Furia Azteca
suce, pour que ça dure plus longtemps ".
quand il eut acheté ce que voulait ma mère et qu'il l'eut fait porter dans le bateau, nous revînmes vers le centre de la ville. Bien que la majorité
des constructions ordinaires de Tenochtitl‚n eussent deux ou même trois étages - beaucoup paraissaient encore plus hautes car elles étaient construites sur pilotis, à cause de l'humidité -, l'île elle-même ne s'élève jamais à plus de deux hauteurs d'homme au-dessus du lac Texcoco. En ce temps-là, il y avait presque autant de canaux que de rues traversant la ville. A certains endroits, une rue et un canal se côtoyaient ; les piétons pouvaient converser avec les gens qui étaient dans les bateaux. A certains coins de rue, on voyait des foules de personnes allant et venant ; à
d'autres, c'étaient les canots qui passaient en glissant. Les gens pressés pouvaient en louer s'ils désiraient aller plus vite qu'à pied. D'autres canots appartenaient aux nobles, ils étaient peints et décorés et munis 70
d'une toile pour protéger du soleil. Les rues étaient recouvertes d'argile dure et lisse ; les berges des canaux étaient maçonnées. Dans les endroits o˘ les eaux des canaux étaient presque à la hauteur des rues, on pouvait faire pivoter les ponts de côté pour laisser passer les bateaux.
De même que ce réseau de canaux intégrait pratiquement le lac Texcoco dans la ville, les trois avenues principales reliaient la ville à la terre ferme. quand ces larges rues quittaient l'île, elles se transformaient en vastes chaussées empierrées par lesquelles on pouvait atteindre les cinq villes de la terre ferme, au nord, au sud et à l'ouest. Il y avait un autre pont qui ne servait pas de passage, mais d'aqueduc, avec un chenal de tuiles rondes, de plus de deux brassées de profondeur et de largeur et qui amène toujours à la ville l'eau douce de la source de Chapultepec, au sud-ouest, sur la terre ferme.
…tant donné que toutes les routes terrestres et nautiques convergeaient vers Tenochtitl‚n, on assistait au déroulement permanent des échanges de toute la nation Mexica et même d'autres pays. Autour de nous, des portefaix ployaient sous la charge entassée sur leur dos et retenue par des sangles frontales. Il y avait partout des canots de toutes tailles bourrés de marchandises pour le marché de Tlatelolco ou apportant le tribut des peuples vassaux vers les palais, le Trésor ou les entrepôts nationaux.
Les paniers de fruits multicolores donnaient, à eux seuls, une idée de l'étendue de ces échanges. Il y avait les goyaves et les anones venues des terres otomi du nord, les ananas totonaques de la mer orientale, les papayes jaunes du Michoac‚n, à l'ouest, les papayes rouges du Chiapas, au sud et venant du sud et venant du sud moins lointain de la région des Zapotèques, la confiture de prunes zapotin qui a donné son nom à ce pays.
De la région zapotèque venaient aussi des sacs de petits insectes sèches qui donnent de brillantes teintures rouges. Des environs de Xochimilco, arrivaient plus de fleurs et de plantes que je ne pouvais l'imaginer. Des lointaines forêts du sud, on amenait des cages remplies d'oiseaux colorés et des ballots de plumes. Des terres
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chaudes de l'est et de l'ouest provenaient les sacs de cacao pour faire le chocolat et les gousses noires de la vanille. Au sud-est, la région côtière des Olmèques produisait l'oli qui a donné son nom à ce pays ; ce sont des bandes de gomme élastique que l'on tressait pour faire les balles dures pour notre jeu du tlachtli. Même la nation rivale de Texcala, notre ennemi héréditaire, nous envoyait le précieux copal, résine aromatique servant à
fabriquer le parfum et l'encens.
De partout arrivaient des sacs et des paniers de maÔs, de haricots et de coton, des quantités de huexolotl vivants, au cri rauque (ces gros oiseaux noir et rouge que vous nommez guajolote ou gallipavos) avec des paniers remplis de leurs oufs, des cages remplies de ces chiens techîchi comestibles, qui n'aboient pas et qui n'ont pas de poil, des quartiers de cerf, de lapin et d'ours, des jarres pleines du jus clair et doux du maguey et de la boisson fermentée plus épaisse et blanche qu'on en tire et qui enivre, l'octli.
Mon père était en train de me montrer toutes ces choses en me disant leur nom, lorsqu'une voix l'interrompit : " Pour seulement deux grains de cacao, je vous dirai, Seigneur, quels chemins et quels jours seront ceux de
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