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Gauvain

Gauvain

Titel: Gauvain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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dégager.
    Il se décida cependant. Mettant pied à terre et conduisant Gringalet par la bride, il s’avança, tout en croyant revenir en arrière. Ses pieds heurtaient les cailloux du chemin, ce qui lui sembla de bon augure et, prenant grand soin de ne pas s’écarter, il marchait pas à pas, espérant à chaque instant que le brouillard allait se dissiper, et que lui-même se retrouverait dans la pleine lumière du soleil. Il s’aperçut alors qu’il approchait d’un pont, et que ce pont franchissait un fossé. De l’autre côté, il discerna les contours d’une muraille en pierre, muraille qui comportait une porte, étroite mais suffisante pour le passage d’un cavalier. Tout heureux de voir qu’elle était ouverte, Gauvain passa sans hésiter le pont. Quand il fut parvenu sur l’autre bord, il s’arrêta et, prudemment, jeta un regard circulaire pour savoir s’il y avait quelqu’un à l’intérieur. Au même moment, la lumière devint plus crue, le brouillard s’estompant. Reprenant courage, Gauvain s’avança, l’épée à la main, prêt à toute éventualité.
    Il aperçut alors un portier dont la main tenait deux clefs. En le dévisageant, l’homme lui dit : « Gauvain, sois le bienvenu. » Gauvain s’étonna fort d’être appelé par son nom, mais il ne posa aucune question. Le portier le mena à travers une cour jusqu’à un manoir qui surgissait devant eux, quoique sa toiture se perdît encore dans le brouillard. Il y entra, à la suite du portier, et celui-ci le fit monter, par un escalier tortueux, jusqu’à une salle somptueuse dont le sol était joliment jonché de fleurs fraîches qui exhalaient un doux parfum. Là, sur un lit, était assis un vieux seigneur aux cheveux gris qui paraissait bien centenaire et dont les vêtements étaient couleur de neige. Le temps pesait tant sur ses épaules qu’il lui était impossible de se déplacer sans l’aide de quelqu’un : autrement, il devait rester assis ou couché. Cependant, lorsque le vieillard eut jeté les yeux sur Gauvain, il ne manqua pas de lui dire d’une voix très douce : « Gauvain, sois le bienvenu. » Réconforté par cet accueil, Gauvain remercia vivement le vieillard. Mais le portier, le prenant par le bras, l’entraîna plus loin à travers le château. Talonnant son guide, il emprunta d’interminables couloirs et, brusquement, se retrouva seul dans une pièce éclairée seulement par une petite lucarne. « Où es-tu ? » demanda-t-il, mais seul l’écho de sa propre voix lui répondit.
    Derechef en proie à toutes les angoisses qu’il avait subies au milieu du brouillard, il répéta plusieurs fois sa question avant de devoir se rendre à l’évidence : le portier l’avait abandonné dans ce manoir dont il ignorait tout. Il s’en fut donc au hasard, le long d’un couloir qui tournait vers la gauche, et aboutit à une porte en bois massif qu’il ouvrit sans difficulté. Au-delà s’ouvrait une chapelle dont l’autel était orné de fleurs multicolores. Il s’agenouilla et se mit à prier. Mais lorsqu’il voulut ressortir, la lumière du jour se changea sur-le-champ en une obscurité plus profonde que naguère celle de l’extérieur. Condamné à une cécité totale, il dut avancer à tâtons. Se remettant à genoux, il implora Dieu de lui indiquer la direction qu’il fallait prendre pour sortir de ce cauchemar. Aussitôt, une flamme surgit des ténèbres et alluma toutes les chandelles alentour. Et, de la voûte où il était suspendu à une chaîne d’or, descendit un grand cercueil de chêne drapé dans une étoffe de soie. Une épée y était fichée. Gauvain, ne sachant comment interpréter cette merveille, examina longuement l’épée et en observa la facture.
    Il commençait à reprendre confiance quand, tout à coup, le cercueil disparut sans qu’il pût savoir de quelle manière. Sa joie s’envola. Se redressant, il regarda autour de lui, le long de la voûte et des murs, pour tâcher de comprendre, et c’est alors qu’il vit deux mains qui émergeaient du mur : le fer qui les gantait permettait de supposer qu’elles appartenaient à un chevalier. Et elles pointaient un fût de lance très lourd dont l’extrémité, d’or pur, saignait abondamment. « La Lance qui saigne ! » s’exclama Gauvain en lui-même. Mais un grand bruit retentit dans la chapelle, les flambeaux basculèrent au sol, s’y éteignirent, et il fit encore plus sombre qu’auparavant. Alors, Gauvain

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