Furia Azteca
n'avait rencontré une belle femme avec une chevelure abondante striée d'une mèche blanche ; aussi nous dévisageaient-ils aussi.
En dehors des habitants, bien des choses, dans ce pays, attiraient l'attention : les montagnes qui semblaient reculer constamment vers l'horizon et faisaient un cadre au relief doux et plat, des forêts, des prairies sauvages parsemées de fleurs. Mais la plus grande partie du pays était occupée par de grandes fermes très prospères, avec d'immenses étendues de maÔs, de haricots, de chili et des vergers d'avocatiers et d'arbres fruitiers. «a et là, s'élevaient au milieu des champs des huttes d'adobe pour emmagasiner les graines et les récoltes ; c'étaient des abris coniques qui rappelaient la tête pointue des jumelles.
Dans cette région, même les plus humbles demeures sont jolies. Toutes les constructions sont en bois, à cause de l'abondance des forêts. Les planches et les poutres ne sont pas assemblées avec du mortier ou des cordes, mais elles s'emboîtent gr‚ce à un ingénieux système d'encoches. Les maisons ont de hauts toits pointus dont les pans font de l'ombre en été et protègent de la pluie en hiver. Certains toits rebiquent même sur les quatre côtés, ce qui leur donne un petit air mutin. C'était la saison des hirondelles et, nulle part, il n'y en a autant qu'au
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Michoac‚n. On les voit partout voleter, glisser, voltiger, battre des ailes et c'est certainement parce que ces grands pans de toit leur laissent beaucoup de place pour faire leur nid.
Avec ses forêts et ses cours d'eau, le Michoac‚n est un séjour accueillant pour toutes les espèces d'oiseaux. Les rivières reflètent les éclatantes couleurs du geai, du gobe-mouches et du martin-pêcheur. Au bord du lac, avancent de grands hérons bleu et blanc et même de grands flamants. Ces oiseaux ont un bec en forme de cuiller, ce qui n'est pas très gracieux et de longues pattes dégingandées. Mais leur plumage a la superbe couleur du coucher du soleil et quand une harde entière s'envole, on dirait que le vent s'est matérialisé dans leurs ailes rosés.
La plus grande partie de la population du Michoac‚n réside dans le chapelet de villages qui entoure le lac de Patzcuaro, ou encore dans des hameaux perchés sur une multitude de petites îles. La communauté vit principalement des poissons et des oiseaux du lac, mais l'uanda-kuari a obligé chaque village à fabriquer un produit local particulier. Ici, on façonne des ustensiles en cuivre martelé, là on tisse, ailleurs on tresse des joncs pour en faire des nattes ou encore, on réalise des objets en laque, et bien d'autres choses encore. C'est dans le village de Patzcuaro que se tenait le marché o˘ l'on venait échanger toutes ces productions. Jaracuaro, une île au milieu du lac, foisonnante de temples et d'autels, servait de lieu de rassemblement culturel aux habitants de tous les autres villages.
Tzintzuntzani, le Lieu des Colibris, était la capitale et le centre de tout. La ville était uniquement constituée de palais habités par les nobles, les courtisans, les prêtres, les serviteurs, etc.
quand nous arriv‚mes aux abords de Tzintzuntzani, nous vîmes une vieille yakata - c'est le mot pore qui veut dire pyramide - qui se dressait sur les hauteurs à l'est des palais. B‚tie en des temps ancestraux, pas très haute, mais incroyablement allongée, cette yakata, curieux mélange de formes rondes et carrées, présentait encore un amoncellement de pierres impressionnant, bien qu'elle e˚t perdu depuis longtemps son enduit de 600
pl‚tre et ses peintures et qu'elle f˚t ruinée et envahie par la végétation.
On pourrait penser que les palais de Tzintzuntzani, entièrement construits en bois, étaient moins imposants que les édifices de pierre de Tenochtitl
‚n ; pourtant ils avaient une majesté particulière. Sous l'avancée des toits pointus aux coins recourbés, il y avait toujours deux étages et un balcon extérieur faisait le tour du niveau supérieur. Les massifs troncs de cèdre qui soutenaient ces maisons, les colonnes, les rampes et les poutres qui apparaissaient sous le toit, étaient tous délicatement sculptés, ajourés et souvent enduits de riches laques. Cependant, la demeure de l'uandakuari les faisait presque paraître misérables.
Des messagers avaient tenu Yquingare au courant de notre progression, et les nobles étaient venus en foule . nous accueillir. Auparavant, nous étions passés par le
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