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Galaad et le Roi Pêcheur

Galaad et le Roi Pêcheur

Titel: Galaad et le Roi Pêcheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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pour les planter en terre se desséchaient. Et sachez également que la nef où nous sommes a été construite, sur l’ordre du sage roi Salomon et de sa femme, laquelle était devineresse, avec le bois de cet Arbre de Vie {46} . Voilà pourquoi nul n’y peut monter sans s’être d’abord déchargé des fautes qu’il aurait pu commettre. Et voilà pourquoi cette épée ne peut être retirée de son fourreau que par l’homme auquel elle est destinée. »
    La sœur de Perceval se tut et baissa les yeux. « Par Dieu tout-puissant ! s’écria Galaad, je voudrais maintenant en faire l’épreuve. Si je n’y parviens pas, vous saurez que je suis indigne de la confiance que vous me témoignez. » Il y mit donc la main, et il se trouva que ses doigts se recouvraient les uns les autres. « Galaad ! s’écrièrent ses compagnons, cette épée est vraiment la tienne, et rien ne peut t’empêcher de la ceindre. – À condition qu’il abandonne celle qu’il a retirée du perron, à Kamaalot, en présence du roi Arthur et de tous les chevaliers », dit encore la jeune fille. Galaad se défit de l’épée qui avait appartenu à Balin, la jeta sur le plancher de la nef et, sans aucune difficulté, dégaina l’Épée aux Étranges Renges : la lame apparut, si limpide dans la lumière, qu’on eût pu s’y mirer. Et ce fut Lawri qui lui noua le baudrier de sa nouvelle épée. « Seigneur Galaad, dit-elle alors, je peux mourir quand Dieu le voudra, désormais, car je m’estime la plus heureuse femme du monde pour avoir adoubé le chevalier le plus vaillant de tous les hommes de ce siècle. Il te faut savoir en effet que tu n’étais pas chevalier de plein droit, quoique tu l’eusses été par ton père, le preux Lancelot du Lac. Pour l’être vraiment, il te fallait d’abord ceindre l’épée faite pour toi seul. » Les trois compagnons étaient fort émus par l’aventure. « Maintenant, reprit la sœur de Perceval, nous pouvons repartir. »
    Sortant de la nef, ils empruntèrent à nouveau le sentier qui contournait le rocher et s’en retournèrent à l’endroit où ils avaient amarré le navire qui les avait conduits jusque-là. « Ah ! dit Perceval, il ne sera pas de jour où je ne glorifie Dieu de m’avoir permis d’assister à une telle aventure ! – Tu n’as pas fini de remercier Dieu, lui dit sa sœur, car c’est à présent que doit commencer la véritable quête du saint Graal. » À peine eurent-ils embarqué que le vent, frappant les voiles, les éloigna de l’île rocheuse où ils avaient découvert la nef merveilleuse et l’Épée aux Étranges Renges. Et la nuit tomba tandis qu’ils poursuivaient leur navigation sur la mer {47} .

9
 
Le Sacrifice
    Le lendemain, bien après le lever du soleil, la nef aborda dans un port que dominait la forteresse appelée Kaercelli, sur les marches d’Écosse, non loin de la grande forêt de Kelyddon. Après avoir rendu grâces à Dieu de les avoir ramenés sains et saufs de l’aventure de la nef et de l’épée, ils débarquèrent et pénétrèrent dans la forteresse. Dès qu’ils en eurent franchi la grande porte, la sœur de Perceval leur dit : « Amis, ce lieu n’est pas de tout repos : si l’on apprend que nous sommes de la maison du roi Arthur, on nous assaillira, car les gens d’ici haïssent mortellement notre roi. – N’aie aucune crainte, répondit Bohort. Nous sommes capables de nous défendre, et celui qui nous a conduits jusqu’ici ne peut nous abandonner. »
    Tandis qu’ils parlaient ainsi, un valet vint vers eux et leur demanda : « Seigneurs chevaliers, qui êtes-vous et d’où venez-vous ? – Nous sommes de la maison du roi Arthur, répondirent-ils. – Alors, repartit le valet, vous êtes les malvenus. » Il s’en retourna vers le maître de la grande tour, et une sonnerie de cor ne tarda pas à retentir, tandis qu’une jeune fille s’approchait à son tour pour leur demander d’où ils venaient. Quand ils eurent répondu qu’ils étaient de la Table Ronde, elle s’écria : « Hélas ! pour l’amour de Dieu, seigneurs, fuyez au plus vite, vous courez ici à votre perte. Si vous m’en croyez, partez avant que les gens d’ici ne vous surprennent dans leurs murs. – Grand merci de nous en avertir, dit Perceval, mais je te jure que nous ne nous en irons pas. – Vous voulez donc mourir ? reprit la jeune fille. – N’aie aucune crainte, dit Galaad. Celui qui nous a pris à son service nous

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