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Gauvain

Gauvain

Titel: Gauvain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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l’arbre, je tentais de récupérer l’épervier. – Il en sera ainsi, dit Codrogwynn, je ferai tout ce que tu me dis. »
    Alors, après avoir pris congé, Gauvain et Espinogre remontèrent sur leurs chevaux et s’en allèrent au petit trot, au hasard des chemins, pour trouver l’aventure grâce à laquelle le Chevalier sans Nom pourrait sans honte décliner son identité.
    Ils parcoururent landes et forêts pendant longtemps sans rencontrer âme qui vive. Mais, un matin, ils arrivèrent près d’un ermitage. Un chevalier en sortait. Revêtu d’un manteau de beau drap doublé d’hermine, arborant, sur des chausses échancrées, des éperons d’or et monté sur un destrier de grande finesse, il n’avait pas d’armes, sauf l’épée qu’il portait au côté. Il avait rejoint là une jeune fille singulièrement belle et avenante à qui il contait une histoire qui était survenue dans le pays. Le chevalier à qui l’on avait ravi son nom le salua avec courtoisie.
    « Seigneur, répondit l’autre, que Dieu te protège dans la quête que tu mènes. » Puis il ajouta : « Je voudrais que tu m’accordes une faveur : viens, avec ton compagnon, te divertir chez moi ce soir et y passer la nuit. Je t’y promets aussi bon gîte que si tu étais chez toi. – Seigneur, répondit Gauvain, je te remercie. Mais j’ai entrepris une aventure qui ne souffre point de retard. Aussi ne prends pas à mal mon refus. – Puisque tu ne peux t’attarder, accorde-moi au moins le plaisir de t’inviter ce matin. J’ai un manoir qui ne se trouve pas très loin d’ici, derrière ce vallon. En ce moment même, un repas m’y attend, tout préparé. Toi et ton compagnon, venez le partager avec moi. Cela ne te détournera guère. – J’accepte bien volontiers », dit Gauvain.
    Ils ne furent pas longs à atteindre le manoir. Ils n’étaient pas descendus de cheval que déjà les tables étaient mises, que les serviteurs avaient disposé serviettes et bassins. Les nappes, le pain, le vin, tout fut rapidement en place. Ils se mirent à table sans plus attendre et, après s’être lavé les mains, commencèrent à manger. Le repas fut magnifique et abondant. Au bout d’un moment, le maître du manoir s’adressa à ses deux invités en ces termes :
    « Seigneurs, il faut que je vous fasse part d’un évènement récent qui a provoqué douleur et colère. Et lorsque la nouvelle sera connue à la cour, la douleur du roi sera sans bornes. Hélas ! qui osera lui parler du Bon Chevalier qu’on a si injustement mis en pièces ? C’est en effet de son neveu que je parle. – Par tous les saints du Paradis ! s’écria Gauvain, voilà une nouvelle surprenante ! Je t’en prie, mon cher hôte, explique-toi : d’où tiens-tu cela ? – Eh bien, voici. Je m’apprêtais, l’autre soir, à aller voir, pour me distraire, mes bœufs au pâturage. Au moment de franchir la porte, je vis venir au loin trois chevaliers armés de pied en cap sur leurs destriers. L’un piqua vers moi, tout seul, le long d’un chemin ferré {14} , laissant en arrière ses compagnons. Après que nous nous fûmes salués, il me demanda de les héberger tous trois pour la nuit. Je ne pouvais qu’accéder à son vœu.
    « Le chevalier entra donc avec moi et je fis en sorte qu’on le reçût avec tous les égards possibles. Hélas ! j’aurais dû me renseigner sur lui auparavant ! Une fois en effet que, lui ayant offert l’hospitalité, j’eus appris l’énormité du crime qu’il avait commis, il ne m’était plus possible de le bannir de ma maison. C’est alors qu’arriva, le tronc d’un homme sur sa monture, l’un des chevaliers qui l’escortaient. L’autre, sur ses talons, manifestait la plus vive allégresse de transporter les membres et la tête du cadavre. Je demandai aussitôt l’identité du mort, la cause de leur grande joie et les raisons pour lesquelles on l’avait tué. « J’en avais promis la tête à mon amie ! dit le premier. – Et moi, dit le second, le corps à la mienne ! » Devant ma stupeur, le chevalier que j’avais invité entreprit de tout me raconter. »
    Gauvain ne put se retenir de l’interrompre : « Seigneur ! s’exclama-t-il, c’est là l’aventure dont je suis en quête ! Je t’en prie, cher hôte, ne me cache rien de ce que tu as appris. – Je ferai de mon mieux. Voici donc ce que l’on me narra : deux des chevaliers que j’avais reçus étaient amoureux de deux belles jeunes

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