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Furia Azteca

Furia Azteca

Titel: Furia Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings , Robert Gleason , Junius Podrug
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d'Ehecatl ou d'un autre dieu. On les avait grattés et débarrassés de l'accumulation de sang coagulé, puis on avait blanchi l'intérieur par une couche de lait de chaux. Dans ces temples, il y avait maintenant une croix de bois rudimentaire et une petite effigie grossièrement sculptée, elle aussi en bois. Elle représentait une jeune femme, la main levée dans un vague geste d'avertissement, les cheveux peints d'un noir uniforme, la robe et les yeux d'un bleu sans nuances et la peau d'un blanc rosé comme celle des Espagnols. Plus étrange encore, cette femme portait une couronne dorée, bien trop large pour sa tête, qui était fixée sur sa nuque.
    Je compris alors que bien que les Espagnols n'aient livré aucune bataille aux Totonaca, ils avaient d˚ tant les menacer et les effrayer qu'ils avaient remplacé leurs anciens dieux pleins de vigueur par cette femme p‚le et impassible. Je supposais qu'il s'agissait de cette déesse appelée Notre-Dame, mais je ne voyais pas en quoi les Totonaca l'avaient jugée supérieure à leurs divinités, ni pourquoi les Espagnols vénéraient cette déesse à
    l'aspect si insipide.
    Un jour, cependant, mes fl‚neries m'amenèrent dans une clairière herbeuse remplie de Totonaca qui écoutaient avec un air d'attention stupide les harangues d'un prêtre espagnol. Il faisait son prêche avec l'aide des deux interprètes, Aguilar et Ce-Malinali, qu'il devait emprunter à Cortés toutes les fois que celui-ci n'en avait pas besoin. Les Totonaca paraissaient très intéressés par son sermon, mais je savais bien qu'ils ne pouvaient pas 909
    comprendre deux mots sur dix dans la traduction nahuatl de Ce-Malinali.
    Entre autres choses, le prêtre expliquait que Notre-Dame n'était pas véritablement une déesse. C'était une femme appelée la Vierge Marie qui était restée vierge tout en s'unissant avec le Saint Esprit du Seigneur Dieu et qui avait donné le jour au Seigneur Jésus-Christ, fils de Dieu, mais également descendu sur la terre sous une forme humaine. Tout cela n'était guère difficile à comprendre. Dans notre religion aussi, les dieux s'unissaient souvent à des mortelles et les déesses à des hommes et il en résultait une prolifération d'enfants divins, sans que leur réputation de vierges en soit ternie le moins du monde.
    Comprenez-moi, Excellence. Je vous rapporte seulement mes impressions d'un temps o˘ je n'étais pas encore un esprit averti.
    Le prêtre donna ensuite des éclaircissements sur le baptême que toute l'assemblée pourrait recevoir ce jour même si elle le désirait. Il ne rentra évidemment pas dans les détails de la foi chrétienne et, même moi, qui dans toute l'assistance étais certainement celui qui comprenait le mieux ce qu'il disait, j'interprétai faussement beaucoup de ses propos. Par exemple, comme le prêtre semblait parler familièrement de cette Vierge Marie dont j'avais déjà vu des statues, je crus que Notre-Dame était une Espagnole qui traverserait peut-être un jour les mers pour venir nous rendre visite avec son enfant Jésus.
    Ensuite, le prêtre et ses interprètes enjoignirent à ceux qui voulaient embrasser la foi chrétienne de s'agenouiller et la quasi-totalité des Totonaca s'exécuta, bien que ces êtres simples n'eussent certainement pas la moindre idée de ce qui allait se passer ; il était même fort possible que certains aient pensé qu'on allait procéder à un massacre rituel.
    La mer n'était pas bien loin, mais le prêtre n'y entraîna pas les participants. Il parcourut les rangs des Tptonaca agenouillés en les aspergeant d'eau, d'une
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    main et en leur faisant go˚ter quelque chose de l'autre. Lorsque je vis qu'aucun des nouveaux baptisés ne tombait raide mort, je me décidai à faire moi-même l'expérience. Je ne risquais rien et, en revanche, je pourrais peut-être en tirer un avantage quelconque dans mes relations futures avec les Blancs. Je m'avançai donc pour recevoir quelques gouttes d'eau sur la tête et quelques grains de sel sur la langue - car ce n'était rien d'autre que du sel ordinaire - accompagnés de marmonnements dans une langue que je sais maintenant être du latin.
    Pour terminer, le prêtre se mit à psalmodier une courte allocution en latin dans laquelle il disait que désormais tous les hommes s'appelleraient Juan Damasceno - c'était le saint du jour - et les femmes Juana Damas-cena.
    Voici donc quelle est ma dernière dénomination et je pense que c'est celle qui me restera

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