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Fourier

Fourier

Titel: Fourier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jonathan Beecher
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réduire à sa
juste valeur 8 .
    Le veto de Fourier suffit à empêcher que le mariage se fasse.
Dans une lettre à son neveu Georges Rubat, il se sent néanmoins obligé de se
justifier sur la manière dont il a mené cette affaire, et le ton de cette
lettre donne à penser que les autres membres de la famille ne partageaient pas
entièrement sa conviction qu’« un pareil nigaud ne méritait pas même qu’on
s’informât de lui ».

II
    En dépit de ces menues querelles, la famille dans son ensemble
admet, lorsque Fourier décide en 1815 de se retirer à la campagne, que sa
présence à Talissieu sera bénéfique. Les enfants Rubat ont besoin de
surveillance. Leur mère est enfermée depuis des années dans un asile d’aliénés.
Le poids des frais et dépenses incombe au fils aîné, Georges, qui essaie de
s’établir dans les affaires, à Paris 9 .
Les sept autres enfants, dont l’âge s’échelonne de douze à trente ans,
demeurent à Tallissieu, où ils sont livrés à eux-mêmes (les filles, en
particulier, n’ont pratiquement jamais fréquenté l’école). Fanny n’est toujours
pas mariée. Quant à ses plus jeunes sœurs, Hortense et Clarisse, qui ont un peu
plus de vingt ans, elles ont acquis dans toute la région une réputation
certaine pour la liberté de leur style de vie. La rumeur de leurs frasques est
parvenue à Fourier jusqu’à Lyon, mais, se targuant d’être « tolérant par principe
», il n’y a guère sur le coup attaché d’importance.
    Sa surprise, en arrivant à Talissieu en décembre 1815, vient
moins des mœurs dissolues de ses nièces que de leur art consommé de la
dissimulation 10 . Ces jeunes filles
reçoivent beaucoup. La maison est souvent emplie d’amis, des soldats, jurant à
qui mieux mieux et menant grand tapage. La nuit, ce ne sont que bruits étranges
et mystérieuses allées et venues. Fourier se doute bien de ce que tout cela
signifie, et au fond il ne désapprouve pas vraiment. Il veut quand même
signifier aux jeunes filles qu’il n’est pas dupe. Il entre, pense-t-il, dans
son rôle de « père » de les taquiner gentiment sur le comportement « bizarre »
de leurs cavaliers. Mais s’y risque-t-il qu’elles jouent l’innocence outragée.
Parmi les hommes à fréquenter assidûment la maison, il y a par exemple un
dénommé Garin de Lamorflanc, qui semble bien traiter les nièces de Fourier
comme « des grisettes de bas étage ». L’oncle hasarde-t-il une remarque à ce
sujet et ce sont aussitôt des protestations : l’individu est un « saint homme »
! Fourier doit rengainer ses commentaires. Un autre habitué des lieux, un
capitaine du nom de Labatie, honore la maisonnée de sermons si ampoulés sur la
moralité chrétienne que Fourier en vient à se demander s’il a affaire à un
militaire ou à un frère capucin. Une piété aussi ostentatoire lui semble pure
hypocrisie. D’emblée, autrement dit, il discerne dans le comportement de ses
nièces et de leurs amis une « bégueulerie calculée » qui le choque plus que ne
l’aurait fait un comportement ouvertement licencieux. Néanmoins, il tient sa
langue.
    Absorbé par ses travaux, ne sortant de la maison que de temps en
temps, pour dîner au village ou faire une promenade solitaire dans les bois,
Fourier laisse ses nièces dire et faire comme bon leur semble. Il lui arrive
souvent de quitter Talissieu le dimanche, pour aller rendre visite aux
Parrat-Brillat, à Belley, laissant aux jeunes filles la haute main sur la
maison, et se gardant bien de poser des questions à son retour. Elles lui sont
reconnaissantes pour sa discrétion. Quant à lui, il trouve auprès d’elles la
sollicitude, l’affection, qui lui ont si souvent manqué dans sa vie. Aussi,
pendant les six premiers mois, tout se passe le mieux du monde. A l’égard de
Clarisse, la plus séduisante, il éprouve même un « brin d’amour », qu’il prend
soin de dissimuler, ce qui lui fait, du coup, découvrir les ressources du «
parentisme ». Loin de profiter éhontément de l’affection que Clarisse lui porte
en retour, quand il traverse la nuit sa chambre, c’est sur la pointe des pieds,
afin de ne pas la déranger dans son sommeil. Il éprouve également une certaine
inclination pour une jeune amie de ses nièces, une certaine Rosine (« dont,
dit-il, je me déclarais partisan parce que chacun la maltraitait »). Il ne va,
toutefois, pas plus loin : « J’étais, racontera-t-il plus tard, venu [à
Talissieu] avec

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