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Galaad et le Roi Pêcheur

Galaad et le Roi Pêcheur

Titel: Galaad et le Roi Pêcheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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débauches, toutes les jeunes filles qui passaient dans les environs. Voilà pourquoi on appelle cette forteresse le Château des Pucelles. Tu vois maintenant, seigneur, de quel enfer tu nous as tirées en obligeant ces sept monstres à déguerpir pour jamais. Te voici désormais, grâce à Dieu, notre maître et seigneur, et nous espérons que tu te montreras bon et généreux pour nous.
    — Ne craignez rien, répondit Galaad, je ferai tout mon possible pour rétablir la justice en ce pays. » Et comme les chevaliers et les vassaux étaient arrivés dans la cour de la forteresse, il les fit rassembler autour de lui et, après leur avoir expliqué ce qui s’était passé et affirmé qu’il était maintenant leur seigneur, il leur fit jurer de ne jamais rétablir la coutume infâme qu’avaient instituée les sept frères. Ils le jurèrent de grand cœur, tant ils avaient souffert eux-mêmes des exactions de leurs anciens maîtres. Galaad leur fit en même temps prêter hommage à la fille cadette du défunt duc Lynor, seule survivante de sa lignée. Enfin, il ordonna que les jeunes filles retenues au château fussent toutes délivrées et pussent aller où elles voudraient.
    Or, tandis que Galaad réglait les affaires du Château des Pucelles, Gauvain, le fils du roi Loth d’Orcanie, errait dans la forêt, et il se trouva soudain, dans une clairière, en face de deux chevaliers qui chevauchaient au petit trot. Il eut tôt fait de reconnaître en eux son propre frère, Gahériet, ainsi qu’Yvain, le fils du roi Uryen. Fort aises tous trois de se retrouver, ils se racontèrent leurs aventures, après s’être congratulés, et se demandèrent réciproquement des nouvelles des autres compagnons de la Table Ronde.
    Là-dessus surgirent dans la clairière les sept frères qui avaient été blessés et mis en fuite par Galaad. Se sentant menacés, ils se précipitèrent tous ensemble sur les trois compagnons, qui eurent tôt fait, grâce à leur bravoure, de les massacrer jusqu’au dernier, tout en se demandant quels pouvaient être ces hommes et pourquoi ils les avaient attaqués.
    Or, d’un ermitage qui se trouvait au fond de la clairière, surgit un ermite qui les interpella en ces termes : « Seigneurs, dit-il, qu’avez-vous fait ? Ces hommes avaient été vaincus et mis en fuite par le Bon Chevalier. Certes, ils étaient d’odieux tyrans, mais le Bon Chevalier les avait épargnés, espérant sans doute qu’ils se repentent et mènent une vie plus juste. Pourquoi les avoir tués ? – Ils ne nous ont guère laissé le temps de réclamer des explications ! répondit Gauvain. Ce sont eux qui nous ont attaqués. – Gauvain ! Gauvain ! dit l’ermite, la colère est, mauvaise conseillère. Tu ne changeras jamais : brave jusqu’à la témérité, tu peux montrer autant de férocité que de générosité ! »
    Les trois compagnons allèrent passer la nuit dans la retraite de l’ermite. Celui-ci leur servit du pain et du fromage, ainsi que l’eau fraîche puisée à une source du voisinage. Les paroles de l’ermite n’en avaient pas moins troublé Gauvain. Aussi demanda-t-il à se confesser. L’ermite l’emmena dans sa petite chapelle et l’écouta attentivement ; puis, après que Gauvain eut fait entière confession, il lui donna l’absolution, non sans ajouter : « Gauvain, ta faute la plus grave n’est pas d’avoir tué tes agresseurs : ils avaient pleinement mérité leur sort, et tu n’as fait là que justice. Ta faute, Gauvain, est de ne pas avoir mis ta chevalerie au service de Dieu. Tes prouesses, tu les as accomplies pour la gloire, et bien souvent par orgueil. Si tu veux retrouver le chemin qui mène au château du Roi Pêcheur, tu dois désormais abdiquer tes prétentions ainsi que ton égoïsme. » Ayant prononcé ces paroles, il laissa son pénitent seul dans la chapelle. Après avoir quelque temps médité, le fils du roi Loth alla rejoindre ses compagnons, et tous trois s’endormirent sur la litière de feuillage que l’ermite leur avait préparée.
    Quant à Galaad, il quitta très tôt le lendemain matin le Château des Pucelles. Et comme son bouclier avait été fort endommagé durant son combat contre les sept frères, on lui avait donné celui du duc Lynor, un bouclier tout blanc et magnifiquement orné. Il chevaucha longuement, avant de parvenir en plein cœur de la Gaste Forêt et là, au détour d’un chemin, il rencontra Bohort et Lancelot. Abusés par son

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