Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Galaad et le Roi Pêcheur

Galaad et le Roi Pêcheur

Titel: Galaad et le Roi Pêcheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
et la plus riche qui se pourrait. Ils se hâtèrent d’obéir et eurent tôt fait d’édifier celle-ci avec des draps de soie et une couverture de zibeline. Puis ils déchaussèrent la jeune femme et la couchèrent, Perceval à ses côtés. Une fois allongé contre le corps de la jeune femme, Perceval voulut rabattre la couverture, et, pour ce faire, se pencha légèrement hors du lit. Il aperçut alors par hasard, gisant à terre, l’épée dont les serviteurs l’avaient dessaisi. Instinctivement, il tendit la main pour la prendre et la garder à sa portée, saisi d’une certaine méfiance envers les dangers qui pourraient survenir. Mais au moment de la dresser contre le lit, il aperçut la croix vermeille ciselée sur la garde. Cette vision lui rendit brutalement le sens de la réalité et, se souvenant de lui-même, il traça sur son front le signe de la croix.
    Et voici qu’instantanément le pavillon se renversa. Des nuages de fumée l’enveloppèrent, qui devinrent si épais que Perceval se retrouva dans l’obscurité la plus complète et dans une puanteur telle qu’il se crut tombé dans l’abîme infernal. « Mon Dieu ! s’écria-t-il, épouvanté, secours-moi car, si tu ne m’aides, je vais périr ! » Les ténèbres se dissipèrent immédiatement et, regardant autour de lui, il ne vit plus aucune trace du pavillon merveilleux. Bondissant sur ses pieds, il descendit jusqu’au rivage. Depuis la nef, la jeune femme s’écriait d’une voix plaintive et pourtant pleine de colère : « Perceval ! Perceval ! tu m’as trahie ! » Lors le navire se remit à fendre les flots, suivi d’une tempête apparemment susceptible de l’engloutir, tandis que la surface des eaux s’enflammait de tous côtés comme si la foudre y eût déversé tout le feu du ciel. Et l’embarcation volait si vite sur ce brasier que le vent le plus violent n’eût pu la devancer.
    Triste à mourir, Perceval suivit la nef des yeux tant qu’il put, lui souhaitant les pires malheurs du monde, et quand elle fut devenue invisible, il dit à haute voix : « Hélas ! je suis perdu ! Contre tous mes serments, j’ai failli retomber dans mes erreurs anciennes. Je ne suis qu’un misérable, la proie trop facile de tous les démons. » Il tira son épée du fourreau et s’en frappa si rudement qu’elle s’enfonça dans sa cuisse gauche et en fit jaillir des torrents de sang {17} . En se baissant, il se vit nu. Ses vêtements gisaient d’un côté, ses armes de l’autre. Il se coucha de tout son long et se mit à pleurer abondamment tant à cause de ses égarements que de la souffrance que lui causait sa blessure {18} .

4
 
Les Angoisses de Lancelot
    Après avoir quitté les compagnons de la Table Ronde, Galaad longea de longues heures le cours d’une rivière sans rencontrer la moindre aventure et, faute d’apercevoir aucune habitation dans les alentours, se résigna à passer la nuit sous un arbre. Le lendemain matin, dès qu’il se fut désaltéré à une source, il se remit en route et parvint ainsi au sommet d’une montagne que couronnait une chapelle. Il entra dans l’édifice, le trouva désert et presque en ruine. Or, tandis qu’il y priait, une voix retentit qui disait : « Oh, toi ! chevalier qui cherches l’aventure, va au Château des Pucelles et détruis-en les maléfices coutumiers. » Galaad ne put découvrir d’où émanait la voix, mais, ayant terminé sa prière, il sortit de la chapelle et remonta sur son cheval.
    Au loin se dressait, en une vallée verdoyante, une haute forteresse entourée d’un fossé qui semblait extrêmement profond. Il s’y rendit, mais avant d’y arriver, rencontra un vieillard vêtu de haillons qui le salua de son mieux. Il lui rendit courtoisement son salut et lui demanda quel était le château vers lequel il se dirigeait. « Seigneur chevalier, répondit l’homme, c’est le Château des Pucelles qu’on ferait mieux d’appeler le Château Maudit. – Et pourquoi donc ? demanda Galaad. – Parce que tous ses habitants sont maudits. La pitié n’entre pas en leur cœur ; ils maltraitent et violentent ceux qui s’aventurent dans ces parages. Aussi ferais-tu bien, seigneur chevalier, de t’éloigner le plus vite possible. – Que Dieu te protège, brave homme ! s’écria Galaad, mais pour rien au monde je ne rebrousserais chemin. » Et cela dit, il piqua des deux vers la forteresse.
    Il croisa alors sept jeunes filles richement montées sur des

Weitere Kostenlose Bücher