Frontenac_T1

voix qu’il voulut assurée, même si la main tenant la lettre tremblait fortement, Knight, General and Commander-in-chief in and over their Majesties’ Forces of New-England, by Sea and Land, to Count Frontenac, Lieutenant General and Governor for the french King ...
    â€” Monsieur de Saint-Marc, lisez et traduisez, s’il vous plaît, ordonna Frontenac d’une voix sans appel.
    Il fit signe à son majordome de retirer la lettre des mains de Savage pour la donner à l’interprète. Ce dernier s’exécuta, en se raclant préalablement la gorge pour s’éclaircir la voix. Comme on le pressait, il ne put que faire une traduction grossière et littérale.
    â€” Du sire Guillaume Phips, chevalier, général et commandant en chef, par mer et par terre, des forces de Sa Majesté en Nouvelle-Angleterre, au comte de Frontenac, lieutenant général et gouverneur pour le roi de France en Canada ou, en son absence, à son député... ou à celui qui commande en chef à Québec. Les guerres entre les deux couronnes d’Angleterre et de France... ne sont pas seulement un motif suffisant, mais la destruction faite par les Français et les sauvages sous votre commandement et encouragement... sur les personnes et biens des sujets de Leurs Majestés de la Nouvelle-Angleterre, sans aucune provocation, les oblige de faire cette expédition pour leur propre sûreté et satisfaction...
    Le silence était total et l’atmosphère extrêmement tendue. Savage ne comprenait pas le français mais entendait le langage des visages, devenus soudainement sombres et crispés.
    L’interprète enchaîna :
    â€” ... comme aussi les cruautés et les barbaries exercées par les Français et les sauvages pouvaient, par cette présente occasion, nous engager à nous... revancher sévèrement, cependant... étant désireux d’éviter les actions inhumaines et contre le christianisme, comme aussi pour prévenir l’effusion du sang autant que possible, moi, ci-dessus, Guillaume Phips, chevalier, par ces présentes et au nom de Leurs Très Excellentes Majestés Guillaume et Marie...
    Un murmure de protestation s’éleva que Frontenac étouffa d’une main impérieuse. L’autre continua :
    â€” ... Guillaume et Marie, roi et reine d’Angleterre, d’Écosse, de France – des vitupérations montèrent à nouveau – et d’Irlande, défenseurs de la foi et par ordre de Leurs Majestés, gouverneur du Massachusetts, colonie dans la Nouvelle-Angleterre, demande que... vous ayez à rendre vos forts et châteaux sans être démolis, comme aussi toutes vos munitions sans y être touchées, comme aussi une prompte délivrance de tous les captifs, avec la délivrance de vos personnes et biens à ma disposition... ce que faisant, vous pourrez espérer pardon de moi comme un chrétien, ainsi qu’il sera jugé à propos pour le service de Leurs Majestés et le service de leurs sujets; ce que, si vous refusez de faire, je suis venu pourvu et résolu... avec l’aide de Dieu dans lequel je me fie... par force d’armes... de revancher tous les torts et injures qui nous ont été faits, et de vous rendre sous la sujétion de la couronne d’Angleterre... et lorsque trop tard vous le voudrez faire, regretterez de n’avoir pas plus tôt accepté la faveur que l’on vous a offerte. Votre réponse positive... dans une heure, par votre trompette, avec le retour du mien, est ce que je vous demande... sur le péril qui pourra s’en suivre. Signé : Guillaume Phips.
    Comprenant que la lecture était terminée, Savage tira une montre de sa poche et la tendit devant lui pour indiquer qu’il était dix heures précises. S’adressant à Louis, il le pria de le renvoyer à son bateau avec sa réponse, à onze heures pile.
    Les récriminations éclatèrent parmi les officiers. Des cris d’indignation fusaient de toutes les gorges.
    â€” Ne faudrait-il pas traiter cet insolent comme l’envoyé d’un corsaire et le pendre haut et court! se récria le sieur de Valrennes en désignant Savage du doigt.
    Ce dernier saisit d’instinct l’essentiel du propos et sentit son pouls s’accélérer. Une sueur froide lui coulait entre les omoplates.
    Ignorant la