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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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César leur ferait subir s’ils manquaient à leur devoir) et l’ennui — un ennui insoutenable, rendu pire encore par les facéties des enfants de mes voisins qui, à chaque heure qui passait sans que rien d’intéressant arrive, s’enhardissaient davantage. Aux dernières nouvelles ils s’amusaient à passer comme des flèches devant mes geôliers, avant de disparaître la seconde d’après, dans l’unique but de les tourmenter.
    — Il y aurait presque de quoi s’attendrir sur leur sort, poursuivit-elle. Les pauvres sont armés de pied en cap, par cette chaleur, et ils ne savent même pas qui craindre le plus, vous ou César.
    — Moi, naturellement, répliquai-je en me laissant aller en arrière, une main sur le ventre. Mon assiette était vide, mais Portia avait veillé à ce que mon verre soit toujours rempli. La sombre tristesse qui ne m’avait pas lâchée depuis que j’avais quitté l’échoppe de Rocco rôdait toujours dans les parages, mais elle était à distance suffisante pour que je puisse au moins feindre de l’ignorer.
    — Portia, vous devriez changer de métier et devenir chef de cuisine, fis-je. Borgia vous embaucherait. Je l’y obligerais.
    — Jamais je ne travaillerais pour cet homme, même s’il se mettait à genoux pour m’offrir du travail, rétorqua-t-elle d’un air méprisant.
    Elle non plus n’avait pas lésiné sur le vin.
    — C’est un coureur de jupons, vous savez, se sentit-elle obligée d’ajouter. Mais malheureusement, ce n’est pas le pire de ses défauts.
    — Vous n’avez pas besoin de m’en dresser la liste. Auriez-vous oublié que je suis supposée le garder en vie ?
    — Et ça ne doit pas être une tâche facile. Se lève-t-il tous les matins déterminé à se faire davantage d’ennemis dans la journée ? Les Français, la plupart des princes de l’Église, les Espagnols s’il n’accède pas à leurs désirs, la famille Sforza si au contraire il cède. Redites-moi, pourquoi a-t-il été élu pape, déjà ?
    — C’était la volonté de Dieu.
    Nous attrapâmes toutes deux le fou rire. J’étais un peu ivre, je vous l’accorde. Cependant, pour ma défense, j’étais loin d’être la seule femme (ne nous aventurons même pas à compter le nombre d’hommes) à tenter de faire s’éloigner l’ombre de la mort dans les bras du gentil Bacchus.
    — La vraie question, c’est pourquoi Borgia n’a pas envoyé ses propres hommes pour vous libérer, reprit Portia. Qu’est-ce que César a bien pu lui dire pour qu’il tolère votre absence ?
    — Au hasard, je dirais que son père me croit enfermée parce que je sers d’appât pour attirer un ennemi dans un piège.
    — Vous-même paraissez en avoir un certain nombre, fit-elle remarquer d’un air sagace.
    Je haussai les épaules.
    — À l’opposé, peut-être le pape pense-t-il que l’on s’est brouillés parce qu’il nous a obligés à travailler ensemble. Peut-être même était-ce ce qu’il voulait.
    — Mais cela n’a pas de sens. Pourquoi voudrait-il cela ?
    Je levai la coupe et la fis lentement tournoyer, comme si elle recelait la clé du mystère.
    — C’est qu’il a une face cachée, notre pape. On ne le croirait pas à le voir comme ça, mais elle est bien là. Et elle lui murmure à l’oreille que César et moi sommes de mèche contre lui.
    Portia eut l’air choquée, mais guère surprise. Plus un homme s’élève en ce monde, plus il est exposé à tous vents. Toutefois, ce genre de détail n’était pas censé venir dans une conversation informelle comme la nôtre, et elle le savait.
    — Je vais nettoyer, Donna. Allez vous reposer, vous en avez besoin.
    Peut-être, mais ce que je voulais moi, c’était davantage de vin et un peu de compagnie pour tenir mes sombres pensées à distance.
    — Le soleil vient à peine de se coucher. Je n’arriverai jamais à dormir aussi tôt.
    — Dans ce cas, contentez-vous de vous allonger, proposa-t-elle en me menant comme un enfant revêche à mon lit, où elle s’attarda jusqu’à ce que mes vêtements d’homme gisent sur le sol et que je sois couchée dans des draps de lin frais, avec Minerve pour veiller sur moi.
    En dépit de mes protestations, je sombrai rapidement dans le sommeil — mais pas avant d’avoir saisi la main de Portia et de lui avoir murmuré :
    — Je suis tellement désolée. Pardonne-moi.
    — Mais pour quoi, Donna ? fit-elle en haussant les sourcils. Qu’avez-vous fait ?
    Si je

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