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Galaad et le Roi Pêcheur

Galaad et le Roi Pêcheur

Titel: Galaad et le Roi Pêcheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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bouclier blanc, ceux-ci ne le reconnurent pas et, se croyant attaqués, se mirent immédiatement en garde. Lancelot lui porta un violent coup de lance sur la poitrine, mais Galaad riposta en le frappant si durement qu’il l’abattit, lui et son cheval, sans lui causer d’autre mal, puis, à l’aide de son épée, trancha le heaume de Bohort qui venait à la rescousse, et si l’épée ne lui eût tourné dans la main, il n’eût pas manqué de le tuer. Toutefois, Bohort ne put demeurer en selle : il chancela et tomba à terre, si étourdi par sa chute qu’il ne savait plus si c’était le jour ou la nuit.
    Or, cette joute avait eu lieu devant l’ermitage d’une recluse qui, voyant Galaad s’éloigner, le héla et lui dit : « Bon chevalier ! que Dieu te protège ! Ce combat aura été bien inutile, car si ces chevaliers t’avaient reconnu comme moi, ils n’auraient pas eu la hardiesse de t’attaquer. Sais-tu que tu viens de renverser Lancelot du Lac et Bohort de Gaunes ? » À ces mots, Galaad se sentit accablé de tristesse et de honte et, donnant des éperons, s’éloigna à vive allure. Quant à Bohort et Lancelot, ils sautèrent en selle le plus prestement qu’ils purent mais, comprenant qu’ils ne le rejoindraient pas, ils tournèrent bride, affligés au point qu’ils eussent tous deux préféré mourir. Et ils s’enfoncèrent plus avant dans la Gaste Forêt.
    Or Lancelot, furieux d’avoir perdu la trace du chevalier, dit à Bohort : « Beau cousin, que devons-nous faire, à ton avis ? – Je ne sais, répondit Bohort. Mais j’ai l’impression qu’en continuant de la sorte nous ne manquerons pas de nous égarer. Mieux vaudrait rebrousser chemin et revenir vers l’ermitage. – Je n’en suis pas d’accord, riposta Lancelot. Je poursuivrai, moi, le chevalier au bouclier blanc et n’aurai de satisfaction que lorsque je saurai qui il est. – Eh bien, reprit Bohort, il m’a semblé que la recluse le connaissait. Il suffirait d’aller l’interroger. – Non, dit Lancelot. Fais ce que tu veux, moi je continue par là. – Que Dieu te garde ! fit Bohort. Pour moi, je n’irai pas plus avant aujourd’hui et m’en retournerai près de la recluse. »
    Ainsi se séparèrent les deux cousins. Lancelot s’enfonça davantage dans la forêt, plus ou moins au hasard et sans suivre ni route ni sentier. La nuit était maintenant tombée, et il se trouvait en grande peine à cause de l’obscurité, ne voyant ni de près ni de loin par où il devait passer. Il finit néanmoins par arriver à une croix de pierre plantée au carrefour de deux chemins dans une lande déserte. Tout près de la croix, il aperçut alors un perron qui lui sembla de marbre et sur lequel il crut discerner quelque chose comme une inscription. Mais l’obscurité l’empêcha de la déchiffrer. Se tournant vers la croix, il distingua, non loin derrière celle-ci, une chapelle d’apparence très ancienne. Il s’en approcha, espérant y trouver quelqu’un, mit pied à terre, attacha son cheval à un chêne, se défit de son bouclier et le suspendit à une branche.
    La chapelle était des plus délabrées, mais l’entrée en était fermée par une grille de fer aux barreaux si serrés qu’il était impossible de se glisser au travers. À l’intérieur, derrière la grille, se voyait un autel fort richement paré de draps de soie et d’ornements divers. Un grand candélabre d’argent portait six cierges allumés qui jetaient une vive clarté. Lancelot se sentit un ardent désir d’entrer et de savoir qui pouvait vivre là, car il était surprenant, vraiment, que de si beaux objets ornassent un lieu si étrange et si isolé. Mais un nouvel examen de la grille le convainquit qu’il ne pourrait jamais passer. Très affligé, il s’en retourna à son cheval, le détacha et le mena jusqu’à la croix puis, lui ôtant sa selle et son mors, lui donna liberté de paître. Ensuite, il délaça son heaume, le posa à terre, déceignit son épée et, se couchant sur son bouclier au pied de la croix, s’endormit assez vite, car il était fatigué. Seulement, l’image du chevalier au bouclier blanc revenait sans cesse hanter son sommeil.
    À son réveil, il vit venir, sur une litière portée par deux palefrois, un chevalier malade qui proférait de longues plaintes. Il regarda Lancelot sans dire un mot, le croyant endormi. Et Lancelot de son côté demeura immobile, en homme qui ne dort ni ne veille et qui est

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