Furia Azteca
avoir envie d'être avec les tiens en cette 190
occasion, ajouta Huexotl. Accepte que je te prête mon acali personnel pour y aller. Je te le renverrai à la fin de quiauitl eua pour que tu rejoignes la cour à Texcoco. " Je ne m'y attendais pas du tout, mais j'acceptai immé-
.diatement la proposition, en le remerciant de sa gentillesse.
"Je ne te demande qu'une chose, me dit-il. Peux-tu partir de bonne heure demain matin ? Tu comprends,
, Tête Haute, les rameurs voudront être chez eux avant le début des cinq jours néfastes. "
- Ah, voici le Seigneur Archevêque ! Je suis honoré et heureux que Votre Excellence se joigne à nouveau à notre petite réunion. Une fois encore, Seigneur, votre indigne serviteur a l'audace de vous souhaiter la bienve-aue.
... Oui, je comprends très bien, Excellence. Vous dites "que je n'ai pas assez insisté sur nos rites religieux ; vous voulez avoir personnellement des détails sur les craintes et les superstitions que nous avions pendant ces cinq jours creux ; vous souhaitez apprendre de ma bouche tout ce qui concerne les rites paÔens de supplications au Dieu de la pluie. Je vois, Seigneur, vos révérentes oreilles vont tout savoir. Si ma vieille cervelle trébuche sur ses souvenirs et si ma vieille langue passe trop rapidement sur quelque détail important, que Votre Excellence n'hésite pas à
m'interrompre pour me demander des éclaircissements.
Sachez donc que nous étions à six jours de la fin de l'année Six Maison, quand le bel acali surmonté d'un dais et orné des bannières du Prince Saule me déposa sur la jetée de Xaltoc‚n. Mon splendide équipage de six hommes faisait paraître minable le canoÎ découvert et conduit par deux seuls rameurs, du Seigneur Héron Rouge qui, ce jour-là, ramenait également son fils à la maison pour les cérémonies du mois de quiauitl eua. De plus, j'étais mieux vêtu que ce hobereau de province. Pactli me fit un salut aimable, puis, m'ayant reconnu, son visage se figea.
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Chez moi, je fus accueilli comme un héros qui revient de guerre. Mon père mit ses mains sur mes épaules qui étaient maintenant presque aussi larges que les siennes. Tzitzitlini me serra dans ses bras, geste tout fraternel pour quiconque n'aurait pas vu ses ongles s'enfoncer doucement dans mon dos. Même ma mère admira mon costume. J'avais exprès choisi de mettre mon plus beau manteau brodé, avec l'agrafe de jaspe sur l'épaule et mes sandales dorées qui se laçaient presque jusqu'aux genoux.
Parmi les gens rassemblés, très peu, sauf mon père et quelques carriers, étaient sortis de leur île et ils étaient impatients d'entendre parler du monde extérieur. Néanmoins, ils posaient peu de questions ; ils se contentaient d'écouter mes récits et ceux de Chimali et de Tlatli sur leur vie à l'école.
" Les écoles ! dit Tlatli avec dédain. Il ne nous reste guère de temps pour l'étude. Chaque matin, ces idiots de prêtres nous tirent du lit à l'aube pour balayer et nettoyer nos locaux et les salles du b‚timent tout entier.
Ensuite, il faut aller au lac pour s'occuper des chinampa de l'école et ramasser du maÔs et des haricots pour la cuisine, ou encore aller jusqu'à
la terre ferme pour couper du bois pour les feux sacrés et remplir des paniers pleins d'épines de maguey.
- Pour la nourriture et le bois, je comprends, dis-je. Mais pourquoi les épines ?
- Pour les pénitences et les punitions, mon ami, grommela Chimali. Si tu enfreins la moindre règle, tu dois te piquer toi-même plusieurs fois. Sur le lobe des oreilles, sur les pouces, sur les bras, même sur les parties intimes. J'ai mal partout.
- Même les plus sages en souffrent, ajouta Tlatli. C'est tout le temps la fête d'un dieu ou d'un autre, y compris ceux dont je n'ai jamais entendu parler. Tout le monde doit leur offrir de son sang.
- quand trouvez-vous le temps d'étudier ? " demanda quelqu'un.
Chimali fit une grimace. " Le peu de temps que nous avons ne nous sert pas à grand-chose. Les prêtres sont des ignorants. Ils ne savent rien en dehors de ce qu'il y
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a dans leurs livres et ces livres sont vieux et poussiéreux et tombent en morceaux.
- Nous avons de la chance Chimali et moi, dit Tlatli. Nous ne sommes pas là
pour étudier les livres, aussi peu nous importe qu'ils manquent. Nous passons presque tout notre temps dans l'atelier de nos maîtres qui ne se perdent pas en radotages religieux. Ils nous font travailler dur et nous apprenons ce que
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