Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
Vom Netzwerk:
m’écarta de son chemin et sortit au pas de course sur la place, où il ordonna d’une voix forte qu’on lui amène son cheval. Alors que ses hommes se précipitaient pour lui obéir, je lui saisis le bras.
    — Dis-moi ce que tu sais !
    Il me paraissait pour le moins inconcevable que César continue à me cacher le moindre élément à ce stade-là, et pourtant c’est exactement ce qu’il avait l’air de vouloir faire.
    De nouveau, il m’écarta d’un geste et somma un condottiere de venir.
    — Escorte Donna Francesca jusque chez elle et assure-toi qu’elle ne quitte pas les lieux. Mets des gardes devant l’immeuble, derrière, dans le jardin, dans la loggia, devant sa porte. Me suis-je bien fait comprendre ?
    Le jeune homme le gratifia d’un hochement de tête si vigoureux que la plume rouge de son casque remua d’avant en arrière, telle la queue d’un grand oiseau face au danger.
    Mais César n’en avait pas terminé.
    — Je sais que tu es terrifié par elle ; il n’y a que les insensés qui ne le seraient pas. Mais souviens-toi, tu as bien plus à craindre de moi. Suis-je clair ?
    De nouveau, le garde dodelina de la plume. L’officier aboya un ordre et une demi-douzaine d’hommes se déployèrent autour de nous. En quelques secondes, je fus encerclée et piégée.
    — Tu n’as pas le droit de faire ça ! Je ne pourrai pas protéger ton père si tu m’enfermes !
    Un page arriva avec le grand destrier couleur d’ébène. Le cheval s’agita, mais César sauta en selle et eut tôt fait de maîtriser la bête. Il m’accorda ensuite un regard. Ce même mélange de douleur et de colère que j’avais détecté un peu plus tôt était toujours là, et restait tout autant incompréhensible.
    — Je n’arriverai jamais à traquer Morozzi si je dois tout le temps avoir peur qu’il ne t’attrape en premier.
    À ce moment-là je vis sur le côté, nous observant et n’ayant pas l’air de vouloir bouger le petit doigt, Vittoro. Un regard passa entre les deux hommes ; ils étaient certes de situations et d’âges différents, mais c’étaient aussi deux guerriers, et en cela ils raisonnaient pareillement. Une sorte d’accord tacite fut conclu entre eux, un arrangement quant à la marche à suivre. Manifestement, je n’en faisais pas partie.
    — Tu veux dire que tu as peur que je l’attrape avant toi, oui ! criai-je, mais cela ne servait à rien. L’homme et sa monture s’élancèrent d’un bond, et le bruit des sabots frappant le pavé résonna longtemps sur l’immense place, jusqu’à ce qu’il s’évanouisse dans la nuit.

27
    Sur le chemin du retour vers mon appartement, alors que ma monture était encerclée par des hommes en armes, je fis de mon mieux pour me tenir tranquille. Les chances de faire comprendre à quiconque le ridicule de ma situation étaient négligeables, mais je me sentis tout de même obligée d’essayer, ne serait-ce que parce que je n’avais pas d’autre idée. Malgré l’heure tardive, Portia se trouvait dans la loggia à mon arrivée. Elle leva un sourcil en voyant mon escorte, mais se garda de tout commentaire jusqu’à ce que j’aie retrouvé la terre ferme et marché jusqu’à elle.
    — Allons donc, qu’avez-vous encore fait pour qu’il vous renvoie chez vous sous escorte ?
    — C’est pour ma propre protection, ne voyez-vous pas ? Je ne suis qu’une pauvre femme sans défense, et il faut me séquestrer pour être sûr et certain qu’il ne m’arrivera rien.
    Portia émit un petit gloussement.
    — En vrai, pourquoi fait-il cela ?
    Je me le demandais bien moi-même. Je ne pouvais totalement exclure que César veuille vraiment me protéger ; après tout, il m’avait sauvé la vie dans le grenier de la basilique Saint-Pierre, l’année précédente. Mais l’extraordinaire possibilité qui m’était venue à l’esprit en le voyant échanger ce regard avec Vittoro ne pouvait non plus être ignorée. Je me raisonnai en me disant que j’avais nécessairement faux, mais j’avais beau essayer je n’arrivais pas à m’ôter cette idée de l’esprit.
    — Je vais avoir besoin que vous me fassiez quelques courses, puisqu’on tient tant à m’enfermer, visiblement, repris-je suffisamment fort pour que les gardes entendent. Montez avec moi, et je vous donnerai la liste.
    — Naturellement, Donna Francesca, répondit Portia au même volume.
    Elle se fendit d’une petite révérence appuyée tout en jetant un regard

Weitere Kostenlose Bücher