Gisors et l'énigme des Templiers
Sainte-Catherine. Mais les souterrains de Gisors existent bien, et on
ne les a pas fouillés entièrement. De plus, on a fait en sorte – pour quelle
raison ? – de les reboucher chaque fois qu’une entrée y était ménagée,
quitte même à y couler du béton. On sait qu’un cimetière mérovingien se trouve
immédiatement au nord de l’église, mais on s’est bien gardé de savoir ce qu’il
contenait exactement. On sait que les Templiers ont occupé le château de Gisors
pendant quelques mois et qu’ils n’ont pu y entreprendre des travaux
d’importance. Mais on sait que les Templiers ont toujours joué un rôle à
Gisors, ne serait-ce qu’en servant de médiateurs entre les Anglo-Normands et
les Français. On sait que ce même château de Gisors a été commencé avant la
fondation du Temple et qu’il est donc impossible que les Templiers aient
influencé son plan d’ensemble. Mais certaines caractéristiques concernant
l’enceinte et le donjon présentent des analogies avec d’autres monuments
templiers. On sait que les graffiti de la Tour du Prisonnier sont largement
postérieurs aux Templiers et que le fabuleux Nicolas Poulain ne pouvait en
aucun cas être un membre de l’Ordre. Mais les graffiti sont quand même
d’inspiration templière. On sait que des fouilles ont été entreprises sous le
château et sous l’église de Gisors et qu’elles n’ont abouti officiellement à
aucune découverte précise. Mais rien n’a été fait pour permettre à ces
recherches d’aboutir à un résultat positif.
Est-ce pour cela qu’on peut se permettre toutes les
hypothèses sur le Trésor que recèle le sous-sol de Gisors ? Est-ce que le
fait de savoir que le plan du château correspond à la position du soleil et des
astres dans le ciel le 25 décembre 1090 peut nous aider à trouver la
solution de l’énigme ? Est-ce que de savantes exégèses sur les nombres
relevés tant au château qu’à l’église de Gisors peuvent apporter la clef dont
nous avons besoin pour ouvrir « la porte ouverte au palais fermé du
roi » ? Tout dépend de ce qui sera effectivement découvert plus tard , quand on se décidera à déblayer les ruines du
Temple.
Dans une affaire où les à-peu-près ont parfois valeur de certitudes, ne pourrions-nous pas nous livrer à quelques
jeux de mots ? Le procédé a été couramment utilisé au Moyen Âge, à
l’époque des Templiers, et par des auteurs réputés sérieux. On a cru que, dans
les souterrains du château, gisent ors ; mais on
s’est trompé. Le Trésor du Temple et les archives du Temple, s’ils ont existé
un jour et s’ils existent encore, gisent hors . C’est
peut-être à nous de découvrir en quel endroit de la mémoire ils ont été
enfouis.
IV
LE TEMPLE EST AILLEURS ET PARTOUT
Puisque l’Ordre du Temple a été fondé en Palestine dans le
but avoué de protéger les pèlerins se rendant à Jérusalem, c’est logiquement en
Terre sainte que l’on doit rechercher les établissements templiers. Il y en a,
certes, et qui ont eu une grande importance au moment des Croisades, il y en a
aussi à Chypre qui était à cette époque une base de départ indispensable et un
poste de surveillance du Moyen-Orient. Mais on ne peut que s’étonner devant le
nombre impressionnant de lieux templiers qu’on trouve dans toute l’Europe
occidentale, en Espagne, en Angleterre, en Irlande et surtout en France. Pour
l’Espagne, la présence templière se justifie pleinement par la reconquête de la
péninsule sur les Musulmans : le combat qu’y livraient les Templiers était
en somme le même que celui qu’ils menaient en Palestine. Mais dans les autres
pays ? L’Irlande, pour ce qu’on en sait, n’était guère en danger d’être
assaillie par les « Infidèles ». À moins que ces
« Infidèles » n’aient été autres que des Musulmans. Il y a cependant
un fait indéniable : à partir du milieu du XII e siècle,
une grande partie de l’Europe occidentale était parsemée, pour ne pas dire
criblée, d’établissements templiers, sanctuaires, commanderies, simples maisons
ou « granges », c’est-à-dire « fermes », quelquefois
forteresses, tous bâtiments inséparables de terres dont la superficie ne cessait
de s’accroître. Que faisaient donc les Templiers sur des territoires aussi
éloignés du Moyen-Orient ?
À cette question, les historiens répondent généralement de
façon très nette et très simple : pour assurer
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