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Gisors et l'énigme des Templiers

Gisors et l'énigme des Templiers

Titel: Gisors et l'énigme des Templiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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matériels qui y étaient attachés.
    Il n’était donc pas pensable que les dignitaires du Temple,
qui faisaient partie de la hiérarchie catholique, puissent contribuer à la
destruction de cette hiérarchie qui leur apportait richesse et puissance. Les
Templiers ne se sont jamais mis hors de l’Église, et ils ont toujours prétendu
en être les plus fidèles soutiens. Et c’est probablement vrai. D’où l’ambiguïté
du Temple. D’où la loi du silence. D’où l’absence totale d’information
doctrinale sur la personne du Christ Jésus, pierre d’achoppement de tout le
système. Seul persistait un rite devenu incompréhensible, et on tenait
vraisemblablement à ce qu’il le restât.
    On sait que l’art copte s’avère rebelle à toute figuration
du Christ en croix. Cela traduit, dans le concret, une pensée théologique que
nous retrouvons dans de nombreuses sectes inclassables, mais où l’influence
gnostique est prépondérante. On sait aussi que le Christianisme primitif ne vénérait
qu’une croix brillante et glorieuse, symbole de l’éternelle perfection, et non
pas l’instrument d’un supplice infligé à un Jésus « roi des Juifs »,
et condamné à mort par les Romains pour sédition contre l’ordre établi. Est-ce
que l’on s’est demandé pourquoi, le Vendredi saint, dans
toutes les églises catholiques, les crucifix sont recouverts d’un voile ?
    Assurément, ce rite, dont personne ne comprend plus la
signification, ou dont on donne une fausse interprétation (signe de deuil), veut dire quelque chose.
    Ne voudrait-il pas signifier que ce n’est pas l’instrument
du supplice qu’on vénère, mais une croix symbolique, et que, par conséquent, le
jour de la commémoration de l’événement, on doit cacher l’élément purement
historique ?
    Cela expliquerait que la soldatesque templière ait considéré
la cérémonie du reniement et du crachat sur la croix comme un simple sacrilège
honteux, que cette masse de moines-soldats, à vrai dire plus soldats que moines
et nécessairement plus guerriers que théologiens, ait confondu la
non-représentation matérielle du Christ avec ce simple rejet de la croix.
Souvenons-nous des paroles d’un des accusés, Gérard du Passage, qui déclara le
28 avril 1310, devant la commission pontificale : «  Ce n’est rien de plus qu’un morceau de bois. Notre-Seigneur est au
Ciel . »
    Par conséquent, si l’on veut sortir de l’impasse, à savoir
la contradiction formelle entre la volonté nettement affirmée des Templiers de
se prétendre chrétiens et leur rite du reniement de Jésus, la seule solution
possible est celle-ci : ils (tout au moins ceux qui faisaient partie de
l’élite templière) ne croyaient pas en l’existence matérielle d’un Jésus,
« roi des Juifs » et crucifié en tant que chef d’une organisation
anti-romaine, mais en la permanence d’un Christ, c’est-à-dire
un « Messie », un « Oint », universel et intemporel,
symbolique « Fils de Dieu » à l’image de ce que devraient devenir
tous les hommes fils de Dieu .
    On comprend qu’il n’était pas opportun de répandre cette
idée dans la grande masse des fidèles. Ceux-ci n’étaient peut-être pas aptes à
comprendre cette subtile proposition ontologique, alors qu’ils étaient englués
dans les fables matérialistes répandues par un Évangile pris à la lettre et
dont l’esprit s’était perdu depuis bien longtemps. Voilà pourquoi les Templiers qui savaient se sont tus farouchement. Voilà pourquoi
Philippe le Bel, qui voulait avoir la disposition du secret pour lui tout seul,
s’est tant acharné contre le Temple. Voilà pourquoi le pape, soucieux de
préserver la structure de l’Église, a lâché le Temple.
    Il est inutile de reprendre les diverses théories qui ont
été savamment élaborées à propos de l’historicité du Christ Jésus. Parfois, on
apprend que Jésus n’a pas été crucifié, mais qu’on a mis un condamné anonyme à
sa place. Air connu, et très largement diffusé par la suite à propos de
nombreux personnages, ne serait-ce que Jeanne d’Arc ou Adolf Hitler. Parfois,
on apprend que Jésus n’est pas ressuscité, et que ses disciples ont dérobé
habilement son corps afin de faire croire qu’il était sorti de son tombeau.
Parfois, on apprend que Jésus avait un frère jumeau, et que c’est ce jumeau que
les disciples ont vu, après la Pâque, ce jumeau s’étant préalablement fait
tatouer

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