Furia Azteca
que la Malintzin n'ait jamais assisté à cette fête auparavant et qu'elle ait cru de bonne foi que les habitants s'étaient rassemblés avec des étendards de bataille, ou alors elle avait tout simplement inventé ce complot par jalousie envers les femmes de la ville.
quoi qu'il en soit, elle avait effectivement incité Cortés à accomplir ce massacre et s'il le regretta, ce ne fut pas long, parce qu'en définitive ce forfait lui servit encore davantage que la défaite de Texcala. quand la nouvelle de la tuerie se répandit dans le Monde Unique, les divers gouvernements commencèrent à envisager la situation à peu près en ces termes :
Les Blancs ont d'abord monté les Totonaca contre les Mexica. Ensuite, ils ont vaincu Texcala, ce que ni Motecuzoma, ni aucun de ses prédécesseurs n'avaient jamais réussi à faire. Puis, ils ont massacré des alliés de Mote-940
cuzoma à Cholula sans se soucier le moins du monde de la colère ou de la vengeance de l'Orateur Vénéré. Il semblerait que ces Blancs soient encore plus puissants que les puissants Mexica et il serait peut-être plus sage de se rallier à eux tant que nous pouvons encore le faire de notre plein gré.
C'est ce que fit sans hésitation le prince Ixtlilxochitl, chef légitime des Acolhua. Motecuzoma dut regretter amèrement de l'avoir chassé de son trône trois ans auparavant, quand il s'aperçut que Fleur Noire n'avait pas passé
tout ce temps à se lamenter dans ses montagnes, mais qu'il avait rassemblé
des troupes en prévision de la reconquête du pouvoir. Pour Fleur Noire, Cortés avait d˚ faire figure d'envoyé des dieux. Il descendit de son repaire pour aller jusqu'à la cité martyre de Cholula o˘ Gortés était en train de regrouper ses troupes avant de poursuivre sa marche vers l'ouest.
Le prince parla certainement à Cortés des avanies que lui avait fait subir Motecuzoma et le Capitaine Général d˚t promettre de lui venir en aide. En effet, on apprit bien vite à Tenochti-tl‚n que l'armée de Cortés venait de s'augmenter des milliers de combattants merveilleusement entraînés du prince Fleur Noire.
En définitive, la tuerie soudaine et sans doute injustifiée de Cholula se révéla un coup de maître et Cortés put dire merci à Malintzin quelles qu'aient été les raisons qui l'avaient poussée à agir. Elle lui avait prouvé qu'elle était tout entière vouée à sa cause et qu'elle l'aiderait à
accomplir son destin même s'il fallait pour cela piétiner les cadavres des hommes, des femmes et : des enfants de sa race. A partir de ce moment, Cortés la : considéra comme son premier conseiller stratégique, son .
officier le plus fidèle et son allié le plus s˚r. Peut-être 'même l'a-t-il aimée. Malintzin avait atteint ses deux ; objectifs : elle s'était rendue indispensable à son maître ;et elle allait bientôt entrer dans Tenochtitl
‚n, son rêve de toujours, avec le titre et les honneurs dus à une grande dame.
J'avais rencontré Malintzin deux fois avant qu'elle ne devienne l'arme la plus redoutable de Cortés et les deux fois, j'aurais pu m'y opposer. Le jour o˘ je l'avais
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connue au marché d'esclaves, j'aurais pu l'acheter et elle se serait contentée de faire partie de la maison d'un Chevalier-Aigle à Tenochtitl‚n.
quand je l'avais revue au pays totonaca, elle n'était encore qu'une esclave appartenant à un officier subalterne et sa disparition n'aurait pas provoqué un bien grand émoi. J'avais donc eu par deux fois l'occasion de changer le cours de sa vie - et peut-être le cours de l'histoire - et je ne l'avais pas fait. Son rôle dans le massacre de Cholula m'avait fait comprendre quelle menace elle représentait. Je savais que je la reverrais et je me jurai de faire quelque chose pour mettre un terme à son existence.
Dès qu'il eut connaissance du drame, Motecuzoma envoya à Certes une délégation de nobles conduite par Tlacot/in, son Femme-Serpent. Ces émissaires emmenaient avec eux un convoi de porteurs chargés d'or et d'autres cadeaux de prix, non pour venir en aide à la malheureuse cité, mais pour amadouer Certes.
Motecuzoma montra dans cette affaire tout,e la duplicité dont il était capable. La population de Cholula était sans doute entièrement innocente et, si elle avait vraiment voulu se soulever, elle l'avait fait sur les instructions secrètes de Motecuzoma. Pourtant, dans son message à Cortés, l'Orateur Vénéré bl‚mait ses alliés de Cholula d'avoir
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