Furia Azteca
grade de commandement. De plus, tu es encore une fois l'offensé. C'est toi qui es notre prétexte pour violer les frontières de l'Huaxyacac.
- Ma présence physique n'est pas nécessaire, Seigneur Orateur. J'ai déjà
pensé à ce prétexte. " Je lui racontai alors que j'avais mis le gouverneur de Tehuan-tepec au courant des méfaits des Huave et que celui-ci avait rapporté le fait au bishôsu du pays. " Les Zapoteca n'aiment pas du tout ces Zy˘ importuns et ils ne vous empêcheront pas de passer pour arriver jusqu'à eux. Kosi Yuela ne se fera certainement pas prier pour vous aider à
les ch‚tier. " Je m'arrêtai, puis j'ajoutai d'une voix humble : " J'espère ne pas avoir mal agi en croyant faire avancer les affaires entre Seigneurs, armées et nations. "
Pendant un court moment, on n'entendit plus un seul bruit, sauf les doigts d'Ahuizotl qui tambourinaient sur un banc recouvert de ce que je soupçonnais être de la peau d'homme. Enfin, il me dit : " II paraît que ta fiancée est une beauté incomparable. On ne peut demander à un homme qui a déjà rendu de si grands services à son pays, de faire passer le plaisir de la guerre avant le plaisir de la beauté. Tu te marieras ici, dans la salle de bal que nous venons juste de faire redécorer. C'est un prêtre du palais qui officiera - notre prêtre de la déesse de l'amour Xochiquetzal, bien s˚r, et non pas celui du dieu de la guerre Huitzilopochtli - et toute la cour y assistera. Invite tes confrères pochteca, tes amis et tous les gens que tu voudras. Pense à consulter les devins du palais pour qu'ils te choisissent un jour faste et en attendant, cherchez-vous tous les deux une maison qui vous convienne. Ce sera le cadeau de noces d'Ahuizotl. "
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A l'heure convenue, l'après-midi du jour de mon mariage, je m'approchai, tout ému, de l'entrée de la salle bruyante et pleine à craquer et je m'y arrêtai assez longtemps pour examiner l'assemblée réunie à travers ma topaze. Par coquetterie, je dissimulai mon cristal sous mon riche manteau tout neuf, avant d'entrer dans la salle. Néanmoins, j'avais eu le temps de voir que dans la nouvelle décoration, il y avait des peintures murales que j'aurais reconnues même si elles n'avaient pas été signées et que dans la foule des nobles, des courtisans et des grands bourgeois, il y avait un grand jeune homme que j'identifiai, bien qu'il f˚t de dos, comme étant l'artiste, Yei-Ehecatl Pocuia Chimali.
Je me frayai un chemin au milieu de l'assemblée. Certains invités étaient debout, bavardant et buvant ; des femmes, nobles pour la plupart, étaient agenouillées ou assises sur les innombrables nattes brodées de fils d'or qu'on avait disposées sur le sol. On me tapait sur l'épaule en me souriant et en me murmurant des félicitations. Mais, comme le voulait l'usage, je ne répondais ni aux paroles, ni aux gestes. J'avançai jusqu'au fond de la salle o˘ une pièce de tissu magnifique était étalée sur une haute estrade.
Des personnalités m'y attendaient, parmi lesquelles le Uey tlatoani Ahuizotl et le prêtre de Xochiquetzal. Tandis qu'ils m'accueillaient, les musiciens de la Maison du Chant commencèrent à jouer en sourdine.
Pour la première partie de la cérémonie - celle qui me faisait passer dans l'‚ge adulte - j'avais demandé la participation des trois vieux pochteca et ceux-ci étaient déjà installés sur l'estrade. Comme le tapis était recouvert de tamales chauds et de cruches d'octli très fort, et comme il était prescrit que les Anciens devaient se retirer aussitôt le premier rite accompli, ils s'étaient déjà amplement servis tous trois et ils étaient rassasiés, ivres et à moitié endormis.
quand le silence se fut établi et que l'on n'entendit plus que la douce musique, Ahuizotl, le prêtre et moi,
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nous nous lev‚mes. Vous pensez peut-être qu'un prêtre de la déesse Xochiquetzal aurait pu avoir des vêtements propres, mais celui-ci était aussi sale, aussi négligé et aussi peu engageant que ses confrères. U
saisit cette occasion pour faire une homélie longue et ennuyeuse o˘ il était davantage question des traquenards du mariage que de ses plaisirs.
Enfin, quand il eut terminé, Ahuizotl s'adressa aux trois vieillards :
" Seigneurs pochteca, votre jeune confrère souhaite prendre femme. Voyez ce xeloloni. C'est le signe que Chicome-Xochitl Mixtli désire sortir lui-même de la jeunesse irresponsable pour devenir un homme adulte. "
Celui des trois
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