Furia Azteca
l'époque des Tolteca, et bien qu'il existe un nombre incalculable d'idiomes dans le Monde Unique, les armées, les commerçants et les explorateurs Mexica ont fait de notre nahuatl la seconde langue de tous les peuples, depuis les déserts du nord, jusqu'aux jungles du sud. "
Le professeur dut apercevoir une ombre de sourire de satisfaction sur mon visage, car il ajouta :
" Cette réussite aurait d˚ suffire à l'orgueil des Mexica, mais ils en voulaient encore davantage. Ils
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récrivirent les livres d'histoire pour faire croire à tout le monde et à
eux-mêmes qu'ils avaient toujours été la nation la plus puissante de la région. Les Mexica parviendront peut-être à se tromper eux-mêmes et à
induire en erreur les historiens à venir, mais je crois vous avoir bien fait comprendre que ces usurpateurs ne sont pas une réincarnation des grands Tolteca. "
La Dame de Tolan m'avait invité chez elle à prendre du chocolat et je m'y précipitai avec une question qui me br˚lait les lèvres. quand j'arrivai, son fils, le prince héritier, était là et je restai silencieux.pendant qu'ils discutaient de détails concernant la marche du palais. Enfin, leur conversation commença à se ralentir et je m'enhardis à poser ma question :
" Vous êtes née à Tolan, madame. C'était autrefois une cité Tolteca. tes-vous vraiment une toltecatl ? "
Elle parut surprise, ainsi que le prince ; puis elle sourit. " Tous les gens de Tolan - et de partout - seraient fiers de pouvoir revendiquer une goutte de sang tolteca. Mais, honnêtement, je ne le peux pas. Du plus loin qu'on se souvienne, Tolan a toujours fait partie du territoire de Tecpaneca ; je suis donc de souche Tecpaneca et je suspecte même qu'il y a eu dans ma famille un ou deux Otomi, avant que ce peuple ne soit chassé. "
J'étais déçu. " II n'y a donc plus aucune trace des Tolteca à Tolan ?
- Comment en être s˚r ? Les pyramides, les terrasses de pierre et les grandes cours entourées de murs sont toujours là. Les pyramides ont été
mangées par l'érosion, les terrasses se sont fissurées et les murs s'effondrent par endroits. Mais on distingue encore l'appareillage soigné
des pierres, les sculptures en bas-relief et même quelques restes de peintures. Mais ce sont les statues qui sont les plus impressionnantes et les mieux conservées.
- Des statues des dieux ? demandai-je.
- Je ne crois pas, car elles ont toutes le même visage, la même taille et la même forme. Elles sont sculptées de façon réaliste et non dans le style contourné d'aujourd'hui. Ce sont des colonnes cylindriques, 187
comme si elles avaient été conçues pour supporter un toit très lourd. Ces colonnes représentent des formes humaines dressées, trois fois plus grandes que nature.
- Ce sont peut-être les portraits des géants qui sont apparus sur terre après les dieux ", suggérai-je, en pensant au monstrueux fémur dont nous avait parlé Nelti-tica.
" Non, je pense qu'elles représentaient les Tolteca eux-mêmes, mais très agrandis. Leurs visages ne sont ni sévères, ni hautains, comme le sont habituellement les dieux ou les géants. Ils ont une expression de vigilance paisible. De nombreuses colonnes sont décapitées et éparpillées sur le sol, mais certaines sont encore debout et tournées vers la campagne, comme si elles attendaient tranquillement quelque chose.
- Attendaient quoi, madame ?
- que les Tolteca réapparaissent. " Cette fois, ce fut Fleur Noire qui répondit et il ajouta avec un rire sarcasti-que : " qu'ils sortent de l'endroit o˘ ils se sont cachés pendant tous ces faisceaux d'années, qu'ils reviennent en force pour nous soumettre, nous les envahisseurs et reprendre ces terres qui étaient jadis les leurs. "
" Non, mon fils, lui répondit la Première Dame. Ils n'ont jamais été
belliqueux et c'est ce qui a fait leur perte. Si jamais ils revenaient un jour, ce serait d'une manière pacifique. "
Elle but une gorgée de chocolat et fit la grimace ; il était tombé. Elle prit sur une table un batteur composé d'anneaux de toutes tailles fixés sur un tige centrale, entièrement sculpté dans une seule pièce de cèdre aromatique. Elle le plongea dans sa tasse et maintenant la tige entre ses deux paumes, elle fit tourner vivement les anneaux, par un mouvement de frottement, pour faire mousser à nouveau le liquide rouge. Elle en but une autre gorgée, lécha la mousse sur ses lèvres et me dit :
" Va visiter la ville de Teotihuac‚n,
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