, qu’il
conserve pieusement et emporte avec lui dans toutes ses pérégrinations. Il
continue, assure-t-il, à faire des « découvertes ». Mais autant qu’on puisse en
juger d’après les références assez obscures qu’il fait à sa propre évolution
intellectuelle, toutes ces découvertes s’inscrivent désormais dans un même
cadre et ne font que préciser et développer tel ou tel aspect de la révélation
initiale 6 .
    Dans la vie sociale de Fourier, le début du siècle marque aussi
une étape importante. Depuis qu’il a perdu, en 1800, le dernier reliquat de son
héritage, il se trouve définitivement « déclassé ». Condamné à une carrière
subalterne dans le commerce, Fourier est homme trop méticuleux dans ses
habitudes pour tomber jamais dans la pauvreté noire. Il parviendra toujours à
gagner assez pour s’offrir quelques menus plaisirs, et les bonnes années, à
Lyon, ses revenus atteindront la somme tout à fait confortable de quatre ou
cinq mille francs par an. Mais pendant quinze ans, tandis qu’il construit sur
le papier sa cité idéale et tient la chronique des glorieuses aventures et des
intrigues amoureuses de ses habitants, sa vie réelle se limitera à la terne
routine du travail, avec ici et là quelques distractions sans grand éclat. Il
lui faudra attendre 1816 pour pouvoir consacrer tout son temps et son énergie à
ses réflexions et écrits, la seule chose qui lui tint vraiment à cœur. Embarqué
dans

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