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Gauvain

Gauvain

Titel: Gauvain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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une haie d’aubépines.
    À l’entrée de l’enclos, sous un arbre, était assis un très bel homme dont la vêture annonçait un ermite. Il avait les cheveux blancs et la barbe chenue. La tête appuyée sur la main, il examinait avec soin un beau destrier superbement harnaché qu’un écuyer lui présentait, ainsi qu’un bouclier qui brillait au soleil et un haubert qu’il s’était fait apporter. Dès qu’il vit approcher Gauvain, il se dressa pour aller à sa rencontre et le saluer.
    « Cher seigneur, dit-il, approche doucement, sans bruit, de peur que les choses n’empirent. Ne m’accuse pas, je te prie, d’impolitesse : je t’offrirais volontiers l’hospitalité en mon ermitage si je n’en étais empêché. Sache donc qu’un chevalier y est couché, un chevalier que l’on tient pour le meilleur du monde, mais il est malade. Je ne voudrais pas qu’il apprenne qu’un autre chevalier est entré dans l’enclos. En effet, tout mal en point qu’il est, il se lèverait, et personne ne pourrait l’empêcher de s’armer, d’enfourcher son cheval et de se battre, quel que soit le nouveau venu. De sorte que son état risquerait fort de s’aggraver. Quant à moi, si je le garde avec tant de soin, c’est que je veux empêcher quiconque, toi ou un autre, de l’apercevoir, car il en résulterait une grande perte.
    — Seigneur, dit Gauvain, comment s’appelle-t-il donc ? – Son nom ne te dirait rien ; aussi m’abstiendrai-je de te répondre. – Ne puis-je quand même le voir ? – Certainement pas, et je t’ai expliqué pourquoi. – Dis-moi au moins à quel lignage il appartient. – Cela, répondit l’ermite, je peux te le dire : au lignage de Joseph d’Arimathie, celui qui descendit Jésus de la croix. »
    C’est alors qu’une jeune fille, s’approchant de l’ermite, l’entretint à voix basse. Celui-ci se leva aussitôt, prit congé de Gauvain, entra dans la chapelle et en referma soigneusement la porte sur lui-même et la jeune fille. L’écuyer emmena le cheval et remporta les armes dans la maison dont il referma également la porte, sans s’occuper un instant de Gauvain.
    Tout pensif et troublé, ce dernier reprit sa route et, à nouveau, pénétra dans la forêt. Il arriva bientôt dans une contrée qui paraissait déserte. Au milieu d’une plaine hérissée de rochers, se dressait pourtant une forteresse vers laquelle il se dirigea. Il en approchait quand il vit qu’un large cours d’eau bordait ses murailles, que sa grande porte, fermée, semblait des mieux protégées. En effet, un lion enchaîné était couché tout près de l’entrée, sa chaîne fixée dans le mur. De part et d’autre se trouvaient également deux hommes de cuivre adossés au mur et qui, grâce à un mécanisme ingénieux, décochaient des flèches avec une force redoutable. Intimidé par le lion et les automates, Gauvain n’osait s’approcher quand, levant les yeux vers les créneaux, il y distingua une foule de gens qui semblaient être des prêtres et des chevaliers. Dans l’embrasure de chaque créneau se dressait une croix et, au sommet de la muraille, une chapelle à laquelle on devait pouvoir accéder depuis la grande salle du château. Trois croix la surmontaient, chacune munie d’un ange d’or. Gauvain, passablement surpris, contemplait tout cela de loin, car la porte demeurait inabordable à cause des automates qui décochaient leurs traits avec une telle violence qu’aucun bouclier, si robuste fût-il, n’y eût résisté. Et comme, à moins de rebrousser chemin, nulle autre route ne s’ouvrait ni sur la droite ni sur la gauche, en dehors de celle qui longeait l’entrée de la forteresse, il ne savait que faire.
    Il était au comble de la perplexité lorsqu’il s’aperçut que le ciel, jusque-là fort clair, s’obscurcissait de plus en plus. Le soleil disparut, et un brouillard épais qui provenait de la vallée montait, noyant tout sur son passage. Bientôt Gauvain se retrouva dans une sorte de nuit laiteuse, à peine éclairée par une lumière blanchâtre, presque glauque, nuit dont l’épaisseur était telle qu’il était difficile de respirer normalement. Gauvain se sentait pris dans un piège. S’il avançait de quelques pas, il risquait de recevoir les flèches que lançaient les archers de cuivre. S’il faisait demi-tour, Dieu sait quel ennemi le guettait pour mieux fondre sur lui et le faire basculer dans quelque marécage d’où il ne pourrait jamais se

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