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Frontenac_T1

Frontenac_T1

Titel: Frontenac_T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Micheline Bail
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la relation que Frontenac avait entretenue avec ses parents, en particulier avec son père, dont il avait pourtant toujours parlé de façon admirative. Quant à Henriette-Marie, sa sœur aînée, il ne s’étonna pas de le voir encore si profondément attaché à sa mémoire, quelque vingt-cinq ans après son décès, parce que Frontenac l’avait toujours considérée comme sa véritable mère.
    Un silence s’installa que le secrétaire se garda bien de rompre. Louis s’était tu, tout en continuant à fixer le feu qui se colorait de mille lueurs et crépitait bruyamment. Il finit pourtant par s’arracher à ses souvenirs en faisant mine de s’ébrouer.
    â€” Quel idiot je fais, ne trouvez-vous pas? Me voilà à m’apitoyer sur de vieilles histoires qui n’intéressent personne, alors que le travail nous presse. Foin de ces jérémiades! Monseignat, je veux que vous ajoutiez ce petit bout à la dernière lettre que je vous ai dictée pour le ministre : Quand je vous ai parlé, monseigneur, de Fort Cataracoui et de l’utilité que j’en aurais pu tirer dans la continuation de cette guerre, cela n’a pas été dans la pensée de le rétablir incessamment et aussitôt que j’en aurais la permission de Sa Majesté. Je sais bien que je ne suis pas en état de le faire présentement, par le peu de troupes que j’ai, et qu’il ne faut ni séparer ni diviser. Mais j’ose vous dire et le soutenir contre qui que ce soit, au péril de ma tête, que quand l’occasion s’en présentera, je ne saurais rendre un plus grand service au roi, ni rien faire de plus avantageux pour la colonie que de rétablir ce poste, et que toutes les personnes qui diront le contraire ou sont fort ignorantes des affaires de ce pays ou n’ont guère profité du séjour qu’elles ont pu y faire. Enfin, monseigneur, pour le dire en un mot, c’est un entrepôt nécessaire pendant la guerre pour les expéditions éloignées, car il sert de retraite pour les partis des pays d’en haut qui viendraient plus souvent harceler les Iroquois dans leur chasse s’ils étaient assurés de pouvoir s’y retirer en cas de poursuite. Et pendant la paix, c’est le seul endroit où un gouverneur puisse assembler les sauvages afin de les maintenir dans de bons sentiments.
    Louis repensa aux arguments déjà avancés et crut bon de revenir, en terminant, sur l’élément suivant :
    â€” Rappelez donc aussi une dernière fois au ministre, Charles, que Cataracoui et les autres forts de l’Ouest sont essentiels pour maintenir un commerce actif avec nos alliés. Si le commerce se tarit, nos Indiens, qui en ont besoin pour survivre, vont nous délaisser et s’allier aux Anglais et aux Iroquois. Et ajoutez donc, in fine  : Pardonnez-moi, s’il vous plaît, la chaleur trop grande avec laquelle il vous paraîtra peut-être que je vous parle..., pour dissiper l’impression que je réagis davantage par amour-propre que pour le bien du pays. Et dites au ministre que je pourrai lui envoyer un avis plus détaillé de mes raisons dans une prochaine dépêche. Terminez-moi cela, avec tout le tralala protocolaire habituel et apportez-moi la lettre pour que je la signe. Elle doit absolument partir par le dernier vaisseau.

24
Notre-Dame-des-Anges, automne 1692
    C’était jour d’inauguration. Monseigneur de Saint-Vallier ne se tenait plus de joie. Son hôpital général étant enfin prêt, ses pauvres et ses invalides auraient désormais un toit bien à eux.
    Â«Â Dieu que le chemin pour y parvenir a été long et semé d’embûches! » se disait-il, tout en portant un regard compatissant sur l’ânesse qui peinait à faire avancer la charrette dans laquelle il avait pris place. Cet attelage, qu’il avait offert aux Hospitalières, servait à voiturer leurs herbages du jardin et tout ce qu’elles ramenaient de la basse-ville. L’évêque l’utilisait régulièrement dans ses déplacements entre Notre-Dame-des-Anges et Québec. Il appréciait la lenteur et le côté humble de ce moyen de transport si peu protocolaire. Comme la gelée avait commencé à recouvrir les chemins, il se dit qu’il faudrait bientôt remplacer

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