Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
perdu le premier match de la série finale.
Dans le deuxième affrontement, le mercredi soir, nous avons ensuite frôlé la catastrophe.
Nous menions 8 à 0 en neuvième manche et il y avait un retrait au tableau quand les Tornados ont entrepris une incroyable remontée. Contre toute attente, ils sont parvenus à égaler la marque et à provoquer la tenue de manches supplémentaires.
Nous sommes finalement parvenus à lâemporter au compte de 9 à 8. Puis lâéquipe a voyagé toute la nuit pour rentrer à Québec et disputer le troisième match.
Mon dernier match.
La veille de cet affrontement, Valérie mâa téléphoné afin de savoir si ce match allait effectivement marquer la fin de ma carrière.
â Est-ce que je dois prendre lâavion? Sâil te plaît, dis-moi que tu vas relancer. Sinon, je monte à bord du premier vol. Je ne voudrais pas rater ton dernier match, avait-elle insisté.
â Val, je te promets que je vais lancer à nouveau. Je ne sais pas si jâaurai la chance de relancer dans un vrai match, mais je lancerai au camp dâentraînement le printemps prochain. Câest sûr.
Quand je me suis présenté au stade municipal en ce 17 septembre, une émotion particulière flottait dans lâair.
â Tu sais, Michel, je vais tout donner et je veux que tu me laisses dans le match le plus longtemps possible parce que ce sera probablement le dernier match de ma vie.
Jâavais pris la peine de confirmer à Michel que ce match allait probablement être mon chant du cygne parce que je souhaitais quâil en tienne compte dans sa façon de diriger la partie. Mais la rumeur courait déjà depuis quelques jours. Mes coéquipiers le savaient. Les médias y avaient fait allusion et, en conséquence, les gradins étaient remplis à pleine capacité.
Quand je me suis présenté dans le vestiaire, je nâétais définitivement pas dans le même état dâesprit que dâhabitude, à la fois fébrile et totalement absorbé par la tâche à accomplir.
Je voulais conclure sur une note positive et jâétais confiant de pouvoir le faire. En même temps, chaque geste que je faisais dans ma préparation dâavant-match semblait se dérouler au ralenti.
Je sentais le regard de mes coéquipiers. Certains dâentre eux ne me regardaient pas du même Åil. Dans le vestiaire, nous sentions tous quâil se passait quelque chose.
Dès le premier lancer, tout cela sâest confirmé. Je lançais plus fort que je ne lâavais fait durant toute la saison et chacun de mes lancers avait plus dâétoffe quâà lâhabitude. Jâétais seul dans ma bulle.
Il circulait une énergie unique dans lâenceinte.
Le premier frappeur des Tornados a mordu la poussière sur élan. Et nous avons retiré nos sept premiers adversaires à se présenter à la plaque.
En septième, nous détenions une avance de 4 à 1. Les Tornados avaient éparpillé cinq coups sûrs et jâavais récolté cinq retraits sur des prises. Jâavais atteint le plateau des 80-85 lancers et les spectateurs, comme sâils avaient voulu me transporter jusquâau fil dâarrivée, ont commencé à bondir de leur siège à chaque fois que le compte dâun frappeur atteignait deux prises.
Considérant sa taille, le stade était extraordinairement bruyant. Les spectateurs réclamaient des strikeouts . Et je mâarrangeais pour leur en donner!
Pour la première fois de la rencontre, Michel est venu me parler avant la huitième manche. Jâétais assis dans un coin de lâabri, seul. Et cette fois, il ne mâa pas parlé du nombre de lancers que jâavais effectués. Ãa nâavait plus dâimportance. Câétait mon match.
Quand nous nous sommes élancés vers le terrain en huitième, le niveau de décibel était encore plus fort. Et les spectateurs nâétaient plus simplement debout. Ils étaient sur le bout de leurs pieds. Jâavais des frissons. Et je me rendais compte que mes coéquipiers â mes chums â vivaient ces instants presque aussi intensément que moi.
En neuvième, quand jâai quitté lâabri pour entreprendre ma toute dernière manche, la chanson Welcome to the Jungle
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