Furia Azteca
moururent, ainsi que deux de leurs chevaux, plusieurs chiens et une centaine de Totonaca, mais ils continuèrent.
Tlacotzin nous rapporta également les exclamations de joie et de stupéfaction des Espagnols quand ils arrivèrent enfin sur les pentes qui dominent l'immense bassin des lacs. Au-dessous d'eux s'étalaient les lacs communicants aux couleurs infinies, entourés d'une luxuriante végétation, avec des villes bien ordonnées et des routes toutes droites. Après les terribles montagnes qu'ils venaient de franchir, cette terre leur parut un paradis. Ils étaient encore à vingt longues courses de Tenochtitl‚n, mais la cité argentée brillait comme un astre. Ils avaient marché pendant des mois à travers plages, montagnes, ravins et vallées en ne traversant que des villes et des
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villages sans intérêt, pour finir par ce sinistre col entre les deux volcans. Et soudain, ils découvraient - ce sont eux-mêmes qui le dirent - "
une vision qui ressemblait à un rêve... à un enchantement sorti des vieux contes de fées... "
Après avoir descendu les pentes des volcans, Cortés pénétra sur le territoire de la Triple Alliance par le pays des Acolhua o˘ il fut accueilli par l'Orateur Vénéré Cacama qui était venu à sa rencontre avec une suite impressionnante de nobles, de courtisans et de gardes. Sur les conseils de son oncle, Cacama adressa une chaleureuse allocution de bienvenue aux arrivants, mais je suppose qu'il ne se sentait pas très à
l'aise sous le regard étincelant de son demi-frère, le prince détrôné Fleur Noire planté devant lui avec les guerriers acolhua qu'il avait débauchés.
Cette confrontation aurait pu se terminer par une bataille si Motecuzoma et Cortés n'avaient pas formellement interdit qu'une querelle vînt ternir cette rencontre mémorable. Aussi, tout se passa bien et Cacama conduisit tout le monde à Texcoco pour s'y reposer avant de continuer sur Tenochtitl
‚n.
Il ne fait pas de doute que Cacama ait été fort irrité de voir ses propres sujets acclamer le prince Fleur Noire dans les rues de Texcoco. Ce fut pour lui une insulte de taille à laquelle vint s'ajouter la désertion en masse de ses troupes. Au cours des deux journées que Cortés passa dans cette ville, deux mille citoyens environ vinrent se joindre aux volontaires de Fleur Noire. A par-tir de ce moment la nation acolhua se trouva tragiquement divisée. La moitié de la population resta fidèle à Cacama et l'autre se rallia à Fleur Noire qui aurait d˚ être l'Orateur Vénéré, même si ces gens regrettaient ' de le voir lier son sort à celui des Blancs.
En quittant Texcoco, Tlacotzin conduisit l'armée de r Cortés le long de la rive sud du lac. Les Blancs s'extasiè-| rent devant cette " grande mer intérieure " et davantage 'encore devant la splendeur de Tenochtitl‚n que l'on . apercevait de la route et qui croissait en taille et en magnificence à mesure qu'ils en approchaient. Tlacotzin conduisit les Espagnols dans son palais d'Ixtapalapan et là, ils astiquèrent leurs épées, leurs armures et leurs
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canons, ils étrillèrent leurs chevaux et rapetassèrent leurs uniformes défraîchis du mieux qu'ils purent, afin de faire bonne figure pour entrer dans la capitale.
Tlacotzin avait prévenu Certes que la cité était une île déjà surpeuplée et qu'il n'y avait pas de place pour loger ses alliés. Il lui fit aussi comprendre que ce serait un manque de tact de faire entrer dans la ville un personnage aussi indésirable que Fleur Noire et des troupes provenant de pays ennemis. Cortés ne pouvait contester le manque de place, puisqu'il avait vu la ville de loin et il était désireux de montrer sa bonne volonté
dans le choix de ceux qui l'accompagneraient. Cependant, il posa certaines conditions. Il voulait que Tlacotzin s'arrange pour installer ses troupes sur la terre ferme dans un rayon allant de la chaussée méridionale à la chaussée la plus septentrionale, c'est-à-dire qu'en fait elles contrôleraient ainsi tous les accès de la ville. Outre ses Espagnols, Cortés souhaitait avoir avec lui un nombre symbolique de guerriers acolhua, totonaca et texcal-teca pour lui servir d'agents de liaison avec les troupes demeurées sur la terre ferme. Tlacotzin consentit à tout et Cortés choisit les guerriers qu'il garderait près de lui, puis renvoya les autres s'installer aux endroits choisis sous le commandement d'officiers blancs.
quand les messagers revinrent annoncer
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