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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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contrebandiers se fondit aussitôt dans la pénombre. Quant à moi, je rentrai à mon appartement en sentant constamment à la lisière de mon champ de vision des ombres furtives, qui rasaient les murs et bougeaient sans arrêt pour ne pas se faire repérer.
    Pour la majeure partie il devait s’agir des hommes d’Alfonso surveillant sa nouvelle « partenaire » ; mais parmi eux devaient également figurer les espions de Borgia, car il était évident qu’il me faisait suivre. La semonce ne tarderait pas à arriver, songeai-je. Attentive à cela, je me mis au lit dans l’espoir de dérober quelques heures de sommeil à Morphée, pour au final me retrouver dans cet entre-deux, à mi-chemin entre le rêve et l’état de veille, où Rocco m’apparut encore et encore, se détournant de moi pour aller vers une autre femme qui ressemblait étrangement à Isis et lui ouvrait les bras avec un grand sourire.

19
    Ainsi que je m’y attendais, Sa Sainteté ne fut guère contente d’apprendre que j’avais trouvé un arrangement en son nom avec Alfonso. Mais lorsque je lui eus expliqué mon raisonnement, elle finit par approuver de mauvais gré.
    Cela ne l’empêcha tout de même pas de faire un commentaire :
    — D’abord les diamants, et maintenant ceci… tu commences à me coûter diablement cher.
    — Dans le but de vous épargner des désagréments bien plus ruineux.
    Ne trouvant rien à répondre à cela, Borgia me bannit de sa présence jusqu’à ce que j’aie quelque chose d’« utile » à lui dire, ainsi qu’il le formula. Les négociations avec de Haro devaient l’avoir ébranlé, car il n’avait pas l’air en très bonne forme. Cela dit il n’était pas le seul apparemment, Renaldo m’ayant confié dans le creux de l’oreille que l’émissaire souffrait de douleurs au ventre, et ce alors qu’il refusait de manger quoi que ce soit qu’il n’ait amené avec lui.
    — Ses vivres ont dû pourrir depuis bien longtemps et c’est ça qui le rend malade, je suis sûre, en avais-je conclu. À vrai dire c’était bien fait pour lui, puisqu’il était assez sot pour croire que de simples charrettes remplies de nourriture sauraient le protéger si Borgia en avait décidé autrement.
    Aurais-je tué de Haro ? Une question purement hypothétique, bien entendu. Sa relation avec l’émissaire commençait visiblement à le frustrer, mais pour autant Sa Sainteté ne laissa jamais entendre qu’il se réjouirait de sa mort ; et loin de moi l’idée de l’y encourager. Mais admettons qu’il y ait eu une raison impérieuse, quelque chose touchant à un sujet capital tel que la guerre ou la paix, la vie ou la mort ? Qu’aurais-je fait dans ce cas ?
    Quelques graines de jusquiame noire concassées dans du pain, peut-être. Ou bien un soupçon de jeunes tiges de pieds-d’alouette versées dans du vin. Ou, à défaut, l’un de mes préférés personnellement : de l’huile de belladone substituée à l’une des nombreuses imitations de saint chrêmes, dont les sots se persuadent qu’ils les protégeront d’un empoisonnement.
    Mais changeons de sujet ; Dieu me garde, surtout, de vous donner matière à pécher.
    En retournant à la maison plus tard ce jour-là, je trouvai non le message d’Alfonso que j’avais espéré mais un paquet de César. Il contenait une grande quantité de fine dentelle noire, du genre de celle que les Espagnoles utilisent pour se faire des mantilles, avec un mot suggérant que je trouve un usage plus intime à l’étoffe. Cela eut le don de me remonter le moral, qui n’était pas vraiment au beau fixe ces temps-ci.
    Le cadeau provoqua également des gloussements de la part de Portia, qui rôdait autour de moi lorsque je l’ouvris.
    — J’ai toujours apprécié les hommes qui savent faire preuve d’imagination, commenta-t-elle.
    — Oui, eh bien je vais devoir songer à ce que j’en ferai.
    N’ayant absolument aucun talent s’agissant des travaux d’aiguille, je ne savais pas du tout par où commencer.
    — Je peux vous recommander une bonne couturière, proposa la portatore. Elle ne vous volera pas, elle fait du bon travail et les commérages ne l’intéressent pas.
    Ayant obtenu le nom de cette femme modèle et remercié Portia pour cela, j’hésitai quand même à partir. Je me sentais accablée en ce moment, en fait depuis que Rocco m’avait annoncé sa nouvelle et même si je refusais à tout prix de l’admettre. Mais le fait est que je ne

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