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Galaad et le Roi Pêcheur

Galaad et le Roi Pêcheur

Titel: Galaad et le Roi Pêcheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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tout-puissant ! s’écria Perceval, j’essaierai d’empoigner cette épée ! » Il y mit la main, mais ne put étreindre la poignée. « Je crois bien que ces lettres disent vrai », murmura-t-il d’un ton amer. Bohort essaya à son tour et n’y réussit pas mieux. Ils se tournèrent alors vers Galaad : « Ce ne peut être que toi, dirent-ils, car tu es le Bon Chevalier. » Mais Galaad refusa. Il contemplait l’épée avec une grande attention et finit par dire : « Regardez, une autre inscription figure sur la lame de cette épée. » Ils se penchèrent et lurent ceci : « Nul ne pourra me tirer hors du fourreau tant que le baudrier auquel je pends ne sera pas changé. Or ce baudrier ne peut être changé que par la main d’une femme très pure et issue de roi et de reine. Elle seule substituera au baudrier présent un autre baudrier, fait de la chose qu’elle préfère en toutes celles qu’elle porte sur elle. Il convient aussi que cette femme soit vierge, de volonté comme de fait. S’il advient qu’elle enfreigne sa virginité, nul doute qu’elle mourra de la plus vile mort qui soit. Et que jamais nul ne s’avise de me tirer hors du fourreau tant que ce baudrier fait de vil chanvre n’aura pas été remplacé par celui auquel j’ai droit. » {44}
    Ayant lu l’inscription, ils examinèrent soigneusement le baudrier et remarquèrent qu’en effet il ne semblait guère convenir à une arme aussi précieuse : fait d’une aussi vile et pauvre matière que de l’étoupe de chanvre, il était si fragile en apparence qu’on pouvait douter qu’il fût capable de supporter le poids de l’épée sans se rompre instantanément. « Eh bien, dit Perceval, j’avais grand tort en demandant à Galaad d’essayer de tirer l’épée hors du fourreau. Il n’y serait point parvenu, et nous aurions été consternés. Maintenant, nous savons que rien ne peut être tenté avant que ce baudrier ne soit remplacé. – Certes, dit Bohort, il nous faut maintenant nous mettre en quête de la femme vierge qui changera ce baudrier. » Perceval et Galaad s’avouèrent alors au comble de l’embarras, car ils ne savaient ni l’un ni l’autre où se trouvait cette vierge. Quoi qu’il en fût, ils étaient bien décidés à partir à sa recherche, dussent-ils consacrer leur vie à parcourir le monde.
    « Ce ne sera pas nécessaire, dit alors la sœur de Perceval. Ne vous troublez pas. S’il plaît à Dieu, un baudrier aussi riche qu’il convient sera mis à cette épée avant notre départ. » Elle fouilla dans son manteau et en retira un écrin qu’elle ouvrit devant son frère, Bohort et Galaad. À l’intérieur reposait un baudrier tissé d’or, de soie et de cheveux. Les cheveux étaient si brillants qu’à peine pouvait-on les distinguer des fils d’or. Des pierres précieuses y étaient incrustées, et deux boucles d’or, les plus belles du monde, les sertissaient. « Chevalier, dit Lawri à Galaad, voici le baudrier qu’il convient de mettre à l’épée. Sachez-le tous, je le fis de ce que je portais sur moi qui m’était le plus cher, c’est-à-dire de mes cheveux. Et, le jour de la Pentecôte, quand tous les chevaliers du roi Arthur firent le serment de mener la quête jusqu’à son terme, j’avais encore la plus belle chevelure qu’eut jamais femme sur cette terre. C’est pour l’amour de vous que je me fis tondre et tressai moi-même avec mes cheveux les cordons que vous voyez là {45} .
    — Par Dieu tout-puissant ! s’écria Bohort, tu nous tires de bien grande peine, jeune fille, sois-en bénie ! » Sans répondre, elle ôta de l’épée le baudrier de chanvre et le remplaça par celui qu’elle avait tressé, faisant cela avec autant d’aisance que si, de sa vie, elle n’eût fait autre chose. Puis elle dit aux compagnons : « Savez-vous le nom de cette épée ? – Non, répondirent-ils, à toi de nous le révéler. – Sachez donc qu’elle se nomme l’Épée aux Étranges Renges, et que son fourreau s’appelle Mémoire de Sang, parce qu’une partie de ce fourreau a été faite du bois de l’Arbre de Vie, en mémoire du sang versé par Abel lorsqu’il fut tué par son frère Caïn. Ce fut en effet à cause de ce meurtre que l’Arbre de Vie, qui avait été blanc comme neige puis vert, devint rouge comme du sang. Il avait été l’arbre le plus merveilleux du monde et il ne porta jamais plus ni fleur ni fruit. Tous les rameaux qu’on en détachait

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