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Gauvain

Gauvain

Titel: Gauvain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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qu’ils forçaient l’allure de leurs rapides coursiers. De sorte que, sans rencontrer d’obstacle ni subir de contretemps, ils parvinrent bientôt à l’étape dont avait parlé Hunbaut. C’était une vaste forteresse entourée par un large cours d’eau. Elle paraissait imprenable tant étaient puissantes ses murailles et nombreux ses jardins intérieurs. Aucune armée venue l’assiéger n’aurait pu se flatter d’en réduire ou d’en affamer les habitants. D’un côté, un port opulent s’ouvrait à un intense trafic fluvial ; de l’autre, abrités du vent par une colline, des vergers superbes dénotaient l’abondance et la richesse.
    Après avoir franchi le pont, Gauvain et Hunbaut longèrent la grand-rue et le marché. Mais n’étant assurément pas hommes à discuter du prix des denrées, ils allèrent droit jusqu’au pied de la tour principale, où une belle compagnie de plus de vingt chevaliers vint à leur rencontre. À leur tête, marchaient le sénéchal et le connétable. Quant au seigneur, il jouait au trictrac dans la grande salle et ils l’abordèrent main dans la main. Hunbaut dit alors : « Seigneur, je t’amène un hôte de marque : Gauvain, neveu du roi Arthur. » Aussitôt, le seigneur s’arrêta de jouer et, se précipitant, dit à Gauvain : « Dieu te protège et garde le roi Arthur ! Sois le bienvenu chez moi, puisque le ciel a fait de toi le meilleur chevalier du monde ! »
    Puis, le prenant par la main, il le fit désarmer sans attendre. De nombreux serviteurs s’empressèrent autour des deux hommes et les revêtirent de robes de soie écarlates des plus seyantes. Gauvain prit alors place à gauche du seigneur, qui l’interrogea longuement sur lui-même et sur ses aventures. Et Gauvain, sans mentir ni se perdre en détails superflus, lui raconta comment, de fil en aiguille, les accusations de Guinganbrésil l’avaient amené à se lancer dans la quête de la Lance qui saigne. Avec autant de courtoisie que de réserve, le seigneur se garda d’insister et l’entreprit sur d’autres sujets, tandis que l’on apprêtait le repas et dressait la table.
    Le moment venu, deux chevaliers montèrent l’escalier pour aller chercher, dans sa chambre à l’étage, la jeune fille dont ni la beauté ni les qualités n’avaient de pareilles au monde, et elle ne tarda pas à se présenter. Elle n’avait pas de voile sur ses cheveux blonds. Son corps était gracieux, élégant et distingué. Toute l’assistance la contemplait avec admiration. Quant à Gauvain, il fut fasciné, ébloui par cette beauté qui n’était ni pâle ni fade, mais à la fois blanche et vermeille, et dont le regard suave évoquait quelque paradis perdu. Pour qu’on pût mieux la voir, son père, qui était très fier d’elle, la fit asseoir à la place d’honneur. Puis il prit par le doigt celui qu’il considérait comme le meilleur chevalier du monde et l’installa auprès de sa fille, bien en vue, de sorte que, tout en l’honorant, il serait à même de le surveiller fort étroitement.
    Cependant, Gauvain se sentait fort à l’aise auprès de celle dont l’étourdissait la beauté. Conscient que plus d’un regard pouvait le surprendre s’il lui parlait d’une manière un peu trop intime, il se savait du moins à l’abri des oreilles indiscrètes. Nul n’était assez près pour l’entendre, le cas échéant, risquer des demandes scabreuses ou inconvenantes. Le seigneur, lui, manifestait sa joie et sa bonne humeur, apparemment sans arrière-pensée, en partageant son écuelle avec Hunbaut qu’il connaissait de longue date. Alors, en homme d’expérience, Gauvain s’adressa à la jeune fille avec beaucoup de courtoisie, évitant tout propos qui pourrait la choquer, lui déplaire ou l’irriter, car il préférait ne point brusquer les choses. Toutefois, plus le temps passait, plus il sentait son désir pour elle s’exacerber. Aussi entreprit-il enfin d’en parler, d’abord à mots couverts, puis avec moins d’ambages. Et c’est ainsi qu’en l’abreuvant de belles phrases qu’elle seule pouvait entendre, il lui demanda son amour ainsi que ses faveurs. Elle ne s’en offusqua guère, car ces prières la comblaient d’aise, et elle s’ingénia à le lui dire : « Gauvain, souffla-t-elle, je ne t’avais jamais vu, mais les récits qu’on m’a faits de toi m’ont convaincue de ta valeur et de ta générosité. Sois sans crainte, nous trouverons bien le moyen de nous

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