Furia Azteca
sud, nous t'avions ordonné de rester à notre disposition pour en discuter ultérieurement. Au lieu de cela, tu as disparu, privant ainsi les Mexica d'une occasion éventuelle de faire la guerre. Te revoilà maintenant, deux ans après, deux ans trop tard et tu essayes de m'amadouer pour obtenir mon parrainage pour une pareille bagatelle. "
Toujours interdit, je lui répondis : " Seigneur Orateur, je ne serais jamais parti si j'avais pu penser que j'agissais mal. Mais... quelle occasion avons-nous perdue ?
- Dans tes cahiers, tu relates votre agression par des brigands mixteca. "
Sa voix s'enflait de colère. " Jamais nous n'avons laissé une attaque contre nos pochteca impunie. " Je me rendais compte qu'il était plus en rage contre moi que contre les bandits. " Si tu avais été là pour porter plainte, nous aurions eu une bonne excuse pour envoyer une armée contre les Mixteca. Mais sans la présence d'un plaignant... "
Je murmurai des excuses et inclinai humblement la tête, tout en faisant un geste de mépris. " Seigneur, ces misérables Mixteca n'ont rien que l'on puisse s'approprier. Par contre, cette fois, je reviens avec des nouvelles d'un pays o˘ il y a vraiment une chose intéressante et sa population, elle aussi, mérite un ch‚timent, car elle m'a particulièrement maltraité.
- qui ? Comment ? qu'y-a-t-il d'intéressant ? Parle. Tu vas peut-être pouvoir te racheter à mes yeux. "
Je lui racontai alors comment j'avais découvert le repaire entre mer et rocher des Chontaltin, ou des Zy˘, ou encore des …trangers, cette branche de la tribu des Huave. Je lui dis que ces gens étaient les seuls à savoir o˘ et quand il fallait attraper les escargots de mer, et que ces affreuses limaces rejetaient une belle teinture pourpre qui ne passe, ni ne vire jamais. Je lui laissai entendre qu'un tel produit aurait sur le marché une valeur inestimable. Je lui appris que les …trangers avaient massacré mon guide zapoteea et que Zyanya et moi avions échappé de justesse au même sort. Pendant
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que je lui parlais, Ahuizotl s'était levé de son trône et il s'était mis à
parcourir la salle à grandes enjambées.
" Oui, déclara-t-il avec un sourire vorace. Une offense envers un de nos pochteca suffit à justifier une expédition punitive et la pourpre, à elle seule, nous dédommagera. Mais pourquoi se contenter de réduire cette malheureuse tribu huave ? Le pays de Huaxyacac recèle bien d'autres trésors. Depuis l'époque lointaine du règne de mon père, les Mexica n'ont jamais humilié ces orgueilleux Zapoteca.
- Je me permettrai de rappeler à l'Orateur Vénéré que son père, Motecuzoma lui-même, n'a jamais réussi à soumettre bien longtemps un pays aussi lointain. Pour ce faire, il faudrait établir des garnisons permanentes, et pour entretenir ces garnisons, il faut des convois de ravitaillement toujours susceptibles d'être déroutés. Et même si on parvenait à imposer un ordre militaire, cela co˚terait plus cher que ce qu'on en tirerait gr‚ce au tribut et au pillage.
- Tu as toujours des arguments à opposer à ceux qui veulent combattre courageusement.
- Pas toujours, Seigneur. Mais dans cette affaire, je me permets de vous suggérer de prendre les Zapoteca comme alliés. Offrez-leur l'honneur de combattre avec nos troupes contre ces Huave barbares. Ensuite, imposez aux vaincus de remettre toute la pourpre, non pas à vous, mais au Seigneur Kosi Yuela du Huaxyacac.
- quoi ? Faire une guerre et refuser d'en tirer profit ?
- …coutez-moi jusqu'au bout, Seigneur Orateur. Après votre victoire, vous établirez un traité stipulant que le Huaxyacac ne devra vendre la pourpre qu'aux seuls marchands mexica. De cette façon, nos deux pays en profiteront, car nos pochteca revendront la teinture à un prix bien plus élevé. Ainsi, vous vous serez attaché les Zapoteca par des liens commerciaux et parce que, pour la première fois, ils auront combattu aux côtés des Mexica.
- Et s'ils sont nos alliés une fois, ils pourront l'être dans d'autres occasions. " II jeta sur moi un regard presque bienveillant. " C'est une bonne idée. Nous donne-536
rons l'ordre de marche dès que nos devins auront déterminé un jour favorable. Tequia Mixtli, tiens-toi prêt à prendre la tête de tes guerriers.
- Mais, Seigneur, je dois me marier !
- Xoquiui, grommela-t-il ; ce qui est un très gros juron. Tu te marieras une autre fois. Un soldat est toujours prêt à partir, surtout quand il a Un
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