Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Frontenac_T1

Frontenac_T1

Titel: Frontenac_T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Micheline Bail
Vom Netzwerk:
jusqu’à lui. Mis en joie par la perspective d’un repas en bonne compagnie, il s’engagea prestement dans l’escalier. Dans la salle à manger l’attendait Callières, entouré de quelques officiers, d’Oureouaré et de Charles de Monseignat, le secrétaire de Frontenac. La table était couverte de victuailles et de pichets de vin. Poule au pot, rôti de chevreuil et pâté d’anguilles dégageaient un agréable fumet.
    Frontenac et Callières attaquèrent les plats avec un égal appétit. Le festin allait bon train. Le ton montait et les regards s’égayaient lorsqu’une rumeur de bruits de sabots vint couvrir les conversations. On courut à la fenêtre.
    â€” C’est le commandant Valrennes qui s’amène avec ses hommes, articula un officier, la bouche pleine. Et n’est-ce pas Saint-Pierre de Repentigny qui s’avance à ses côtés?
    Louis frémit. Il se leva d’un bond, décontenancé. Voilà bien ce qu’il craignait. Des militaires pénétrèrent dans la pièce, les uns à la suite des autres, l’air penaud, le casque de fourrure à la main. La neige qui dégoulinait de leur manteau et de leurs mocassins laissait en fondant sur le parquet de larges traces mouillées. Un silence gêné s’installa, que le commandant rompit aussitôt.
    â€” Monseigneur, je reviens de chez monsieur de Denonville qui m’a enjoint de venir vous délivrer ce message. J’ai dû obéir aux ordres portés par monsieur de Repentigny et faire raser le fort Cataracoui.
    Le sieur de Valrennes, qui venait de prononcer ces paroles, avait mauvaise mine. Les yeux injectés de sang et le visage fiévreux, il tenait à peine debout. Il revenait du fort Cataracoui, d’où il n’avait pas été relayé depuis des mois. Sa garnison et lui avaient survécu tant bien que mal, isolés au bout du monde et entourés d’Iroquois hostiles qui les empêchaient de se ravitailler.
    Frontenac lui faisait face, dans une rigidité toute militaire. La fixité et la brillance de son regard trahissaient seules la tempête qui montait en lui. Valrennes connaissait l’attachement de Frontenac pour son fort et se sentait malheureux de lui porter une telle nouvelle. Aussi s’empressa-t-il d’ajouter :
    â€” Le gouverneur Denonville m’a laissé toute liberté de reculer ou d’avancer mon départ, monseigneur. Or, ma garnison était réduite à une quarantaine d’hommes, tous malades du scorbut. Nos vivres étaient à ce point raréfiés que nous n’avons mangé que des racines et du castor salé pendant des mois. Pour empêcher que le fort ne tombe entre les mains des Iroquois ou des Anglais, poursuivit-il en posant un regard plus soutenu sur Frontenac qui venait de serrer les dents et de froncer les sourcils, j’ai dû, comme me le recommandait monsieur de Denonville, faire miner les bastions, les murailles, les tours et chacun des bâtiments. J’ai préalablement fait dégringoler les canons de fer dans le fleuve et fait couler les trois barques en abandonnant les ancres par le fond. Quant aux canons de fonte, ils ont été transportés et cachés au lac Saint-François. Après m’être retiré avec mes hommes, j’ai entendu une violente déflagration.
    â€” Êtes-vous retourné sur les lieux pour constater les dégâts? questionna Louis, d’une voix blanche.
    â€” Non, monseigneur, nous craignions trop d’être rejoints par nos ennemis. J’ignore l’étendue des dommages, mais je ne peux que supposer qu’ils sont importants.
    â€” Se peut-il que les pertes ne soient que partielles et que certains murs soient restés debout?
    â€” Avec la technique que j’ai utilisée, sur les conseils de monsieur de Denonville, j’aurais tendance à vous dire non. Quoiqu’on ne sache jamais, monseigneur. J’ai étayé les murailles avec des bois goudronnés auxquels j’ai fait mettre le feu. J’ignore, par contre, si tout a flambé. C’est toujours un pari...
    â€” Il est donc possible qu’une partie du fort soit restée intacte?
    â€” Tout est possible, monseigneur, répondit encore Valrennes, qui se mit à implorer un miracle pour que sa mèche ait fait long feu.
    â€” Avez-vous des

Weitere Kostenlose Bücher