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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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devoir trouver le meilleur arrangement possible, et faire son deuil du reste.
    Dans le but de lui donner davantage d’options, je m’attelai à la tâche de transformer les diamants que j’avais maintenant en ma possession en une poudre la plus fine possible, ce qui allait réduire d’autant leur valeur fabuleuse.
    Mais avant de commencer, je le confesse, je pris le temps de songer à tout ce que j’aurais pu faire avec ces gemmes. Il y en avait assez pour que je vive vautrée dans le luxe, n’importe où dans le monde, pour le restant de mes jours ; sans compter la protection indispensable à ce genre d’existence. J’aurais pu m’enfuir à Constantinople, où les Ottomans semblaient déterminés à fonder un grand centre de savoir. Je n’aurais su dire si en tant que femme j’y aurais été la bienvenue, mais la grande richesse sait arrondir tous les angles. Ou bien à Paris : je me serais déguisée en garçon et serais entrée à l’université. Et il y avait toujours Bruges ou Bâle, deux grands centres de savoir eux aussi, diffusant leur lumière dans notre monde obscur. En faisant preuve d’une extrême prudence, j’aurais pu échapper au courroux de Borgia et devenir cette créature pour le moins rarissime : une femme libre, célibataire et riche.
    Ainsi donc j’aurais peut-être réfléchi plus avant à cette idée, mais je me sentais retenue par ma vie présente. Au-delà du fait que je souhaitais toujours ardemment venger mon père, j’aurais également été obligée de quitter Rocco, Sofia, David et les autres, toutes personnes auxquelles j’étais profondément attachée, et qui à cause de moi auraient peut-être ensuite eu à subir le châtiment que Borgia me réservait. Cette pensée seule m’était intolérable.
    Ayant en tête l’emprise que Sa Sainteté avait sur ma vie, j’empoignai fermement le marteau à pointe d’acier acheté chez un forgeron de la via dei Fabbri, où les forges brûlent nuit et jour et l’air résonne continuellement de bruits métalliques. Je pris une profonde inspiration et, avant de trop réfléchir à la portée de mon acte, frappai un grand coup sur la bourse en cuir que j’avais posée sur la table. Je ne savais absolument pas à quoi m’attendre, mais si les diamantaires de Bruges (tant renommés pour leur art) étaient capables de façonner les pierres rien qu’en les tapotant délicatement à l’aide d’un maillet en acier, c’est qu’elles devaient pouvoir être morcelées. Le marteau était certes une méthode un peu brutale, mais à la différence des maîtres tailleurs de gemmes, je ne recherchais point la précision. Écrasés, ils m’iraient très bien.
    Cela me prit plusieurs jours, car je dus procéder lentement et vérifier souvent que le résultat obtenu était indétectable une fois mélangé au sel que je gardais à cette fin sous la main. Entre deux sessions de coups de marteau, je cachais la bourse dans le compartiment secret du coffre que j’avais hérité de mon père. Celui-ci avait été fabriqué selon un ingénieux mécanisme qui nécessitait d’exécuter une série d’actions dans un ordre précis pour désengager le verrou secret. Lorsque c’était le cas, le double fond s’inclinait légèrement, révélant sa présence. En revanche, un seul faux pas et le verrou se refermait.
    Un matin, alors que je venais d’y ranger les diamants et que je me préparais à partir pour le Vatican, je me souvins que c’était l’heure pour Minerve d’aller faire son tour dehors. Or, j’eus beau la chercher, je ne la trouvai nulle part. Sachant parfaitement que les chats prennent un malin plaisir à regarder les humains se fatiguer pour tenter de trouver leurs cachettes, je refusai de m’inquiéter et fis mine de partir quand même. J’allais fermer la porte quand elle apparut soudain – d’où, je ne sais exactement ; comme tous les immeubles de Rome, le mien avait aussi ses secrets. Elle se trouvait tout à coup là, au milieu du salon, et se mit à se lécher avec un admirable détachement.
    Lorsque nous revînmes du jardin, Benjamin m’attendait. En proie à une nervosité visible, il m’apostropha dès qu’il me vit :
    — Donna Francesca, Padrone Alfonso tenait à te faire savoir que l’homme que tu recherches a peut-être été vu dans un tunnel sous le Trastevere aux petites heures du matin. Ce n’est pas une certitude, mais d’après la description que tu en as donnée, il se pourrait bien que ce

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